Si pour certains esprits éclairés en science politique, M. Bouteflika inaugure la voie d'une nouvelle république, telle qu'exprimée par une frange d'analystes de la presse nationale qui apparemment semble faire dans le sens péjoratif ou pire encore dans la direction des vents, une république ne saurait naitre, ni se construire sous l'effet d'un simple discours conjoncturel. Toute république est l'émanation d'une révolution et l'œuvre incontestée d'un peuple épris de profonds changements. L'histoire universelle a déjà livré ses substrats matriciels présidant à l'édification d'une nation, d'un Etat ou d'une république, pour s'en tenir aux principes de la liberté, de l'équité, de la légalité et de la propriété collective. Pour notre cas, les choses ne semblent nullement s'appuyer sur une idéologie clairvoyante. Il s'agit juste de contenir une grogne en gestation incontrôlable. Une gestion de crise qui traduit en fait l'expression d'un matérialisme dialectique loin de pouvoir se recentrer dans l'humanisme propre à notre religion, l'Islam. Du coup nous sommes en total inadéquation avec notre futur immédiat et même lointain. Se ne sont pas des réformes de formes qui étancheront la soif de ce peuple martyr victime d'un despotisme historique. Il s'agit plutôt d'une terre arable qu'il faudrait défricher pour donner une meilleure semence. Qui sème le vent ne récoltera que la tempête ! Dans sa substance le discours du président de la république, s'il a l'opportunité de venir à un moment particulier caractérisant la crainte d'une révolution de l'olivier, à défaut de jasmin, sous l'effet dévastateur d'un grand élan du monde arabe au signe d'une démocratie sponsorisée par l'occident, il n'en demeure pas moins qu'il ne semble nullement apporter de nouvelles perspectives et encore moins l'assurance d'un avenir solidement meilleur pour contenir cette tension en ascension. Tout en lui ravisant la vedette, il a été d'ailleurs devancé à dessein ou par inadvertance sur pratiquement l'ensemble des points évoqués à travers les propos de ses proches collaborateurs à diverses occasions. Ce qui réduit en faite de sa consistance et décontenance les attentes populaires. M.Belkhadem, avant-gardiste en la matière, a depuis un bon bout temps annoncé l'idée d'une révision de la constitution, le type du régime souhaité pour sa formation, la loi électorale susceptible de remodeler le mode de scrutin pour éliminer le crétinisme ambiant qui caractérise l'électorat algérien dont son parti est faussement majoritaire, ainsi que le moule dans lequel devrait s'incruster les futurs prétendants. Quant aux accessoires secondaires, ces mesures d'accompagnements démocratisant, la libération de la presse, la décentralisation en sursis, les entités départementales, l'avenir des associations, la société civile et bien d'autres pierres taillées pour la circonstance à apporter à l'édification de cette nation, passeront comme lettres à la poste au temple de l'inertie parlementaire. Le maintien d'une assemblée nationale et le refus d'une constituante réclamée par quelques formations politiques n'est donc pas à l'ordre du jour, ni même discutable. Ce qui ne réconforte nullement leur attitude à épouser les propositions présidentielles. Il est donc légitime de s'interroger, dés lors, et de l'avis de tous un peuple, comment peut-on confier à un parlement défaillant, décrié outre mesure, qui a fait montre d'incapacité à représenter ses électeurs, désavoué même par son propre président, de se pencher sur l'avenir d'une nation en crise, en lui conférant le rôle de débattre et de remodeler une nouvelle constitution. Comme si les précédentes ont servi à rajeunir cette nation ou libérer les énergies en jachères ou en déperditions constantes. Elles n'ont servi ni comme écluses pour reprendre l'expression de notre feu Bachir Boumaza, pour mettre à niveau la relation pouvoir citoyen, ni atténuer les hémorragies permanentes, Hargua, immigration clandestine, exilés du savoir, du ventre ou pour un havre de paix. Au-delà du calendrier réclamé par certains partis politiques, la non-assistance à personne en danger ne peut faire l'objet d'un timing aiguillé par des échéances. Le peuple souffre et réclame justice. Ses représentants sont loin de répondre à ses sollicitations et encore moins les autorités dites « compétentes ». Les algériens, dignes d'un tel qualificatif, ont déjà payé le prix aux maints sacrifices. Ce qui ne les décourage pas à renoncer ni à en donner davantage pour leur honneur. C'est le peuple du second souffle ! A qui profite donc ce discours ? Au-delà du fait de douter des bonnes intentions du président, nous sommes tenté de rejoindre l'avis, à tort ou à raison, de ceux qui ne perçoivent dans cette démarche qu'un bouclier sécuritaire