In Radio Kalima. Algérie Vendredi 25 février 2011 La contestation à travers tout le pays se développe. Partout, dans les villes et villages, les algériens protestent, ferment des routes, occupent des APC, des Dairas, manifestent leurs mécontentement, les grèves se multiplient dans divers secteur, les chômeurs s'organisent et réclament un travail et de la dignité. Face à ce climat, qu'il faut bien qualifier de « pré-insurrectionnel » le régime algérien, comme à son habitude, louvoie, promet travail et logement, annonce des milliards de dollars de distribution de la richesse nationale. Ces mesures adoptées dans le désordre et la précipitation, sans réflexion ni stratégie, sont de toute évidence vouées à l'échec. Elles n'ont pas été décidées pour régler des problèmes structurels, non solutionnées depuis 10 ans, mais seulement pour tenter d'apaiser la colère et accréditer l'idée que la revendication n'est que sociale. Cela n'empêche pas cependant, les états-majors, politiques et militaires, d'ouvrir des pistes qui mèneraient à une transition démocratique. Ainsi, les initiatives, les négociations en coulisses se multiplient également. Incapables d'accepter l'idée de laisser au peuple le choix de prendre en main son destin, les dirigeants algériens ressortent les vieilles recettes. Des scénarios sont élaborés, certains publiques et d'autres secrets. On reparle de Hamrouche, de Mehri même d'aller ressortir Liamine Zeroual de sa paisible retraite. Comme si de rien n'était, revoilà toujours les mêmes, ceux qui ont mené le pays au bord de l'explosion, qui se mettent aujourd'hui à vouloir lui concocter la démocratie, la leur, bien entendu. Pourtant la levée de l'état d'urgence devrait signifier la fin des ces pratiques. Elle signifie également que les services de renseignements n'ont plus à s'ingérer dans la vie politique, syndicale, médiatique et associative, que cela se fasse pour le compte du chef de l'état ou pour leur propre compte. Cette mission est anticonstitutionnelle puisque la constitution reconnaît au citoyen algérien le droit de participer à la vie publique de son pays, en toute liberté, et sans surveillance. Ce retrait des services de renseignements de la vie publique ainsi que l'ouverture réelle des champs politique et surtout médiatique changera presque mécaniquement, en tous cas naturellement, l'offre politique et le personnel politique. Elle permettra aux citoyens d'avoir accès à de nouveaux discours, à de nouvelles têtes. Elle permettra à la jeunesse de s'impliquer, de participer à la construction du pays et de se projeter dans son avenir. C'est cette liberté qui fera émerger rapidement, du plus profond de la société algérienne, des nouveaux leaders syndicaux, politiques, universitaires, hommes et femmes de culture: une nouvelle génération qui prendra en main le destin de l'Algérie. C'est cela la démocratie, simplement cela. Elle n'a besoin ni de plan, ni d'homme providentiel, seulement de liberté. Alors, gardez donc vos scénarios et vos plans et laissez les algériens vivre librement dans leur propre pays, ils se chargeront du reste. Yahia Bounouar Lectures: