Il était le dernier survivant des assassins présumés du chanteur Lounès Matoub. Le terroriste Nacer Medhmoun a été abattu par les forces combinées de l'ANP et des éléments des brigades mobiles de la Police judiciaire de Tizi Ouzou dans la nuit de mardi à mercredi derniers. Suite à des informations obtenues après des investigations, les services de sécurité ont appris que cet islamiste armé fréquentait régulièrement un quartier situé non loin du campus universitaire de Boukhalfa, à 3 km à l'ouest de Tizi Ouzou, pour des raisons qui ne nous ont pas été communiquées. C'est aux environs de 21h que Nacer Medhmoun a pu être repéré et éliminé. Son cadavre a été transporté immédiatement à la morgue du CHU Nédir Mohamed de Tizi Ouzou où l'opération d'identification n'a pas nécessité beaucoup de temps ni d'effort, car le terroriste en question était recherché depuis des années déjà. Cet élément armé est sorti de l'anonymat après l'annonce d'une liste de huit personnes présentées comme étant les assassins présumés de Lounès Matoub, un crime perpétré le 25 juin 1998, à Tala Bounane, sur la route reliant Tizi Ouzou à Ath Douala. Lors d'une entrevue avec un responsable des services de sécurité de la wilaya de Tizi Ouzou, il y a sept mois, ce dernier interrogé sur l'affaire Matoub, a exhibé la photo de Medhmoun et a répondu: «Ce terroriste est le seul survivant du groupe ayant commandité et exécuté Lounès Matoub». Nacer Medhmoun est resté donc en cavale plus de onze ans après l'assassinat de Matoub. Son nom figurait dans les rôles des affaires programmées aux sessions criminelles du tribunal de Tizi Ouzou, en compagnie d'autres accusés, tels Nacer Belaouèche (abattu), Abdelhakim Chenoui (arrêté pour complicité), Malik Medjnoun (arrêté pour complicité)... Le fait que l'un des assassins présumés de Matoub soit abattu ne constitue pas un événement en soi, dès lors que la partie civile dans l'affaire en question, représentée par la mère et la soeur du militant de la cause berbère, récuse dans le fond et dans la forme la thèse qui consiste à imputer le meurtre à ce groupe terroriste. Selon la soeur du Rebelle, «ces assassins présumés ne sont que des boucs émissaires». Pour elle, l'assassinat de son frère n'a pas fait l'objet d'une enquête sérieuse et impartiale qui aurait fait éclater la vérité. Malika Matoub a constaté, à maintes reprises, l'absence d'une reconstitution des faits et d'une étude balistique, seules à même de lever le mystère de l'assassinat de Matoub Lounès, présenté comme étant un crime politique. Il y a 20 jours, Malik Medjnoun, un autre accusé présumé dans la même affaire, avait entamé une grève de la faim à la prison de Tizi Ouzou, revendiquant qu'il soit jugé après un séjour en prison de plus de neuf ans. Une grève de la faim vite rompue vu la complexité de l'affaire. La soeur de Matoub exige le témoignage de cinquante personnes dont des personnalités politiques de haut rang. Une exigence qu'il est peu probable de voir satisfaite par la justice vu que huit mois plus tard, rien de positif ne s'est dessiné. L'élimination du dernier terroriste, présenté comme étant l'un des exécutants du crime du 25 juin 1998, est-il un signe que l'espoir de connaître la vérité sur l'assassinat de Matoub n'est plus permis?