aux formations majoritaires du moment et leur pérennité dans la médiocrité ambiante. Cette coalition de la honte qui avait froid au dos, sujette à des remous internes, et qui n'a fait depuis sa naissance prématurée qu'entrainer le pays dans ses paradoxes au point de s'entrecroiser au fleuret. Toute dynastie quelque soit sa taille est vouée à la chute. La constitution, les partis politiques et la démonopolisation du pouvoir S'il s'agit de reprendre les même et de recommencer, cela n'ira sans nulle doute que vers une nouvelle impasse si ce n'est le précipice. Les algériens attendent plus que des réformes dans le fond et dans la forme. Le président s'est déclaré dés son investiture être l'homme de la réconciliation et des réformes. C'est se désavouer en annonçant des réformes aux réformes déjà engagées. Le peuple souhaite la concrétisation des revendications maintes fois exprimées à travers ses multiples soubresauts et réactions. Se serait une erreur monumentale de confier uniquement aux partis politiques l'élaboration de la révision constitutionnelle, ou l'administrer. Ce bien populaire ne saurait être livré à une assemblée décriée par tous faisant montre d'incapacité à le représenter. Les partis politiques ne sont que le réceptacle de cette ressource inféconde. Toutes tendances confondues, ils n'ont jamais été à la hauteur de leurs missions. Ils s'évertuent d'être à l'avant-garde des préoccupations citoyennes, alors qu'ils se débinent et fonds non seulement dans la sourde oreille, mais enfuissent leurs têtes comme de autruches pour laisser passer la tempête. Faute d'avoir cette capacité d'indignation à défendre la vérité quelque soit son origine, ils passent la majeure partie de leur temps à épuiser des discours inféconds qui ne ronronnent plus dans les oreilles des concitoyens. Et encore moins dans celles de cette formidable ressource juvénile. Et pour preuve, les multiples dégâts occasionnés au sein même « du temple de la honte » sont légion. On peut mettre à leurs actifs, autant d'infractions aux principes de représentativité que d'exploits. Les grandes affaires qui ont défrayé la chronique n'ont reçu aucune attention de leur part. L'affaire Khalifa, le scandale sonatrach et ses filiales, le médicament, les camouflets de l'autoroute est-ouest, la corruption à outrance, le gré à gré porte ouverte aux passe-droits, les grandes manifestations culturelles infécondes, l'affaire de la GCA occultée et la liste des scandales enterrés par intérêts pourrait être encore plus longue. Sans en occulter les textes de loi qui allaient compromettre l'avenir de toute une nation et passés en sourdine si ce n'est la vigilance et la clairvoyance d'observateurs avertis pour les dissoudre. La loi sur les hydrocarbures, celle du fonciers et bien d'autres dossiers qui avaient échappé à l'opinion publique. L'immaturité des députés, les siens y compris, dont fait allusion le Secrétaire général du PFLN, qui s'autoproclamant sociologue des masses, pour se pencher beaucoup plus vers le choix d'un régime présidentiel que parlementaire, ne trouve sa réponse que dans l'exercice politique dont il est l'un des ouvriers. Depuis l'indépendance le parti unique est en permanence campé sur l'esprit d'hégémonie hérité en apparence d'un droit d'ainesse sur la révolution. C'est ce qui semble lui conférer encore le droit d'observer le futur immédiat de cette nation à sa manière. Cependant, ce qui lui échappe, c'est qu'une fois les lois relatives à la commune révisées, aux élections législatives purifiées et aux partis politiques légalisées, le tout évoluant dans un contexte d'équipé et d'égalité des chances, interdire à l'administration d'être parti prenante dans le cours des scrutins populaires, la nouvelle génération dont je suis fière d'appartenir est capable de révéler le défi que ce SG n'a plus la mesure de percevoir même les contours. Il serait temps de tirer ses révérences si on dispose d'un peu de dignité. Nul n'a le droit de s'accaparer son temps et celui des autres, se dresser par dessus toutes attentes populaires en berger et réclamer encore le droit de perdurer. Auront-ils assez de poigne et d'honnêteté pour proposer une limite d'âge aux candidatures à la présidence de la république. Au-delà de la soixantaine, le préposé devrait faire sa révérence. Et là, il serait nécessaire de tirer un enseignement et un référent de l'expérience de notre prophète Mohammed (QSSSL). Dieu a voulu qu'il accomplisse sa mission de diffuser la religion de la vérité et du droit pour tous de quarante à soixante trois ans. C'est un âge bien indiqué pour la retraite des uns et des autres et ce n'est là que le droit divin ! Quant à la loi organique relative à la représentation de la femme dans les instances politiques, pour n'évoquer