Mohamed Bouazizi, le jeune vendeur de fruits et légumes qui avait tenté de s'immoler le 17 décembre à Sidi Bouzid, ville du centre ouest de la Tunisie, est mort de ses blessures mardi 4 janvier à 19 heures, selon sa famille. Agé de 26 ans, ce diplômé chômeur s'était aspergé d'essence devant la préfecture après s'être fait confisquer sa marchandise par la police municipale parce qu'il n'avait pas les autorisations nécessaires. Son geste de désespoir est à l'origine d'une vague de manifestations sans précédent dans tout le pays. Des défilés et des rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes, y compris la capitale, Tunis. Lundi, des nouveaux heurts ont opposé des lycéens et la police à Thala, une ville située à l'est de la Tunisie. QUATRE MORTS Le 28 décembre, le président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali s'était rendu au chevet de Mohamed Bouazizi, transféré au centre de traumatologie et de grands brûlés de Ben Arous, près de Tunis, avant de recevoir la famille. Ce nouveau décès porte à quatre le nombre de personnes qui ont trouvé la mort au cours de ces troubles. Le 22 décembre, toujours à Sidi Bouzid, un autre jeune chômeur Houcine Néji, 24 ans, s'était donné la mort en escaladant un pylône électrique, tandis que le même jour, un jeune diplômé, Mohammed Ammari, 18 ans, était tué par balles lors de graves affrontements avec la police dans la ville de Menzel Bouzaïane. Enfin, Chawki Hidri, 43 ans, ingénieur en informatique, qui participait à la même manifestation et qui avait été blessé par balles, est mort le 31 décembre des suites de ses blessures. Mercredi 5 janvier, Mohamed Bouazizi devrait être enterré à Sidi Bouzid. Demain jeudi, plusieurs manifestations de soutien au mouvement tunisien étaient prévues en Europe, au Canada, et en Algérie, avant l'annonce de son décès. A Paris, à l'appel de plusieurs organisations et partis de gauche, un rassemblement est organisé place de la Fontaine des Innocents. Isabelle Mandraud – Le Monde – 05 01 2011