Drame de l'émigration clandestine Mutinerie et chavirage mortel au large de Mostaganem El Watan, 3 octobre 2010 L'émigration clandestine vers l'Espagne vient de connaître un nouveau et terrible drame, à moins de 2 miles marins des côtes mostaganémoises. Bilan de cette terrible nuit de vendredi à samedi : le naufrage a coûté la vie à 5 jeunes clandestins. C'est vendredi dernier, peu avant minuit, qu'une première embarcation, avec à son bord 21 passagers, quitte la plage Sonaghter, sur le rive gauche du Cheliff, non loin de l'unité de dessalement, à 15 km à l'est de Mostaganem. Selon le recoupement de plusieurs témoignages, il semblerait que des intrus à l'opération se seraient embarqués de force sur cette barque d'à peine 4,90 m. Ces passagers de dernière minute ne s'étant pas acquittés de leurs droits auraient forcé le groupe de 16 migrants à les prendre à bord, portant la charge à un niveau insupportable pour une si petite barque en polyester qui manifestement ne pouvait aller bien loin. C'est pourquoi à moins de 2 miles marins, avec une légère houle de nord-est, la barque s'est mise à tanguer dangereusement. Nos témoins ajoutent qu'à ce moment-là, ayant pris conscience du danger, une partie de l'équipée se serait tout simplement mutinée, ce qui aurait incité l'un des passagers à recourir à l'usage d'une arme blanche, probablement une épée artisanale, afin de délester la barque de son surpoids. Un témoin nous dira qu'à bord d'une des embarcations, il aurait été fait usage d'une épée pour forcer les jeunes clandestins à quitter le bord au risque d'y laisser leur vie. La bagarre qui éclate alors en mer entraîne le chavirage de l'embarcation. La suite, on la connaît : sur les 21 passagers, seuls 16 parviendront à se maintenir en vie jusqu'à l'arrivée de deux sardiniers qui pêchaient dans les parages. Sur les lieux du drame, ils parviendront à sauver les rescapés qui savaient nager ou qui portaient des gilets de sauvetage. Les 5 autres clandestins ont été avalés par la mer. Une fois sur place, les patrons des deux sardiniers ont alerté les gardes-côtes qui croisaient dans le coin depuis 48 heures. C'est le navire des garde-côtes qui, en se rendant sur le lieu du drame, parviendra à intercepter une seconde embarcation avec à son bord 14 clandestins qui venait à son tour de quitter la plage de Sonaghter vers les côtes espagnoles. Portant le nombre de clandestins ayant embarqué cette nuit-là à 35, dont 5 portés disparus. Alertées bien avant le lever du jour, les familles se sont ruées vers l'entrée du port afin d'avoir des nouvelles de leurs enfants. C'est là qu'elles ont été informées du drame survenu à 5 jeunes Mostaganémois qui tentaient une aventure qui leur a été fatale. Ont-ils été blessés dans la bagarre ou bien sont-ils morts par noyade ? Seule l'enquête judiciaire et l'autopsie des cadavres, lorsque la mer les rejettera, sont susceptibles de déterminer les circonstances dramatiques ayant entraîné le naufrage. 19 autres harraga interceptés Dans le quartier du plateau de la Marine, c'est le soulagement qui l'emporte : les 16 migrants qui en sont originaires, embarqués sur la même barque, sont sains et saufs. Ce qui n'est pas le cas des quartiers de Chemmouma, Tigditt et El Arsa, dont les enfants ont été emportés par les flots. Deuil et consternation sont visibles partout à travers la ville, où personne ne comprend plus rien à ce drame qui perdure. Alors que la ville est encore sous le choc des disparitions de la veille, l'on apprend, de sources sécuritaires, que 19 autres candidats à l'émigration ont été capturés dans la nuit de vendredi à samedi dans trois endroits différents : la police de Mostaganem a intercepté une camionnette suspecte avec à son bord un groupe de 5 migrants qui se dirigeait vers une plage avec un moteur hors-bord ; un autre groupe parfaitement équipé pour la traversée, composé de 7 personnes, a été neutralisé vers 22h au niveau de l'embouchure de l'oued Cheliff par les éléments de la garde communale ; enfin, un dernier groupe de 7 personnes a été interpellé à bord d'une camionnette, au village Kheireddine. Ces interpellations portent le nombre total de harraga à 54 en une seule nuit.