Ce sont les grosses cylindrées de l'industrie allemande, à l'instar de MAN SE (MAN), Rheinmetall AG (RHM), Daimler AG (DAI), ThyssenKrupp AG (ATG) et European Aeronautic, qui sont appelées à faire tourner leurs machines au profit de l'armée algérienne. Les gains attendus ne sont aucunement des bouchées émiettées. Il s'agit plutôt d'encaisser 14,6 milliards de dollars. Le Conseil de sécurité du gouvernement allemand a d'ores et déjà approuvé ce projet de vente de matériel militaire à l'Algérie. L'information s'est répandue comme une traînée de poudre reprise, hier, par l'ensemble des médias allemands et de l'Hexagone. Dans les détails, Rheinmetall doit construire des blindés de transport Fuchs, Daimler est concernée par le lot relatif à la vente de camions et des tout-terrain, alors qu'elle devait mettre sur pied une usine de montage sur le site de la SNVI, tandis que ThyssenKrupp est sollicitée pour les frégates et la formation des personnels navals. Selon des sources du ministère allemand de l'Industrie, reprise par l'agence Reuters, les autorisations d'exportation ne sont pas encore délivrées, «mais cette donne n'est plus considérée comme un obstacle». L'Algérie va passer ainsi une seconde décennie sous le signe d'un soutien plus que jamais prononcé à l'acquisition de l'équipement militaire. Depuis le début des années 2000, le pays a injecté des milliards de dollars dans des contrats d'armement signés avec plusieurs partenaires. La Russie se pose comme meilleur fournisseur de l'Algérie. C'est la première fois que les Allemands s'emparent d'aussi importants et volumineux contrats avec l'Armée algérienne. Les contrats incluent des projets tels que la construction de véhicules militaires, de navires de guerre et de la sécurité aux frontières, précise le journal allemand Der Spiegel. Les entreprises allemandes de communications sécurisées EADS Cassidian, Rhode & Schwarz et Carl Zeiss interviendront, elles, sur le terrain de la gestion de la défense et de la sécurité des frontières. EADS avait déjà fourni des systèmes de sécurité similaires à l'Arabie Saoudite. Par ces contrats, l'Algérie vient de confirmer son statut d'un des importants acheteurs d'armes au monde. Rien que pour l'année 2011, la répartition du budget de fonctionnement par département ministériel fait ressortir, sans trop de peine, deux ministères plus que jamais budgétivores ; la défense nationale (516,638 milliards de dinars) et le ministère de d'Intérieur et des Collectivités locales (419,486 milliards de dinars). En mars dernier, l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a rendu public un rapport dans lequel figurent les principaux vendeurs et acheteurs d'armes dans le monde, dont l'Algérie qui se classe désormais dans le top 10 des acquéreurs d'armes. L'Inde est le premier importateur d'armes au monde. Dans son chapitre consacré à la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, l'Institut international de recherche sur la paix nous fait savoir que les pays de cette zone «représentent pour les exportateurs d'armes des marchés lucratifs potentiels». Cela est en relation avec les «profits réalisés ces dernières années grâce aux ressources naturelles. Les tensions internes et interétatiques nourrissent aussi bien une demande croissante que des inquiétudes certaines», lit-on dans le rapport en question. Sur la période 2006-2010, les importations d'armes par les Emirats arabes unis, Israël, l'Egypte et l'Algérie ont été particulièrement importantes, si l'on se réfère au constat établi par l'institut de Stockholm. Une question : pourquoi l'Algérie cherche-t-elle à s'armer de manière à la fois aussi coûteuse et curieuse ? N'y a-t-il pas d'autres priorités aussi importantes pour un pays à la recherche d'un modèle économique rentable ? A cette question, peu de réponses ont été apportées. Ali Titouche Lectures: 4