A 18 ans 1972 je me suis engagé dans l'armée à l'école de l'aéronautique de blida. Engagé pour 7ans, après ces années l'armée n'a pas voulu me relâcher. J'ai du contre mon gré faire 4 ans de plus ça m'a rendu malade et du être hospitalisé à Oran à l'hôpital psychiatrique militaire pendant 3 mois. Sorti en 1983, je me suis installé à mon propre compte comme réparateur de télévision. J'avais pour seul ami Hamidi Mustapha qui est devenu Frère musulman, sans être porté sur la religion je sympathisais avec ce mouvement ; en pensant que c'était une alternative pour en sortir le pays de la corruption et l'injustice. La corruption et l'injustice je les ai vécus pendant 11 années, au point d'avoir perdu tout espoir. En octobre 1988 il y a eu d'horribles massacres d'enfants ne pouvant supporter cette situation je suis parti en Australie ou j'ai poursuivi des études et fait d'autres rencontres. Cette expérience m'a aidée à me changer par rapport à mes engagements antérieurs. Je retourne en Algérie plein d'espoir sachant qu'il y a eu un changement « démocratie » J'ai ouvert un magasin dans un immeuble appartenant à mon ami Hamidi Mustapha qui était devenu un membre du FIS. Ce dernier fut dénoncé par Sameur Aek qui n'a pas cité le nom de Hamidi mais juste l'immeuble, quand le DRS est venu perquisitionner, il n'y avait que mon apprenti ne sachant pas de quel patron il s'agissait de l'immeuble ou du magasin il a donné mon nom après lui avoir mis un sac sur la tête et maltraité, il les conduit à mon domicile. Ayant appris que je suis recherché, je passe une nuit chez une tante. Sachant le sort réservé aux gens dans mon cas qui systématiquement prennent le maquis (innocents ou coupables) Et ne sachant pas de quel motif je suis recherché, étant persuadé de mon innocence je décide de me rendre, plutôt que devenir terroriste ! Le 2 février 1993 de bonne heure je téléphone à la police en leur disant que je suis xxxxxx Mohamed et que je me rends. 30 minutes plus tard j'y étais. « On t'a envoyé ? On t'a envoyé ? » Criaient des policiers qui craignaient que je sois un commando suicide. J'ai été fouillé comme l'exige la procédure pour voir si je n'étais pas armé. Les policiers devinrent soudainement courageux, on me fit entrer dans un bureau, le chef me lança « tu t'es rendu normalement on doit te respecter » Il m'invita à prendre un siège et me dit « raconte » ; Je réplique que je n'ai rien fais, il sort une photo du tiroir, il s'agissait d'une photo de moi en noir et blanc. « Tu vois la barbiche ? » Avec étonnement je réplique « vous ne me connaissez pas ? » Il se tut, un autre me lança « tu as cru au discours du président ? » Il faisait allusion au discours du président Abdeslam Belaid. Quand soudain se ruait vers moi une bande de policiers cagoulés que l'on appelait alors les ninjas (les forces spéciales chargées de lutte antiterroriste), ils me trimballent dans une pièce, on m'allonge sur un banc on me passe les menottes, les mains sous le banc, et là a commencé la torture on me coupe la respiration avec un chiffon et on fait couler l'eau ; plus j'étouffais plus la fréquence de mes mains tapant sous le banc augmentaient jusqu'au moment ou j'allai rendre l'âme ils s'arrêtent et me crièrent « qu est ce que tu as fais ? » « Je les ai tous tués, je les ai tous tués » « Qui as-tu tué ? » « Tous, je les ai tués tous » et la torture repris avec une intensité sans nom coups de poings puis coups de pieds au visage etc… Alors que je ne cessais de répétais que je les avais tous tués. