Si j'ai appris une chose en fréquentant LQA, c'est bien celle-ci : il y a, dans tous les courants idéologiques et politiques qui traversent la société algérienne, des hommes et des femmes sincères, qui aiment leur peuple et leur pays, intelligents, cultivés, doués d'esprit critique. Quand je lis, par exemple, certains commentaires enflammés contre le FIS et les islamistes, je ne peux m'empêcher de penser à Maître Simozrag, homme sincère, profondément humain et d'une grande culture. Il défend le FIS et sa vision de la politique avec des arguments qui font appel à la raison et non en se basant sur une conception messianique de l'histoire. Ou encore Mohamed Jabara, qui ne ménage jamais ses efforts pour convaincre par le dialogue franc et sincère et non par l'invective. Ils n'ont assurément rien à voir avec l'image de ces «émirs» islamistes barbus, habillés à l'afghane, agitant une kalachnikov et vociférant contre les mécréants de tout bord qui oseraient se mettre en travers de leur chemin. Les anti-berbéristes qui ne voient dans les partisans de tamazight que des agents au service de l'ex-colonisateur, dont le but inavoué est de diviser l'Algérie pour mieux la dominer, lisent-ils les écrits de Radjef Saïd, Ammi Saïd, Bouyillès et Zéhira Houfani-Berfas, authentiques Kabyles profondément attachés à la langue et aux traditions de leurs ancêtres sans rien renier des autres composantes de notre identité? Djamel-Eddine Benchenouf et Zineb Azzouz, dont les analyses pertinentes et fouillées nous enrichissent et nous éclairent, n'appartiennent-ils pas à ce courant moderniste authentiquement démocrate profondément imprégné de valeurs humanistes universelles? Salah-Eddine Sidhoum, cet infatigable militant de terrain pour les droits de l'homme, admirateur de Ben Khedda et Ferhat Abbas, homme courageux s'il en fut, dont la vaste culture n'a d'égale que la rigueur dans la démarche critique vis-à-vis du système politique mis en place en 62, serait-il l'«intégriste» à abattre que certains nous montrent du doigt? Abdelkader Dehbi et Brahim Younessi, dont la fibre patriotique et l'attachement aux valeurs du nationalisme qui ont permis la libération du pays les amènent souvent à défendre respectivement la mémoire de Boumédiène et de Ben Bella, apportent eux aussi leurs points de vue particuliers dans une langue raffinée et un exposé tout empreint de rigueur cartésienne. Je n'oublierai pas notre frère Liès Asfour, qui, malgré les attaques dont il est parfois l'objet, revient toujours avec des paroles qui appellent au pardon et à la réconciliation, tout en nous éclairant par ses vastes connaissances historiques. Je ne finirai pas sans saluer le courage et la probité intellectuelle du colonel Samraoui, dont la qualité d'ex-officier du DRS fait un témoin privilégié et crédible de la tragédie des années 90. Je ne parlerai pas de notre admirable professeur Lahouari Addi , dont la notoriété est bien établie, car je veux parler des gens ordinaires. Tous ces hommes et ces femmes, que je n'ai cités que pour l'exemple – et je m'excuse auprès de tous les autres qui font chaque jour de LQA la tribune des Algériennes et des Algériens libres qui refusent d'abdiquer face à l'incompétence, la médiocrité et l'arbitraire – sont en effet, pour la plupart, d'illustres inconnus dont l'homme de la rue n'a peut-être jamais entendu parler. Ces inconnus nous donnent assurément de l'espoir. Ils démontrent à tous ceux qui ne voient pas d'issue à l'impasse dans laquelle se trouve notre pays et qui ont peur de voir l'Algérie sombrer dans le chaos ou être de nouveau la victime d'une dictature théocratique plus féroce que celle que nous connaissons, que l'Algérie regorge d'esprits talentueux, sincères et amoureux de leur pays, prêts à construire une nation prospère et forte, malgré leurs différences d'opinion. Ces hommes et ces femmes que le pouvoir en place étouffe et empêche de s'exprimer et d'agir librement au sein de la société, leur préférant ceux qui prônent l'extrémisme et qui se vouent une haine féroce, car c'est de cette haine qu'il tire sa force, se parlent et dialoguent à travers ce merveilleux support qu'est l'internet. Ils finiront par se reconnaître mutuellement comme Algériens authentiques et dignes successeurs de Massinissa, Jugurtha, Abdelkader, El Mokrani, Fadhma N'soumeur, Ben Badis, Ben M'hidi, Abane, Ferhat Abbas et tant d'autres illustres résistants qui ont œuvré sans relâche pour libérer notre terre et forger un avenir meilleur pour notre peuple. L'histoire finira par balayer tous ceux qui ne veulent pas accepter de reconnaître leur échec et qui refusent de croire qu'il y a dans notre pays des homme et des femmes intelligents et dévoués à leur peuple, prêts à relever le défi pour faire de l'Algérie un pays où règne la justice et où tous les citoyens œuvrent dans la même direction, oubliant définitivement l'exclusion et la haine, le mépris et l'arbitraire, pour peu que le système politique soit basé sur la transparence et que la justice protège les simples citoyens contre l'arbitraire des puissants. L'heure des justes viendra. Nous devons y croire et œuvrer sans relâche à les rassembler et à faire tomber les œillères qui les empêchent de se voir les uns les autres et de se reconnaître.