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Aïn El Hammam : Après le procès, la misère continue
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 08 - 10 - 2010


le 08.10.10
Chômage, insécurité et pauvreté… Tout est réuni pour faire du bastion de la revendication berbère, Aïn El Hammam, une terre de désillusions. En dépit de la relaxe des deux non-jeûneurs mardi dernier, la population affiche un sentiment d'exclusion accentué par la démission des pouvoirs publics.
«La mobilisation des citoyens est devenue coutume en Kabylie. On doit se défendre et se solidariser pour réclamer nos droits fondamentaux, sinon, l'Etat nous ‘bouffera'.» Parmi les centaines de personnes rassemblées à la sortie du tribunal de Aïn El Hammam, ex-Michelet, sous les regards alertes des services de sécurité, Kaci, un jeune homme, crie son ras-le-bol. Mardi 5 octobre, 10h. Le verdict de l'affaire des non-jeûneurs tombe. Les deux mis en cause, Hocine Hocini et Salem Fellak, âgés respectivement de 44 et 34 ans, sont relaxés. Les deux ouvriers journaliers étaient poursuivis pour atteinte et offense à l'un des préceptes de l'Islam pour avoir été pris en «flagrant délit», par des policiers, en train de boire et manger au deuxième jour du Ramadhan, sur un chantier.
Après ce dénouement «clément», les militants des droits de l'homme, de la cause amazigh, les anciens militants du Mouvement culturel berbère, des représentants du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, de SOS Libertés, des députés et autres citoyens qui ont observé un sit-in à l'extérieur du tribunal, en guise de soutien aux«dé»jeûneurs, ne se dispersent pas. La foule demeure encore quelques minutes sur place comme pour réclamer une autre justice, un droit autre que celui de la liberté de conscience, de plus en plus bafoué.
Théâtre en ruine
Avides de crier leur désarroi, des jeunes et moins jeunes profitent de la présence des journalistes sur place pour lever le voile sur un théâtre en ruine nommé Aïn El Hammam. Cette commune, située à 45 km du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, Alma n'Syla, comme préfèrent l'appeler les nostalgiques, Michelet, ou Aïn El Hammam, compte 20 401 habitants, à travers ses 21 villages. En plus de la situation géographique montagneuse de la région au relief accidenté et au climat rigoureux, ne favorisant guère l'activité agricole, encore moins l'implantation de grands projets industriels, le facteur humain vient cruellement délabrer cette région kabyle. Le constat est unanime : «Un plan de ‘‘contre-développement” a été ficelé afin de museler la population de Tizi Ouzou connue pour son esprit rebelle.»
Et ce n'est pas le sénateur Mohamed Ikherbane qui le niera : «L'Etat algérien empêche la réalisation des projets en Kabylie, particulièrement à Tizi Ouzou qui n'a ni des ressources internes ni des rentrées fiscales. Ce qui nous amène à solliciter des financements extra-nationaux, à l'instar du projet du PNUD destiné à la protection de l'environnement au niveau de la wilaya et qui fait l'objet d'un blocage politique.» Entre une activité économique sous perfusion et une bureaucratie impitoyable, la commune de Aïn El Hammam s'est vu désertée de ses industriels l'un après l'autre, entraînant un taux de chômage qui touche surtout les jeunes. Samir, 29 ans, chômeur, vêtu d'un survêtement noir et blanc, tire vigoureusement sur sa cigarette avant de lancer : «Je ne travaille pas depuis des années. Pourtant, j'ai fait des pieds et des mains pour trouver avec quoi passer mes journées, en vain. Il suffit de faire un tour au siège de l'APC de Aïn El Hammam pour constater l'anarchie qui y règne. Il faut faire la queue à partir de 6h30 pour retirer un simple documnt», déplore-t-il.
«le pouvoir veut nous abrutir»
Et de se confier : «La jeunesse de notre région a sombré dans la drogue, la prostitution et la débauche. Mais qui est fautif ? Croyez-moi, je connais des policiers qui font introduire la drogue dans la région et la revendent aux jeunes. C'est le pouvoir qui veut nous abrutir !» Rapt, délinquance et insécurité sur la vie et les biens des citoyens pèsent lourdement quotidiennement. Hocine Azem, vice-président du Congrès mondial amazigh, de son côté, incombe cette «clochardisation» de la région de Tizi Ouzou à la volonté de l'Etat algérien : «La vie est devenue insupportable à cause des faux barrages et des ‘'vrais'' barrages qui rendent la circulation difficile. Les services de sécurité, au lieu d'intervenir lorsqu'un kidnapping est signalé, préfèrent guetter les non-jeûneurs et se soucier des futilités ! C'est grâce à la mobilisation des citoyens organisée par des structures traditionnelles, telles que les comités de village, que certaines victimes ont été libérées», dénonce-t-il.
C'est alors qu'une solidarité est née entre les habitants de la région kabyle, comme le confirme Hachim Mohand Ouamar, président du conseil national du MAK : «Si le procès des non-jeûneurs avait eu lieu dans une autre région, le verdict n'aurait pas été le même. La justice l'a emporté grâce à la mobilisation des citoyens.»
Glissement de terrain
Par ailleurs, les enfants ne sont pas, non plus, épargnés par la négligence dont est victime la commune de Aïn El Hammam. Ils sont contraints de parcourir une dizaine de kilomètres à pied, traversant des ruelles périlleuses, faute de bus scolaire. D'autre part, le glissement de terrain affectant la zone urbaine située sur le boulevard Amirouche continue de détériorer le décor de Aïn El Hammam, et de menacer les bâtisses dont une partie a été évacuée. Selon le président de l'APC, Mouloud Ben Meziane, reconnaît que «la ville a été laissée à l'abandon depuis 1962 et ceci est dû aux précédentes gestions de la commune.
Des projets ‘'urgents'' tels que l'aménagement du square, le goudronnage des routes, la démolition des baisses touchées par le glissement de terrain seront bientôt livrés. Mais ceci n'est pas la fin du calvaire des habitants de Aïn El Hammam, puisque les familles occupant les habitations à démolir ne trouvent toujours pas où se reloger, et les propriétaires des locaux de commerce concernés n'ont pas encore été indemnisés», avoue-t-il. En dépit des promesses, les citoyens affirment que même les responsables locaux (P/APC, wali…) n'ont pas la capacité de relancer le développement de la région, «puisqu'ils doivent obéir aux décideurs», comme le révèle le président du conseil national du MAK. Sur les marches du tribunal, Kaci a applaudi le verdict, comme tous les autres manifestants. Avant de repartir vers son quotidien, sans plus d'espoir pour ses lendemains.
Lamia Tagzout


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