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivais, je me suis jeter dans la gueule du loup et le premier jour du ramadan ! Les coups n'arrêtaient pas on me brûlait l'entrejambe avec du papier journal, les moqueries toute la journée, quant ils se sont aperçus qu'ils n'avaient pas à faire à un terroriste ils commencèrent à me parler à la deuxième personne du féminin. « Toi tu tue s ? » On me jette dans le coffre d'une 504 familiale, bien sur mes beaux vêtements ont disparus, et j'étais pieds nus. Direction la caserne de la Sécurité Militaire (Le DRS). Et là on me banda les yeux. Les menottes me faisaient atrocement mal, je gémissais ne sachant pas si j'étais seul j'implorais pour qu'on me desserre les menottes s'étaient des coups que je recevais en réponse. La nuit venue on me trimballa dans une autre pièce en plus du bandeau on me met un sac sur la tête avec un noud autour du cou. Les coups commencèrent, je me rappel juste avoir essayé de cracher mes dents je n'y arrivais pas le sac collait sur mon visage. Je perds connaissance on jeta de l'eau sur moi pour me réanimer, cette scène a durée une éternité. Je me rappel avoir eus envie d'uriner quelqu'un m'a conduit comme un aveugle, l'envie était si forte a lorsque je n'arrivais pas à faire sortir une goutte. Apres se fut l'interrogatoire. « On a trouvé du TNT caché dans les toilettes ». Je réponds que ce n'était pas du TNT mais du perchlorure de fer, encore un mauvais quart d'heure -c'est du perchlorure de fer pour faire des circuits imprimés. « Ou l'as tu eus ? » « Je l'ai amené du Maroc » « Avec qui étais- tu au Maroc ? » « Avec Hamidi Mustapha et Guemmour Djilali » « Guemmour ? Oh! Bon dieu « blasphème » « Il ne t'a pas cité » Guemmour qui était copain de Hamidi est soupçonné par tout le monde d'être un indicateur du DRS. Je viens d'avoir la confirmation. Une heure plus tard on amena Guemmour, à la question : « Pourquoi n'as- tu pas cité le nom de xxxxxx? » Il répond qu'il ne faisait pas parti du FIS et que ce n'est qu'a la dernière minute que Hamidi l'a invité à nous accompagner pour acheter des produits pour l'électronique. « On a trouvé une bombe artisanale cachée dans les lentilles et les pois chiches dans la cuisine. » « Je n'ai jamais vu de bombe artisanale ni chez moi ni ailleurs » « Tu te moques de nous ? « On a trouvé une bombe chez toi » coups et torture ne cessa pas un instant pour me soulager, je répondais par l'affirmative pour pouvoir survivre à cette terrible épreuve. On ne me la jamais montré, je ne savais même pas de quoi il s'agissait. «Nous savons que pendant ton séjour au Maroc tu as eu un entretient avec le roi Hassan II, de quoi avez vous parlés ? » «Je n'ai jamais rencontré le roi » Sous les coups et insultes qui pleuvaient, je répondis qu'il m'était plus facile de rencontrer Bush ou Mitterrand. «C'était à propos d'armes que vous deviez faire entrer en Algérie » : On utilisa alors l électricité, du 220v dans la main gauche. «Tu vois ici on n'est pas équipé de moyens adéquats pour la torture » me lança un des tortionnaires. « Tu fumes» ? «Non» « Tu bois de l'alcool ?» « Oui » «Es- tu musulman ? » « Non » et là des coups. « Tu pense que nous ne le sommes pas ? » « Adhèrent au FIS ? » « Non. » « Sympathisant ? » « Non. » « Juif ? » « Non » « Sur ? » Je ne réponds pas. « Nationalité ? » « Algérienne. » « Sure ? » Je ne réponds pas. On n'arrête pas de me dire qu'ils ne m'on pas prit ma camera (signe d'honnêteté) On me remit 3 millions de centimes algériens, 200FF et 30 mille centimes Marocains. On me fait signer un papier, je compris alors que c'était tout ce qui me restait de mon argent (soit sur 80 millions de centimes et 150 000 mille FF) Pourtant je me suis rendu à la police sans argent. Ils leur étaient plus faciles de m'inculper pour collecte de fond pour le FIS mais cela ne les auraient pas arrangés bien sur! Abderahman, Benouali, Guemmour, Sadouki et moi furent transférés à Blida par avion militaire. A l'arrivée yeux bandés debout contre le mur je fus assailli par une bande de soldats qui devait être certainement des appelés les coups de crosses arrivaient sur moi de partout alors que j'entends « le bon dieu t'a donné