que ce lopin d'une démocratie de pacotille, avant de conclure sur une discrimination politique. Comment peut-on ignorer la souffrance de tout un peuple à vouloir redorer ses lettres de noblesses en réclamant fort et haut son droit à incriminer le colonialisme et faire montre d'entrain pour légiférer sur le rôle de la femme dans les instances politiques. Pour quel pays roule-t-on ???!!! Si cela advient, cette approche est à mon sens beaucoup plus humiliante qu'encourageante. Etant l'égale de l'homme, la femme est avant tout une entité importante dans la composante de la famille. Matrice incontournable dans la construction d'une société avant d'être destinée à saborder la place de l'homme pour ce que même la nature ne lui a même pas concédée. Ceci ne m'autorise nullement à douter de sa bonne foi à contribuer dans la construction de la nation, ni lui dénier le désir et le droit d'en faire un exercice. Le hic est que le cota n'est autre qu'une aumône et non un droit, car le droit s'arrache et ne se livre pas sous emballage. Le devoir de mémoire, la réforme occultée Une nouvelle république, à votre gouverne, ne saurait se construire que sur la base d'une réconciliation avec l'histoire et la mémoire. Nul n'est sensé ignorer que si la révolution algérienne en entrainant la chute du Colonat, a hérité malencontreusement dans son venin d'énormes rivalités et conflits d'intérêts, qui continuent d'empoisonner la vie des enfants de cette même nation, indignes de sa grandeur au point ou « confisquée », comme le témoigne Ferhat Abbas, elle est tiraillée entre le monopole des uns au détriment de l'exclusion des autres. Faire son mea culpa, c'est reconnaitre d'abord et assumer pleinement notre statut d'ex-colonisés. S'en défaire, c'est revoir la feuille de route qui régit les relations bilatérales avec l'ex-colonisateur, dans le respect des souverainetés et de la légalité internationale. Or, nous sommes rouées en permanence de coups hauts et de coups bas par les tenants de la politique française sans pour autant observer une ferme réaction perspicace susceptible de traduire dans les faits le sentiment réel de la plèbe. Les partis politiques auxquels octroi le Président de la république la tâche de réviser notre future destination, sont défaillants à plus d'un titre sur ce chapitre. Un parlement stationnaire, des divergences rentières et des querelles de base étages limitées aux avantages. C'est ainsi que la corruption dont-il parle a trouvé ses chemins de prédilection. Et la loi incriminant le colonialisme son chemin à la trappe. ! Les réformes du Président seront-elles assez poignantes, suffisamment imbues de courage pour libérer le parti du peuple algérien (PPA) et lui offrir l'agrément et la reconnaissance qu'il attend depuis plus de 20 ans ou mettre le FLN au musée. Une réconciliation totale de la mémoire et par devoir de vérité ne saurait se réaliser qu'en les élevant au rang de symbole de la nation. Et, les éloigner tout en les protégeant ainsi de ces spoliations fallacieuses des espaces de cette pseudo-représentation politico-populaire et de ses indus occupants. Pourrons-ils mettre fin à cette couverture devenue idyllique au point d'en être usité autant que l'antisémitisme juif, « la famille révolutionnaire ». Cette citadelle virtuelle infranchissable, au concept clé qui couvre bien ses méfaits et l'impartialité au sein de la mémoire. Une véritable machine à charcuter le peuple et qui continue à le diviser entre les ayants-droits et les non ayant-droits. Les algériens du premier et du deuxième collège ??? Traiter des questions d'importances nationales, taxées de taboues, qui enveniment en permanence l'atmosphère citoyenne et freine l'expansion d'un esprit national et nationaliste dénoué de tout chauvinisme et communautarisme débridé, mais nécessaire à être exposer au débat populaire devrait figurer dans les réformes profondes et fondamentales qui constituent les véritables soubassements d'une nouvelle république. Il serait temps de dépoussiérer les strates organisationnelles du schéma sociopolitique et d'en niveler les inégalités pour une juste équité entre les enfants d'un même pays. Parachever une véritable réconciliation nationale, ne saurait en réalité et par honnêteté historique, esquiver ce type de débats. Les enfants de chouhada, les enfants de moudjahidine, les vrais et les faux moudjahidine, et de l'utilité d'un budgétivore ministère des moudjahidine sont autant des questions qui encombre l'atmosphère en sourdine et qui semblent être, juste on les évoquant, blasphématoires. Ils devraient être abordés avec sérénité et célérité qui sied à une nation musulmane puisant ses références au plus profond de ses fondements théologiques pour se défaire des importations occidentales. Il