En détention provisoire à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou, Malik Medjnoun revendique « un procès équitable ». Malik Medjnoun, principal accusé dans l'affaire de l'assassinat du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès, a entamé, il y a plus d'une semaine, une grève de la faim, nous a révélé, jeudi, Me Boubaker Aït Habib, avocat du mis en cause : « Malik est à sa cinquième grève de la faim depuis qu'il est en détention provisoire à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Je tiens à vous rappeler qu'il a été arrêté le 29 septembre 1999, et ce, avant d'être présenté, le 2 mai 2000, devant le juge d'instruction près le tribunal de Tizi Ouzou. Il a entamé une grève de la faim le 25 juin dernier, date anniversaire de l'assassinat de Matoub. Il est complètement abattu. Il réclame un procès équitable. » Me Aït Habib ajoute que le procès de l'assassinat du Rebelle n'a pas encore été programmé par la cour de justice de Tizi Ouzou pour des raisons « qu'on n'a pas voulu nous communiquer officiellement ». « Nous sommes pour que toute la lumière soit faite sur l'assassinat de Matoub Lounès. Les zones d'ombre dans le dossier ne doivent pas exister. Depuis juillet 2008 à ce jour, le supplétif d'information n'a pas encore été fait alors que mon client présente toutes les garanties nécessaires pour bénéficier d'une liberté provisoire avant la tenue du procès. Il a un domicile connu et une famille notoirement reconnue dans la région », a-t-il souligné avant de relever qu'« en matière de droit, normalement la détention provisoire ne doit pas être une règle, mais une exception. Or, dans ce dossier, on remarque que c'est la liberté provisoire qui est une exception ». En somme, Malik Medjnoun revendique, à travers son action, l'accélération de la procédure de son procès qui a été, pour rappel, maintes fois renvoyé par le tribunal criminel près la cour de justice de Tizi Ouzou. En juillet 2008, le procès devait se tenir mais il a été reporté. Ce report était motivé par l'absence des témoins comme l'a exigé la partie civile qui a également plaidé pour la réouverture du dossier pour les besoins d'une enquête complémentaire. Me Aït Habib a ajouté que « Malik Medjnoun aurait pu bénéficier des dispositions de la loi sur la réconciliation nationale, mais il a refusé. Il veut laver son honneur. Il ne veut pas que l'improbe soit jeté sur sa famille. Aujourd'hui, le vrai dommage collatéral, c'est son père de 90 ans qui est mourant et sa mère qui a contracté plusieurs maladies chroniques. Ils peuvent mourir sans avoir vu que leur fils n'est pas coupable d'un crime qu'on a voulu lui attribuer. Je tiens à ajouter que Malik Medjnoun a eu cinq bacs depuis qu'il est en détention provisoire à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou ». Notons aussi que Abdelhakim Chenoui est actuellement coaccusé, avec Malik Medjnoun, dans l'affaire de l'assassinat de Matoub. Par ailleurs, pour rappel, Malika Matoub avait déclaré juste avant le report du report du procès de son frère en 2008, que « depuis 1998, la procédure pénale avec laquelle est gérée le dossier était totalement bafouée ». Selon elle, l'investigation préliminaire n'a pas été effectuée. Elle avait estimé qu'il n'y a pas eu d'enquête préliminaire qui a déterminé que Madjnoun et Chenoui étaient les auteurs ou les commanditaires de l'assassinat du Rebelle. Toutefois, elle avait précisé qu'un conseiller de l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, lui avait parlé de huit auteurs de l'assassinat de Matoub sans pour autant citer les noms de Madjnoun et Chenoui.