un cerveau pour penser alors que toi tu éclates ceux de tes frères »ces paroles me faisaient encore plus mal que les coups qui continuèrent jusqu'à évanouissement. A Alger il n'y avait pas de places et il paraît que c'était pire. Chez Benbouali on a trouvé une carte de visite d'un lieutenant de la sécurité militaire (Le DRS), ce dernier fut arrêter et transféré à Alger. Pendant que nous étions en cellules à Blida, on a mis un prisonnier avec Benouali ; Quelques jours plus tard je partageais la cellule avec Benouali. Cellule conçue pour une seule personne on se relayait pour dormir. Alors Benouali me raconta l'histoire du bonhomme qu'on avait mis avec lui dans la cellule. L'homme n'a pas prononcé un seul mot, au déjeuné, il a sauté sur les artichauts en les avalant sans les épluchés, il mourait de faim, lui qui était méfiant peu à peu se confiait à Benouali et ce dernier faisait de même, il lui raconta l'horreur de ce que subissaient les détenus à Alger après avoir été présenté au parquet il nia tous les faits, alors il s'est retrouvé avec nous. A la suite de ça nous avions pris peur, et nous commencions à imaginer des scénarios pour que nous serions acceptés en prison « en s'auto accusant » Notre souhait était qu'ils nous mettent en prison et que cesse la torture Ici à Blida c'était généralement pendant les heures de travail quand on entendait les pas au couloire et le bruit du loquet on se met debout face au mur, quand la porte s'ouvre, on recule vers la porte, on nous met un bandeau sur les yeux direction « torture » Je fus pendant plusieurs jours attaché à un sommier métallique, tout nu, pieds et mains liés roué de coups aux bon plaisirs des tortionnaires, et pour que ça fasse encore plus mal on jetait de l'eau froide sur moi, au mois de février il faisait froid à Blida. Un jour le gardien me souffle à basse voix « Ne craints rien on a analysé les produits c'est rien et adieu demain c'est la quille » je le remercie et lui souhaite bonne chance. Ce ne fut qu'après un mois passé, comme d'habitude on me guide vers le lieu de torture que le commandant s'exclame : c'est un truand il ne fait même pas la prière il ne fait même pas la prière ! Ce à quoi je répondis que je n'étais pas un truand. « Et la bombe qu'on a trouvée chez ton bon dieu ! » « Blasphème » « Je n'ai jamais vu de bombe ! » « Montrez-la-lui. » Quelques secondes plus tard je sentais un objet très léger dans mes mains tout en tremblant et pleurnichant : « Je n'ai jamais vu de bombes ! » m'écriais-je d'une vois désespéré « Monte-lui le bandeau » ! Cria le commandant. Avec stupéfaction je cri « Mais c'est à moi ça ! Mais ça ce n'est pas une bombe ! » Poursuivais-je. « C'est quoi alors ? » « C'est un insecticide. » « En arabe ? » « Contre les moustiques. » « Contre les moustiques Hein! Nous sommes des moustiques ? » E là je fus bombardé de coups, quand ils s'arrêtèrent, le commandant s'écria. « Tu peux l'allumer ? » Inconsciemment je réponds. « Oui si elle est comme elle l'était à l'origine. » « Tu es sure que ce n'est pas une bombe artisanale ? » Je repris confiance et je dis : « Comment voulez-vous que se soit une bombe artisanale ? Alors que même nos usines ne sont pas capables de telles finitions. » Ce qui est d'ailleurs vrai, c'était une cannette du genre recharge à briquet avec une mèche au milieu, et une inscription en plusieurs langues acheté chez un magasin spécialisé dans la dératisation c'est le patron du magasin qui a mis du produit contre les cafards dans ma maison et à mi-chemin du retour je lui dis: « mais on n'a pas fait de produit dans la cave. » Il me répondit que ce n'était pas grave, arrivés dans son magasin il me tendit la « bombe » contre un supplément de 80 dinars me conseille de tout fermer et d'allumer la mèche. De retour chez moi je la dépose sur l'étagère de la cuisine et l'oublie complètement. Je