est temps de remettre les pendules à l'heure de l'histoire et rendre à césar ce qui appartient à césar. La reconnaissance des martyrs de 1830 à 1962 et peut-être au-delà n'est qu'une infime réforme de la mémoire. Notre devoir envers ceux qui se sont sacrifiés pour que nos représentants perçoivent aujourd'hui des salaires faramineux et jouir d'une opulence à envier les recalés de la mémoire, les enfants des tombes oubliées, pour ne pondre que des inepties devrait nous faire réfléchir au véritable malheur de cette nation. La gangrène est profonde et nécessite des mesures draconiennes. Là réside l'œuvre à accomplir si le Président souhaite inscrire son nom dans les annales de l'histoire. La grogne gagne du terrain, S.O.S Etat en détresse ! Il est temps de tirer la sonnette d'alarme. A trop vouloir faire dans de fausses assurances plaidant pour le syndrome de l'amnésie, on risquerait d'être pris au piège. Et les conséquences n'en seront que tragiques. S'il est vrai que le peuple algérien à vécu amèrement la décennie noire, et compte selon certaines analyses se défaire instinctivement de cette option, du moins pour certaines régions, localités et typologies de population, il n'en demeure pas moins que durant cette période conjoncturelle émergèrent des spécimens humains qui on en abusait à des fins mercantiles sous une couverture politiques. Et les résultats sont là pour en témoigner chacun selon ses atours. Il ne se passe pas une semaine où la grogne ne gagne un lopin d'espace. La braise est allumée et les mèches enflammées poursuivent leur bon homme de chemin. Nous assistons ces derniers jours à de affrontement entre population. Le cercle ne se limite plus aux simples revendications exposées pacifiquement. Les rassemblements permanents, même autorisés, ouvrent la brèche à d'autres manifestations obscures qu'il serait opportun de bien observer. Les manifestations organisées au seuil même de la présidence de la république attestent d'un signe révélateur du rejet presque pathologique et d'une désapprobation avérée des corporations de métier à reconnaitre en leur tutelle, ministres en particulier, la capacité d'interlocuteur valable. Sachant pertinemment que leurs doléances n'accèderont même pas le niveau du secrétariat particulier, ils se rabattent instinctivement vers le chef suprême. Encouragés par le discours permanent de leur ministère qui ne reconnaît de pouvoir absolu qu'en la qualité du président de la république en usant comme d'un leitmotiv : « son excellence le président » ! Pour les petits partis politiques en mauvaise audience et sans encrage populaire, ils tentent de brouiller les cartes, faires dans la provocation et le brouhaha pour ameuter les forces occidentales dans le seul but est de s'accaparer une place au pouvoir. Or, cette démarche ne diffère en aucune manière d'une tentative avérée de réinstaurer un autre type de dictature. Un mimétisme qui ne profite qu'au nostalgique de la colonisation. Et comme dit l'adage : « mon seigneur est bon, il faut lui ajouter l'air et le vent » Pour une sortie de crise Il n'y a de meilleur remède pour une voie salutaire que d'adapter le principe fondateur de notre démocratie musulmane : « qui répondent à l'appel du Seigneur, accomplissent la prière, se consultent entre eux à propos des affaires, dépensent de ce que Nous leur attribuons ». ([1]) Une telle démarche ne saurait exclure quiconque, même les plus petits d'entre nous. Car, on trouve dans le fleuve ce qu'on ne trouve pas dans l'océan. Et nul n'a donc le droit de se substituer aux autres, ni parler pour eux sans en être accrédité ou leur dénier le droit de proposer une voie probante à cette martyre nation. Il serait ainsi plus judicieux d'associer, non seulement la société civile avec toute sa composante, associations, étudiants, ouvriers, fonctionnaires, comités de quartier, toutes tendances confondues à travers des débats universitaires, communaux, au sein des instituts de droits et d'histoire, élargir cette concertation aux intellectuelles désireux d'y participer. Les partis politiques doivent en toute transparence ouvrir les locaux de leur kassamate aux propositions de citoyens et d'en mesurer le degré d'adhésion à cette démarche en toute transparence. Eviter d'administrer l'avenir d'une nation comme on administre un état civil dont les risques de dérapage n'en seront que néfastes. L'administration a tendance à réduire les libertés et à renforcer le pouvoir de l'Etat au détriment d'un dialogue spontané, riche et honnête émanant de la citoyenneté et proche d'une gestion de proximité. M. Boukherissa Kheiredine Président de la Fondation du 8 mai 45 ------------------------------------------------------------------------ [1] Sourate 42 « la consultation » verset 38. Lectures: