Littérature Il y a plus d?une semaine, disparaissait Abdou el-Aïd Doudou, cet écrivain algérien qui a donné à notre littérature de langue arabe un caractère nouveau. Pour célébrer sa mémoire, présente dans la pensée de chacun, la Bibliothèque nationale du Hamma a organisé un hommage par lequel Amine Zaoui, directeur de cette institution, a tenu à préciser devant la nombreuse assistance : «Abou el-Aïd Doudou était une figure de proue de la littérature, de l?histoire et de la philosophie», ajoutant : «Sa disparition constitue une perte pour le monde littéraire et culturel.» «Toutefois, Abou el-Aïd Doudou reste présent dans notre mémoire, il est vivant à travers ses ?uvres philosophiques et historiques ainsi qu?à travers ses différentes créations littéraires qui, toutes, constituent une référence exceptionnelle de son génie créatif et de son talent en matière d?écriture», a-t-il dit. Abou el-Aïd Doudou était en effet un «magicien», il avait l?art, qui lui était personnel, d?imaginer les mots, de créer un style, un travail de création profondément marqué par une perspicacité subtile et surtout personnelle. Né le 31 janvier 1934 au douar Tamendjer, dans la commune d?El-Anser (wilaya de Jijel), Abou el-Aïd Doudou a été l?unique enfant de sa famille à fréquenter l?école coranique. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s?inscrit à l?institut Abdelhamid-Ibn-Badis où les érudits cheikhs du mouvement de la réforme ? en l?occurrence Ahmed Hamani, Abderrahmane Chibane et Cheikh Yadjouri ? étaient ses enseignants. En 1951, Abou el-Aïd Doudou intègre la mosquée Zeïtouna (Tunis) ; l?année suivante, il part pour l?Irak pour étudier la langue arabe ; en 1956, il obtient une licence en littérature arabe, puis se rend, la même année, en Autriche où il s?inscrit au département des sciences orientales pour étudier la littérature arabo-persane, les sciences islamiques mais aussi la philosophie, la psychologie, l?allemand, les langues anciennes, notamment le latin. En 1961, Abou el-Aïd Doudou obtient son doctorat avec une thèse sur l?historien syrien Ibn Naïf El-Hamoui, une thèse qu?il traduira vers l?allemand. Plus tard, il enseigne au même département la langue arabe et édite, en allemand, un certain nombre d?études sur la littérature algérienne. De retour en Algérie en 1969, il rejoint le département arabe de l?université d?Alger où il enseigne la littérature comparée. Abou el-Aïd Doudou a écrit plusieurs ?uvres et en a traduit autant. Le Lac des oliviers, sa première nouvelle, a été éditée en 1967 par la Sned et fut suivie par Dar el-thalatha (1971), Le Chemin d'argent (1981), L'Algérie profonde et enfin une série de nouvelles, La Nourriture et les yeux publiées en 2002, la seule de ses ?uvres à avoir été traduite en français. Le défunt avait également écrit nombre de pièces théâtrales, dont La Terre (1986), El-Bachir (1981) et des études, notamment Des Livres et des personnalités (1971) et Etudes littéraires comparées en 1990. En matière de traduction, le défunt est le signataire des Mémoires de Pfeiffer (1974), Trois ans au nord-ouest de l'Afrique (trois volumes) et Le Jardin d'amour (une pièce théâtrale de Lorca) en 1976, ainsi qu?une pièce théâtrale de Tolstoï. Abou el-Aïd Doudou, l?enseignant, une plume, une pensée dont la mémoire nationale retiendra le nom, tout comme celui de Mohammed Dib. Il est un modèle et un exemple pour les hommes de lettres en matière de créativité. Abou el-Aïd Doudou est mort, mais son ?uvre monumentale est significative, sa pensée reste ; elle existe toujours, résistant à l?oubli.