fus reconduit à ma cellule. Et le soir même quand la porte s'ouvrit, voulant me mettre face au mur, j'entends reste à ta place ! Le militaire avec un registre à la main me demande de détourner la tête puis il a dit quelques mots à quoi je réponds xxxxxx Mohamed; « J'ai dis comment tu vas ? Je ne t'ai pas demandé ton nom!» « Je vais bien » Répondis-je. C'est la première fois qu'on me parle gentiment. « Comment as-tu appelé cette bouteille ? » -« IN-SECT-TI-CIDE » -En arabe, en arabe. – Elle dégage une fumée qui tue tout ce qui est minuscule en voulant éviter « contre les moustiques » – Elle doit avoir un nom en arabe ? Contre les moustiques. Quelques mots gentils puis il est sorti. J'ai été très content, je pensais vraiment qu'on allait me libérer ! Quelques jours plus tard on nous a emmenés dans une caserne ou on est resté une semaine libérés de nos bandeaux, le commandant de base nous a fait un peu de morale en nous conseillant de se tenir tranquille, et il ne nous seraient fait aucun mal. On a passé une semaine tranquille dans une cellule aérée qui donne sur une petite cour et la sentinelle au loin braquant son fusil vers nous certainement que des consignes ont été données. Auparavant Guemmour fut relâché, il a été traité convenablement. Il fut retenu par les autorités uniquement pour protéger son statut d'indicateur. Durant notre séjour a Blida, Guemmour me dit que le chef d'état major est venu spécialement pour toi. Je rétorquai à Guemmour : « Et la douche alors ? » « Pour qu'il ne sente pas ta puanteur! » De retour à la DRS de Blida, on nous à mis tous les cinq dans une grande cellule, on ‘était gentil avec moi, d'ailleurs j'ai même eu droit à un café. Des excuses m'ont été présentées, tout en remettant mon argent encore une fois diminué de son montant initial. Le lendemain nous nous retrouvons à TLELAT, dans une autre caserne du DRS. C'était pire qu'a BLIDA. On nous a endossé des treillis pleins de poux, quand je dis par centaine je n'exagère pas. On ne cessait de se gratter le corps dans un noir complet. Nous passions notre temps à lutter contre ces poux en les écrasant contre le mur. Pour manger j'essayai de me nettoyer comme je pouvais avec les moyens du bord (une feuille de laitue etc.) Gare à celui qui demander d'aller aux toilettes. Depuis la sortie et même dans les toilettes il était roué de coups. Nous étions la proie des militaires qui s'entraînaient sur nos corps amorphes et nous insultaient sans le moindre scrupule. Toutes ces tortures étaient d'un sadisme morbide et pratiqué sans le moindre interrogatoire un mois durant jour après jour. Ici à Tlelat nous étions sans bandeaux ce qui sous-entendait que nous n'allions pas sortir vivants, vu la monstruosité et l'atrocité infligés à d'autres détenus et c'est nous qui nettoyons les véhicules de leur sang sur lesquelles des assassinats ont été probablement commis Dés que l'ont me remit ma somme d'argent encore diminué de son montant de départ et après avoir signé un document, je compris qu'ils allaient nous mener vers une nouvelle destination. Cette fois ci nous nous retrouvions dans une salle bondée de monde en attendant de passer devant le procureur et un juge d'instruction. Quand ce fut notre tour et que je voulus prendre la parole, le représentant du DRS a ouvert un dossier et sortit une photo montrant ce fameux produit dans le but d'aggraver mon cas. Je répète mot à mot ce qui était écrit sur la photo (l'analyse du produit) « acide chlorhydrique ; agent corrosif et non explosif » Malgré ces paroles je fus placé sous mandat de dépôt. Après que tout le monde fut entendu nous allions franchir la porte de la prison non sans joie. C'était pour nous une sorte de délivrance nous allions devenir des prisonniers qui seraient traités dans le respect et la dignité. Que de peine perdue car après avoir franchi la porte de la prison, une équipe d'anciens maquisards nous attendaient, c'étaient des spécialistes et des professionnels de la torture l'ayant pratiqué activement au cours du conflit de la guerre d'indépendance. Leur chef criait « TALA EL FOUG » ce qui signifie montez les la haut. Nous interprétions ces propos comme ; montez les au four. Nous étions une vingtaine mises à nu, roué de coups avec du fil de fer ou je ne sais quel objet. Le comble de l'horreur était les relations sexuelles forcées qu'ils nous obligeaient à avoir entres détenus. Ils nous obligeaient à enfoncer notre nez dans le derrière des détenus, à pratiquer des fellations, à nous sodomiser. Nous étions mis comme des animaux et dans des conditions indignes dans un noir complet à 4 dans des cellules de trois mètres carrés. Nous dormions sur des matelas d'une puanteur sans nom en mousse pourri par les mites et je ne sais quel insecte. En guise de toilettes nous avions un trou ou nous faisions nos besoins. Après quelques jours nos excréments envahissaient de plus en plus un espace réduit ; une montagne de merde et de pisse. Nous prime la décision de réduire notre alimentation afin d'éviter ces excréments et maintenir un semblant de dignité dans cet enfer sans nom. Je fus constipé pendant 13 jours le jour ou j'ai pu me délivrer non sans peine avec un mal atroce tout en sang et sans le droit d'avoir une visite chez le médecin. La puanteur était telle que les gardiens n'osaient s'approcher de nos cellules. Après trente cinq jours nous étions dirigés vers des cellules éclairées ou ils nous maintenaient 24 H sur 24. Enfin nous eûmes droit à notre premier parloir, puis une promenade de dix minutes dans les couloirs. Auparavant les fouilles étaient systématiques, soudainement elles avaient disparus. Le mot évasion commençait à circuler, ce n'était un secret pour personne, une date était fixée (vendredi 16 juillet) J'ai trouvé cela étrange car militaire je connaissais parfaitement la région et MERS EL KEBIR (lieu de notre emprisonnement) était une ville moyenne mais sécurisée de par la forte présence militaire. Il y avait beaucoup de casernes et une forte densité de militaire c'est dire qu'envisager une évasion était de l'ordre du fantasme. Le jour dit (vendredi 16 juillet) j'ai eu un comportement normal et vaquait à mes occupations comme d'habitude (je lavai le seul et unique pantalon en ma possession) Je réagissais ainsi pour ne pas participer à ce simulacre d'évasion pensé et organisé d'avance. Effectivement quelques instants plus tard une émeute éclata durant laquelle les prisonniers s'échappèrent, les portes s'ouvrant. Les prisonniers ont pris le contrôle de la prison. Je refusai de m'échapper pour ne pas me retrouver dans le maquis et conforter les accusations qu'on avait à mon encontre. Je restai dans la cellule (fermée) en compagnie de mes codétenus, nous avions refusé qu'ils nous ouvrent la porte. Battus jusqu'a épuisement et dans une atrocité sans nom, ils nous ont fait payer notre refus de s'être évadé. Les gardiens, le médecin muni d'un gourdin, les prisonniers de droit commun avec chaînes, bâtons, barres de fer, nous rouèrent de coups. Beaucoup ne survécurent aux blessures infligées, le sang giclait de partout, nos corps étaient bleuis, des organes arrachés, c'est comme si nous venions pour les survivants de s'être sorti d'un attentat à la bombe. Nous restions privés de nourriture sept jours avec au matin un bol de café salé que nous devions boire sous la contrainte et de force. A midi nous devions ingurgiter du sel avec de la soupe qui n'a que le nom, même régime le soir. Tous les gardiens en entrant dans notre cellule nous mettaient contre le mur afin de porter des coups de fouets. Suite à cet incident nous avons été regroupés (les détenus qui ne s'étaient pas échappés), dans une salle. Nous étions environ 70 personnes sans le moindre habit, complètement nus, ils nous faisaient subir les pires des humiliations : ils nous touchaient le sexe pour voir si nous étions circoncis, ils procédaient à des attouchements, nous insultaient de sale juif, de « gaouri » La chaleur était étouffante, nous n'avions rien à boire, l'eau avait était coupé afin de nous assoiffer d'avantage et réduire nos existences à celles de bestiaux Ils nous sortaient dans la cour principale pour boire dans une poubelle qui dégageait une odeur nauséabonde. Nous n'avions d'autre choix que de nous soumettre à la cruauté de nos tortionnaires. Sans le moindre respect des procédures, nous étions conduits devant un juge. Après désistement du juge, ils nous ont transférés dans une prison civile d'ORAN. Enfin une prison ou nous serions traité humainement pensions-nous. Je sortais d'un enfer et je me réjouissais d'intégrer une prison ou la seule contrainte serait la privation de la liberté et non la torture comme j'avais pu la vivre 9 mois durant. J'ai été jugé et condamné à un an de prison (sans connaître le chef d'inculpation exact) mais c'était une satisfaction comparait à ce que je venais de vivre. Il me reste un mois de prison à purger(les trois mois de prison de la sécurité militaire « Le DRS » n'étant pas comptabilisés) et à ma sortie j'étais encore recherché J'ai vécu sept années de galère, sept années passés entre le marteau et l'enclume, j'étais considéré par les uns comme un traître et par les autres comme un vulgaire terroriste. Je vivais la peur au ventre ne sachant que faire. Je veux être lavé de tout soupçon et que mon honneur et que vérité soit faite sur un épisode qui restera à jamais marqué dans mon esprit. Je demande réparation des dommages subie, je ne demande pas pardon mais que justice soit faite. Que ce gouvernement reconnaisse ces torts et que je puisse faire valoir mes droits. Je refuse la concorde civile dans la mesure ou je n'ai jamais de prés ou de loin participé à une entreprise terroriste, j'ai été jugé de façon expéditive sans que la moindre procédure légale ne soit respectée. En complément je vous signale que le premier avocat que j'avais payé ne s'est jamais présenté, le second quant à lui a été emprisonné pour les mêmes raisons que moi. Durant ces 7 dernières années c'est à dire après ma libération j'ai été enfermé dans des prisons passant des nuits à même le sol sur du ciment. On m'a retiré mes papiers deux années. Même recherché on ne voulait pas de moi et pour réponse il m'était dit par la sécurité militaire (Le DRS): « c'est nous qui déciderons de ton sort, rejoins le maquis » Sur le bulletin de recherche est écrit : « Ex militaire recherché pour terrorisme à livrer à la gendarmerie. Je décidai de fuir en direction de la Tunisie (ma demande de visa pour la France tardait) et je fus arrêté à la frontière en septembre 2001. J'ai été remis à la gendarmerie puisque recherché pour « activités terroristes » Je fus remis en liberté et garder l'espoir de sortir du territoire algérien. J'ai appris par un cousin qui reçut un appel téléphonique d'un commissaire de police de BOUKADIR que je pouvais quitter le territoire le temps de m'éloigner (c'était une main levée temporaire de l'avis de recherche négocié grâce à un pot de vin) « Se n'était pas le seul » Il restait 25 jours de validité au visa que j'avais sollicité, j'utilisais ce temps et cette « grâce » pour organiser mon départ et celui de ma famille (ma femme et mes deux enfants en bas age) Je suis arrivé en France le xx xx 2001. Je fus bref et circoncis essayant d'être le plus précis possible, je reste à votre disposition pour toutes informations complémentaires. J'ai essayé d'être objectif de raconter mots après mots cette tragique page de ma vie. J'ai mal; Mon Pays m'a fait mal! PS: A Blida, c'est au sein du CTRI 1ere RM que nous étions détenus. Lectures: