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Pour une société algérienne reconciliée avec elle-même
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 03 - 09 - 2010

Un des obstacles majeurs sur la voie de l'unification des rangs de l'opposition face au pouvoir en place est sans conteste l'existence en son sein de deux pôles qui se repoussent, l'un se réclamant de l'islam et l'autre de la modernité (ou de la démocratie de type occidental) – appelés aussi courant islamiste et courant moderniste.
Après octobre 88, et encore plus après le coup d'Etat de janvier 92, ces deux courants en étaient venus à s'excommunier mutuellement, au nom de l'islam ou de la démocratie. L'un des deux devait disparaître de la scène politique, afin de permettre à l'autre de façonner l'Algérie selon le modèle qu'il estimait aller dans le sens de la restauration complète de la personnalité du peuple algérien détruite par le colonialisme, pour le premier, ou dans le sens de l'histoire, pour le second.
Après dix-huit ans vécus sous l'état d'urgence, dont sept marqués par une violence paroxystique qui a emporté 200 000 personnes dont la plupart ne demandaient qu'à vivre en paix dans leur pays, où en est la confrontation entre ces deux pôles, qui se refusaient à envisager toute idée de cohabitation? Les positions des uns et des autres sont-elles aussi tranchées aujourd'hui? Les nombreuses prises de bec entre les intervenants sur LQA qui défendent les thèses «islamistes» ou «modernistes» tendraient à montrer que c'est effectivement le cas. Il y a, fort heureusement, un groupe – dont je fais partie – qui rame à contre-courant et qui essaie de jeter des ponts entre les deux et de squatter le no man's land qui s'est créé entre eux au fil des ans.
L'ombre des morts et des disparus, victimes de la tragédie des années 90, tous les crimes horribles, en particulier les assassinats d'intellectuels appartenant au courant moderniste et les massacres à grande échelle des populations de Bentalha, Raîs, Sidi-Youcef, etc., considérées comme sympathisantes du FIS, plane toujours sur le pays. Il est clair que tant que les commanditaires de ces crimes d'une ampleur et d'une gravité sans précédent dans notre pays n'auront pas été identifiés de manière irréfutable, le doute continuera à planer et les deux camps continueront à s'accuser mutuellement. Les révélations d'anciens officiers dissidents du DRS ont permis d'étayer une hypothèse qui a existé depuis le début de la tragédie : la police politique algérienne, agissant dans une totale illégalité, aurait manipulé des groupes islamistes armés et planifié les assassinats de certains intellectuels ainsi que les massacres de villageois.
La société ne pourra tourner définitivement la page des années noires que lorsque ces commanditaires, ainsi que les exécutants, auront été identifiés et jugés. Le pouvoir en place refuse malheureusement de travailler dans ce sens, préférant une «réconciliation» sans vérité, ni justice, sous prétexte que le peuple algérien a besoin d'oublier ces actes horribles pour retrouver la sérénité.
Est-il donc irréaliste et prématuré d'envisager une alliance entre modernistes et islamistes contre le pouvoir en place?
A. Dourari, défenseur du projet moderniste et adversaire résolu du projet islamiste, écrivait dans un article publié en novembre 1995 (Société, langues, idéologies : les intellectuels algériens meurent-ils de francophonie? A propos de « Ces intellectuels qu'on assassine« de L. Addi, paru dans la revue Esprit de janvier 95) :
« […] Il existe vraiment une utopie islamiste en Algérie, au sens rétrogressif propre à toutes les sectes et les groupements volontaires utopiques dont la finalité est le retour forcé et violent à un passé mythique ou archétypal. […] Mais il existe aussi en Algérie […] une utopie progressive valorisant le changement social dont l'horizon serait une société ouverte et démocratique prônée par la mouvance démocratique organisée en partis politiques ou sous forme d'associations de la société civile.
Ces deux utopies sont nées de l'accumulation et de l'interaction des transformations sociales, économiques et culturelles de la société algérienne depuis au moins l'indépendance (la colonisation a eu elle aussi son influence dans ce processus). Celle-ci, d'une société segmentaire et archaïque qu'elle était à cette époque, dépourvue d'un Etat central, est arrivée aujourd'hui à un point ultime de rupture : opérer un retour nostalgique vers le passé ou s'engager franchement dans le champ de la modernité politique, sociale et culturelle. Deux forces sociales et politiques antagonistes (l'une islamo-conservatrice qui fait de la réhabilitation du FIS et de son projet de société théocratique sa raison d'être; et l'autre démocratique et moderniste exigeant l'interdiction des partis islamistes et du projet de société anti-démocratique d'un côté , et le dépassement par la rupture, du système en vigueur en Algérie depuis l'indépendance, d'un autre côté) expriment aujourd'hui dans la société algérienne ces deux grandes orientations et mènent, chacune à sa manière, son combat pour mettre en œuvre son utopie.»
N'étant ni sociologue, ni politologue, ni même un intellectuel, je ne peux me lancer dans une critique scientifique de la thèse développée dans l'article cité ci-dessus. Il me semble, cependant, que les deux utopies dont parle l'auteur peuvent se rencontrer quelque part sur le terrain de la culture arabo-islamique classique et celui de l'histoire multimillénaire de notre région, et qu'une nouvelle utopie qui tienne des deux premières peut être élaborée. Il ne faut pas être un savant pour comprendre intuitivement et en observant la réalité quotidienne que le peuple algérien veut la démocratie, le progrès social et l'ouverture sur le monde moderne et qu'il veut aussi avec la même force la restauration de sa personnalité et de sa matrice culturelle «déformées» par 132 ans de colonisation. Cette matrice culturelle, définie dès l'indépendance par l'Etat FLN comme arabe et islamique, s'est vu, et ce sous l'effet de luttes et revendications qui durent depuis au moins 30 ans, adjoindre l'amazighité. Le triptyque islamité, amazighité, arabité est accepté aujourd'hui par la plupart des intellectuels algériens, qu'ils soient islamistes ou modernistes. C'est un énorme progrès.
Le dépassement des deux antagonismes qui bloquent la société algérienne faisant du pouvoir en place, malgré sa faillite consommée sur tous les plans, le seul bénéficiaire, est possible. La contradiction ne peut être cependant résolue que dans une nouvelle synthèse des deux termes contradictoires. C'est dans ce sens que nous devons travailler afin de hâter l'avènement d'une société algérienne réconciliée avec elle-même, ne rejetant aucune des composantes de sa personnalité et résolument tournée vers l'avenir.
La question fondamentale à laquelle nous devons apporter une réponse est la suivante : comment faire pour amener le courant islamiste et le courant moderniste à accepter la cohabitation pacifique et l'alternance au pouvoir dans un futur Etat de droit authentiquement démocratique? Car c'est de l'acceptation de cette cohabitation que découlera l'alliance entre les deux pour faire sauter le verrou qui bloque l'évolution du système politique algérien, à savoir le pouvoir en place dont le centre est le DRS. A quelles conditions cette cohabitation pacifique est-elles possible? Une compétition entre les deux projets basée uniquement sur des procédés légaux reconnus et acceptés par tous et excluant tout recours à la violence et à la contrainte est-elle possible?
C'est dans cette cohabitation et dans le processus de confrontation dans le domaine des idées ainsi que dans le militantisme de terrain et dans la pratique de la gouvernance et de la gestion de la cité que s'élaborera la synthèse que nous recherchons. Le peuple algérien pourra alors trier le bon grain de l'ivraie et rejeter définitivement ce qui ne marche pas et tend à faire plus de mal que de bien à la société, qu'il soit dans le projet moderniste ou dans le projet islamiste.


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