REPONSE A BELKHADEM ABDELAZIZ. Monsieur, En proie à une très forte contestation de la base militante du parti du Front de libération nationale dont vous assurez le secrétariat général depuis février 2005 et à bout d'arguments forts et sérieux pouvant convaincre vos détracteurs, vous vous êtes laissé aller à des excès verbaux que nous aurions pris pour un verbiage inconsistant si vous n'aviez incongrûment cité le nom d'un martyr de la Paix en la personne de mon oncle Kasdi MERBAH, que Dieu ait son âme, victime le 21 août 1993, d'un lâche et abominable assassinat politique. Selon vous, Kasdi MERBAH, officier de la glorieuse ALN et co-négociateur d'Evian alors qu'il n'avait que 23 ans, patron des Services de renseignements jusqu'en 1979 et coordonnateur de l'ensemble des services de sécurité, Secrétaire général puis vice-ministre à la Défense nationale, 3 fois ministres puis premier chef de gouvernement, sous la pression de la rue alors que l'Algérie était en cessation de paiement, aurait échoué parce qu'il a décidé de quitter les rangs du parti du Front de libération nationale pour fonder sa propre formation politique. Sachez, Monsieur, que Kasdi MERBAH n'a pas quitté le parti du FLN de gaîté de coeur ou sur un simple coup de tête. Il a tout fait pour faire bouger les choses de l'intérieur et donner à notre pays un souffle nouveau et un élan susceptible de lui assurer un développement salutaire, à la mesure de son haut potentiel humain et de ses richesses naturelles. Hélas, il s'était rendu compte à l'époque que le parti était devenu plus un appareil rigide et sclérosé qu'un vivier de matière grise où l'expression était totalement libérée pourvu qu'elle se déclinât en faveur de l'intérêt national. C'est donc de guerre lasse et profondément convaincu que rien ne pouvait être tenté de l'intérieur, qu'il décida de fonder autour de jeunes cadres compétents et enthousiastes, le MAJD (Mouvement Algérien pour la Justice et le Développement) qu'il concevait comme un creuset où se rencontreraient et se fondraient diverses compétences et d'où émergerait une authentique force de propositions. Il considérait cette formation comme étant idéologiquelent très proche du parti du FLN, mais libérée de son carcan réducteur, en somme une sorte de FLN-bis revivifié et auquel aurait été insufflé l'Esprit de Novembre. Tel était le voeu de Kasdi MERBAH qui n'avait aucune ambition personnelle mais qui nourrissait, certes, une ambition légitime pour son pays. Qui parmi les patriotes sincères pouvait le lui reprocher ? Force est de reconnaître aujourd'hui qu'il avait choisi la voie la plus ardue, mais il le savait. Comment s'en étonner lorsqu'on connaît son opiniâtreté et sa haute capacité de travail et de synthèse. D'autres se seraient tapis à l'ombre d'un poste honorifique en attendant mieux. Ceux-là sont les opportunistes du système et en aucun cas Kasdi MERBAH n'aurait accepté d'être réduit au rang d'un spectateur passif et silencieux. C'est donc à la faveur de l'ouverture démocratique que sa décision fut prise, après mûre réflexion. Vous prétendez que vous auriez conseillé à Kasdi MERBAH de ne pas démissionner. Permettez-moi d'en douter, car vous n'aviez pas la stature qui pouvait vous permettre de l'approcher et encore moins de le conseiller. Peu après sa démission, Kasdi MERBAH avait confié à son entourage que la direction nationale du Parti n'avait à aucun moment essayé de le joindre pour le convaincre de renoncer à son projet ; car, convenez cher Monsieur, que tout parti sérieux aurait tout tenté pour conserver dans ses rangs un militant de sa trempe. C'était la preuve définitive que le Parti fonctionnait comme un appareil d'une lourdeur affligeante et que peu lui importaient la production intellectuelle et la force globale et effective de ses militants. Cette attitude l'avait d'ailleurs réconforté dans son choix. Lorsque vous déclarez de façon très péremptoire que rien ne peut se faire en Algérie en dehors du Parti du FLN, vous ne faites que réaffirmer, outre un manque de modestie, un désolant attachement à la pensée unique et au monolithisme politique ; ce qui en soi, constitue un outrage à la démocratie et à la Constitution et une insulte grave au peuple que vous prétendez servir. Pourriez-vous nous dire en quoi Kasdi MERBAH aurait-il échoué , vous qui semblez détenir une grille de notation implacable ? En quoi vous-même auriez-vous réussi, alors que vous vous heurtez à une forte contestation interne et que le pays vit une crise multiforme, la plus profonde de son histoire ? Sachez, Monsieur, que si Kasdi MERBAH avait échoué, il n'aurait pas été assassiné, car les personnes qui échouent sont tout simplement ignorées et vite oubliées. C'est justement parce qu'il réussissait naturellement tout ce qu'il entreprenait et qu'il était sur le point de réaliser son voeu le plus cher, celui de mettre fin à l'effusion de sang qui n'avait pas encore atteint le stade que nous lui connaissons aujourd'hui, qu'il a été éliminé par des traîtres du clan proche de la maffia politico-financière et à la solde de l'étranger. Kasdi MERBAH était connu pour son sérieux, son honnêteté, son authenticité, son pragmatisme et sa rigueur méthodique dans la gestion des affaires du pays et seuls ceux qui avaient les qualités contraires pouvaient redouter son retour aux affaires. Non Monsieur ! Kasdi MERBAH a bel et bien réussi tout ce qu'il a entrepris, y compris durant son bref passage au gouvernement ; son limogeage, anticonstitutionnel en la forme, résulte d'une vaste campagne de dénigrement orchestrée à partir d'El-Mouradia par des apprentis sorciers qui se reconnaîtront et ce n'est certainement pas Chadli, lui-même victime et qui doit certainement le regretter aujourd'hui, qui me contredira. L'appel au peuple algérien lancé par Kasdi MERBAH le 12 juillet 1993 représente un véritable testament politique. Je vous invite à le lire et le relire. Vous en tireriez certainement profit si vous vous en inspiriez pour résoudre la profonde crise politique qui agite votre parti qui, il est vrai, a connu des jours meilleurs dans un passé lointain. De grâce, ne citez plus le nom de Kasdi MERBAH lorsque vous vous livrez à votre cuisine politicienne. Laissez ce soin aux historiens, seuls habilités en l'occurence et capables d'étudier ce personnage d'envergure exceptionnelle , un personnage de légende, car Kasdi MERBAH est définitivement entré dans l'Histoire. Gloire à nos Martyrs ! Vive l'Algérie ! Abderrezak LAIBI Neveu de Kasdi MERBAH