Le dernier éditorial publié par Mostefa Souag dans la défunte revue Alger-Réalités(1) s'intitulait «Les diplômes pour tous, la science à ceux qui peuvent la maîtriser». C'était en janvier 1989, et il critiquait objectivement cette université algérienne qui avait formé dans le bon vieux temps «des génies» et qui «chutait, chutait», à partir de la fin des années quatre-vingts. Mostefa Souag avait vu juste. Depuis 1989, l'université algérienne a rarement «levé la tête» à cause de sa… gestion ! Pur produit de cette université algérienne d'antan, Mostefa Souag dérangeait même ses prestigieux professeurs quand il était étudiant à l'institut des lettres arabes d'Alger. Et quand il obtint son magistère et devint professeur-assistant, les «Doudou, Messaïef, Rekibi et ses autres anciens profs lui laissèrent la pleine initiative d'animer cet institut où ils étaient les grands mandarins !» Aboulaïd Doudou, qui avait décroché brillamment en 1967 un doctorat d'Etat en littérature comparée de l'université de Vienne, qui avait enseigné aux universités de Bôn, Berlin, Vienne avant de revenir en Algérie en 1972, ce Doudou qui maîtrisait «l'allemand» à la «Musilienne» (de Robert Musil(2) disait : «Souag est le meilleur des étudiants que j'ai formés à Alger.» Au temps où Doudou était chef de département des lettres arabes, Mostefa Souag faisait «bouillonner l'institut». Les meilleurs écrivains algériens ont été invités par Souag dans cet institut entre 1976 et 1981. Parti étudier aux USA, Mostefa Souag est revenu à son «Institut» en 1987. Quelle déception ! «Il ne se retrouvait plus dans son institut d'autan.» A part Doudou, Rekibi et les jeunes (de l'époque), A Bourayou, A. Lamine, M. Faci et autres A. Mennour, la majorité des profs étaient devenus des «dormants ou des islamisants». Souag a alors opté pour «le journalisme». Mustapha Kateb, qui connaissait sa valeur, le nomma directeur d'Alger-Réalités, l'ex-revue du défunt CPVA. Mais Souag, ce «PHD des USA», voyait plus grand ! Il commença à correspondre avec les journaux et radios londoniens (arabophones et anglophones(3) et se tailla très vite une renommée d'expert. Ayant une «tête qui tourne comme une toupie géniale qui sème le savoir à tout vent», M. Souag est devenu cet oiseau rare que les chaînes satellitaires arabes capteront la fin des années quatre-vingt-dix. Professionnel de haut niveau, homme de culture reconnu et d'une moralité exemplaire, cet Algérien qui «suivait partout Kateb Yacine»(4) a fait «bouillonner» Al Jazeera depuis qu'il a été nommé «son directeur des infos». S'il a été désigné son directeur général en ce «glorieux Novembre» qui a fait trembler le monde dans les années 50, ce n'est que justice. Les responsables de la 1re chaîne TV-vedette du monde arabe ont opté pour la compétence, le progrès et… l'intégrité morale. Des qualités que l'Algérie porte dans son cœur, mais peine à les faire valoir dans «son giron». Tant mieux pour nous, ce fils de Dellys, ce pur génie algérien chassé par le GIA et certains de leurs frères qui nous gèrent, fait aussi honneur à sa mère… l'Algérie ! L'avenir est devant vous monsieur Souag. Tous les Algériens épris de liberté et de progrès et toute la presse algérienne saluent la nouvelle étoile que vous avez déjà ajoutée à leur étendard. Note de renvoie : 1)- Revue de l'ex-Conseil populaire de la Ville d'Alger. 2)- Robert Musil a été plébiscité meilleur romancier de langue allemande du XXe siècle. Encore un écrivain que le Nobel a raté ! 3)- Voir biographie de M. Souag sur Google. 4)- Fils spirituel de K. Yacine, Souag a donné ses logements à A. Lembarkia et à son frère et est parti. K. Yacine a laissé ses logements (2) à des membres de sa troupe. Il est mort dans une baraque au centre Casoral ! Djilali Khellas Lectures: