Monsieur le Président, Je vous écris publiquement pour solliciter votre départ immédiat et organisé, meilleure issue pour l'Algérie et pour votre personne. Votre obsession de vouloir entrer dans l'histoire n'est un secret pour personne. Malheureusement, vous n'avez rien fait d'autre jusque-là que de mériter d'être expulsé. Une chance se présente à vous pourtant aujourd'hui. Saisissez-la, c'est la dernière. De toute façon, si vous ne la chevauchez pas, elle vous piétinera et fera de vous un rebut de l'histoire. Vous avez tellement voulu vous faire un nom que pour répondre à la misère qui gagne la population, vous n'avez rien trouvé de mieux que de faire construire la mosquée la plus grande et la plus chère du continent, juste pour pouvoir y accoler votre nom. Il y a mieux. Partez de vous-même. Je sais que comme tous les dictateurs de la région, vous ne pouvez que vous refuser à cette idée jusqu'à votre dernier souffle. Mais ayez la lucidité de constater que vous ne pouvez faire autrement. Votre sort est scellé. Il est fatalement le même que ceux de Ben Ali et Moubarak. Ayez le courage de le devancer. Ben Ali a fait 23 ans de pouvoir, Moubarak 30 ans, mais vous, il y a bientôt 50 ans que vous cumulez les postes sensibles au sommet de l'Etat, violant la Constitution pour rester président depuis 12 ans. Vous avez gouverné autant qu'Obama a vécu depuis sa naissance. Cela ne vous suffit-il pas ? Comme eux, vous avez instauré une oligarchie familiale, développé la corruption à un niveau inégalé, enrichi vos proches et voulu faire de votre frère votre successeur héréditaire. Vous avez étouffé toute expression libre, appauvri et réprimé la population, utilisé le terrorisme pour instaurer une chape de plomb, poussé les jeunes à préférer mourir noyés en mer ou plutôt vivre en Israël pendant que vous discourez sur la Palestine. Vous nous avez fait honte jusque-là par votre mégalomanie aussi grande que vos actions étaient de petites et ridicules gesticulations, y compris vis-à-vis de l'ancienne puissance coloniale pour laquelle vous avez la fascination de celui qui n'est pas reconnu. N'y ajoutez pas une fuite humiliante. Je sais que vous nous avez méprisés en menaçant régulièrement de vous en aller. Faites semblant de croire que vous mettez votre menace à exécution, mais ne nous infligez pas l'humiliation supplémentaire d'une fuite honteuse. PS : Au risque d'égratigner votre ego surdimensionné, vous ne pesez pas si lourd: c'est dans des fourgons militaires que vous avez été ramené et fabriqué président; le système qui vous a fait vous prépare déjà votre (vos) remplaçant(s). C'est aux «faiseurs de roi de l'ombre» que s'adresse ce post-scriptum : vous ne nous la jouerez pas encore une fois, c'est tout le système qui doit partir. C'est lui qui est nuisible. Bouteflika était un enfant à qui on a donné le sort de l'Algérie comme jouet. Bensaad Ali. Maître de conférences à l'université de Provence Enseignant-chercheur àl'IREMAM-CNRS Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman Chercheur en délégation CJB-CNRS (Centre Jacques Berque de recherches en sciences humaines et sociales) Lectures: