Dr Kameleddine FEKHAR Ecrivain et militant pour la démocratie Et militant pour la défense des droits de l'homme J'avais pensé rédiger une lettre ouverte au leader Aït Ahmed, après consultation des membres de la fédération de Ghardaïa, comme ultime étape avant la prise d'une importante décision dans notre parcours militant. Car notre conviction intime est que le militantisme c'est croire d'abord puis agir volontairement avec les moyens adaptés pour atteindre un but défini et précis. Notre militantisme s'orientait et depuis le début vers l'amélioration de la situation du citoyen algérien, dans le cadre d'une vie honorable dans son pays. Tout comme il tendait vers le droit de tous à l'égalité des chances et à profiter des richesses de son pays. La seule garantie d'accéder à ces droits est d'ancrer les véritables règles démocratiques, d'assurer le respect effectif des droits de l'homme, de tous les droits de l'homme, toutes les libertés et de diffuser la culture de la tolérance et du respect d'autrui dans sa différence. Et ces nobles objectifs ne peuvent être atteints sans travail sérieux et permanent sur le terrain en vue d'un changement radical du régime déliquescent en place. Et parmi les moyens de réalisation de ces nobles objectifs, figure le militantisme au sein de partis politiques démocratiques, d'organisations des droits de l'homme indépendantes et des organes d'information. Et c'est pour cette raison et seulement pour cela que j'ai adhéré et milité avec force au sein du Front des Forces Socialistes depuis 1998, puissant parti d'opposition au régime, connu pour ses principes constants, son discours franc et sa ligne politique claire, sans aucune ambigüité, sous la direction du Moudjahed et de la personnalité historique qu'est Hocine Aït Ahmed. Tout comme j'ai adhéré à la ligue de défense des droits de l'Homme, ligue autonome sous la direction du militant, Me Abdenour Ali Yahia puis de Me Mostefa Bouchachi actuellement. Après des années de formation et de dur militantisme, s'est ancrée en moi la culture de la contestation et de la réclamation des droits. Grâce à cet honorable activisme permanent sur le terrain, les militants de la wilaya de Ghardaïa se retrouvèrent dans l'œil du cyclone. Ils ont fait alors l'objet d'intimidations, de poursuites policières et judiciaires, de condamnations sévères et de détention. C'est ainsi que la simple adhésion au FFS devenait un motif d'accusation. Les meilleurs exemples en furent le dossier judiciaire de Mohamed Babanadjar et le dossier du militant Kacem Bouhdiba. Les autorités locales n'hésitaient pas à activer leurs larbins au sein de la société pour porter atteinte à la réputation des militants à l'aide de nombreuses accusations : laïcs, communistes, l'introduction d'étrangers dans notre communauté (entendre par là les kabyles) qui seraient contre nos valeurs traditionnelles, etc. ... Cela n'a nullement affaibli la volonté des militants de la fédération de Ghardaïa de poursuivre leur lutte sous la bannière du FFS. Plus que cela, cela n'a fait en réalité que renforcer leur détermination et leur conviction qu'ils étaient sur la bonne voie (tant que ce régime pourri qui ne veut nullement du bien aux Algériens, continuait à les combattre farouchement). Et les éclatantes prises de position solidaires de la direction du parti, de ses cadres et de ses militants des quatre coins du pays avait un effet retentissant dans le renforcement de la confiance en soi et de cette foi en l'approche certaine du but et qui est cet éveil et cette renaissance nationale globale en vue d'un changement du régime et le recouvrement par le citoyen de sa dignité, de ses droits et de ses libertés et ce, sous l'étendard du FFS. Mais malheureusement, au niveau national et depuis environ trois ans, plus particulièrement après les dernières élections locales, sont apparues à la surface, de nouvelles données. En effet, le FFS a commencé à perdre sa place prépondérante sur l'échiquier politique national et n'a pratiquement plus d'activité marquante sur le terrain. On remarquera l'absence totale d'initiative du FFS pour essayer de trouver des solutions aux problèmes quotidiens des citoyens et aux crises graves que vit le pays et qui risquent de le mener au bord de l'explosion. Sa seule réaction – et qui est devenue pratiquement le programme du parti – se résume à l'invective et à l'insulte du régime dans les meetings et les conférences de presse. Le Parti a vu un départ massif de ses cadres, tout comme a augmenté le nombre de dissidents du fait de la voie totalitaire suivie par son 1er secrétaire. Et c'est ainsi que rumeurs et accusations graves enflèrent à son égard : transformation du parti en propriété privée, sa récupération par le régime pour détruire le parti de l'intérieur, le blocage des fédérations de Boumerdés, de Tizi-Ouzou et d'Alger, limitant le parti à un rôle folklorique national, en tant que représentant de l'opposition radicale !? Lors d'une rencontre amicale avec le 1er secrétaire, il y a 9 mois environ, autour de l'avenir de l'action partisane, il a discouru sur l'organisation interne, la restructuration et l'importance de l'évaluation et plus particulièrement de la préparation des échéances électorales de 2012. Lorsque je lui ai posé l'évidente question sur les stratégies du parti en vue du changement du système en place et l'amélioration de l'état du citoyen opprimé, il me répondit par un silence absolu en déviant la discussion vers d'autres sujets. J'ai ainsi compris que tout cela ne figurait pas dans les priorités ni dans l'agenda du parti. !? Du fait de la préoccupation des militants de la fédération de Ghardaïa et de ses cadres dans la préparation et dans leur présence à des dizaines de procès préfabriqués en quantité industrielle contre eux et vu aussi leur plongée dans la lutte quotidienne en étant à côté des citoyens opprimés et à l'écoute de leurs plaintes quelles soient individuelles ou collectives, tout comme des causes justes quelque soient les défis, ces militants n'avaient pas accordé l'importance voulue à ces nouveaux changements à l'intérieur du parti au niveau national et n'ont su que tardivement que Mr Tabou avait décidé ou a été chargé par certains cercles du pouvoir (ce qui est la thèse la plus plausible) de détruire la fédération de Ghardaïa et ce, après tant d'impatience du pouvoir face à la détermination des militants dans la mise à nu et la dénonciation de ses pratiques et dépassements dans certains dossiers lourds et sensibles où il est impliqué, comme c'est le cas du dossier où est accusé de meurtre le jeune Mohamed Babanadjar, le cas de l'implication des services de sécurité dans des comportements racistes lors des événements de Berriane, les détournements de fonds et des aides adressées aux victimes des inondations de 2008. Tout comme la détermination des militants de la fédération à défendre et à préserver l'identité spécifique des habitants de la région que combat le pouvoir depuis très longtemps. Et tout cela a été confirmé par les comportements pervers, machiavéliques, policiers et staliniens suivants du 1er secrétaire : – Il n'a pas réagit durant les moments cruciaux qu'a vécu la localité de Berriane, situation qui a abouti à l'anéantissement de la section du parti, après l'assassinat de son président, Omar Kerrouchi, l'emprisonnement de la majorité de ses militants actifs après qu'ils soient accusés iniquement, d'incitation à la violence, d'attroupement, etc...... Tout comme le siège de la section du parti a fait l'objet de destruction. Tout cela s'est déroulé alors que le 1er secrétaire était tenu au courant de l'évolution des événements et des drames soit directement par téléphone, soit à travers des communiqués que je rédigeais personnellement et dont une copie était adressée systématiquement au siège national du parti par la voie de son adresse électronique (E-mail). Mais hélas, nous n'avons entendu parler ni d'une éventuelle commission d'enquête et de suivi des événements de Berriane (événements qui ont duré une année et demi), ni d'une commission de solidarité avec les familles des militants surpris et irrités par le comportement d'un haut responsable du parti qu'ils n'ont pu trouver à leur côtés durant les moments difficiles, même pas par un communiqué de soutien ou de dénonciation de l'injustice des autorités , plus particulièrement après les comportements racistes honteux des services de sécurité, comportements qui ont pu être visionnés par le monde entier à travers des séquences filmées et diffusées par les chaines satellitaires. – Dernièrement, le secrétaire attendait l'occasion adéquate pour déstabiliser la fédération de Ghardaïa. Suite à la demande du responsable fédéral de traduire deux élus locaux devant la commission nationale de médiation et de règlement des litiges et ce en raison de leur déviation de la ligne politique du parti et de leurs accointances avec des représentants des autorités locales, pour servir leurs intérêts personnels et au lieu de prendre les mesures disciplinaires appropriées, le 1er secrétaire saisit l'occasion pour créer un pôle dissident constitué de ces deux élus. La commission envoyée à Ghardaïa par le 1er secrétaire –commission qu'il prétendait avoir été désignée par Mr Hocine Aït Ahmed – n'avait pour but que d'attirer des dissidents qui vouaient une haine aux militants de la fédération !! Il est à noter que j'avais personnellement envoyé un rapport détaillé au Président du parti en date du 13 août 2010 par la voie du président de la commission d'éthique, Mr Mohand Amokrane Cherifi (mais je ne sais à ce jour si le rapport est parvenu ou non à Mr Aït Ahmed). – Il ne s'est, à aucun moment, solidarisé avec ses militants suite à l'agression sauvage de la part d'une bande de délinquants avec la complicité des services de sécurité, en date du 19 août 2010 alors que ces militants défendaient dignement et courageusement le siège de leur parti. Ces mêmes services de sécurité qui ne sont intervenus qu'une demi-heure après l'agression et qui n'ont pu arrêter un seul des agresseurs à ce jour. Ils ont même refusé d'enregistrer notre plainte, prétextant avoir reçu une correspondance du 1er secrétaire du FFS leur signifiant la dissolution de la fédération du FFS de Ghardaïa !? En parfaite harmonie avec la position des services de sécurité, Mr Karim Tabou et à la surprise de tous, ne s'est jamais inquiété de l'état de santé de ses militants blessés au cours de cette agression sauvage et à ce jour, et bien au contraire, il fera plus que ce qu'ont fait les services de sécurité et la justice dans leurs procès bâclés et staliniens, en les accusant et les méprisant. Il collera à ses militants des accusations graves et imaginaires pour salir leur réputation et retourner l'opinion publique contre eux (agression d'une mosquée, appel à l'autonomie). Et cela fait partie du chapelet d'accusations qu'ont utilisé ses maîtres du régime, dans les années 80 contre les militants du Printemps berbère pour justifier la répression. Il poursuivra avec abnégation sa sale mission en se proclamant juge et bourreau et en condamnant ses militants par contumace et en l'absence de leurs défenseurs. Il appliquera ses décisions sans possibilité d'aucun droit de recours !! La trahison est dure et de goût amer et elle est plus dure et plus amère quand elle provient d'un responsable !! En regard de tous ces faits et considérant que l'activité partisane n'est qu'un moyen parmi tant d'autres pour militer et qu'elle n'est aucunement une fin en soi, Convaincus que le FFS actuel n'est plus le parti démocratique d'antan qui nous a inculqué l'ABC de la politique saine et qu'il est devenu malheureusement la propriété privée de Mr Tabou et de sa clique qu'il dirige en chef absolu, Après avoir acquis la certitude que le 1er secrétaire n'œuvre pas pour l'instauration de la démocratie, le respect des droits de l'Homme et à l'amélioration des conditions du citoyen algérien, et qu'au contraire il devient un danger pour tous ces objectifs sus-cités et pour tous les militants sincères du parti, Après l'étude approfondie des différentes réactions – suite à la diffusion de la lettre ouverte à Mr Aït Ahmed – de la part des militants, des sympathisants, des cadres du parti et plus particulièrement de ses responsables, Et après de larges consultations et de profondes et longues discussions, j'ai décidé personnellement, en tant que militant du parti, membre du Conseil de l'Ethique et membre du Conseil national ainsi que tous les membres de la fédération de Ghardaïa siégeant au sein du Conseil national, l'ensemble des élus et membres de la fédération et l'ensemble des militants de la fédération du FFS de Ghardaïa, de nous retirer collectivement du Front des Forces Socialistes( version Tabou) et de poursuivre notre lutte politique sur le terrain avec tous les hommes et toutes les femmes sincères de notre patrie, de manière pacifique et avec les moyens appropriés afin d'atteindre le but de ce combat qu'est le changement radical et pacifique du régime illégitime et l'édification d'un Etat de Droit pour permettre à tous les Algériens de vivre dans la stabilité, la dignité et la prospérité. Pour les militants de la Fédération FFS de Ghardaïa : Dr Kameleddine FEKHAR =======================================================