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Coup de gueule : « Dépolitiser » la politique !
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 05 - 01 - 2012

Un journaliste débarque dans une île isolée du reste du monde répondant au nom de « Utopia 2 », qui rappelle curieusement l'île imaginaire de Thomas More : « Utopia », qui vient du grec « Ou topos », c'est à dire en aucun lieu. (1)
Il en avait entendu parler au cours d'une discussion enflammée au sein du comité de rédaction de son journal. Tous ses collègues étaient d'accord pour cerner le mal principal qui ronge tous les pays du monde, à savoir : « la politique politicienne », les politiciens passant leur temps à se chamailler dans une compétition sans merci où prédominaient leurs intérêts propres et leurs carrières avant les intérêts de leurs peuples. Mais, les journalistes n'arrivaient pas à s'entendre sur la manière dont il fallait gérer les affaires du monde afin de répondre au mieux aux attentes des populations. Toutefois une majorité se dégageait pour affirmer que le monde ne pouvait se passer des politiciens, que c'était même un mal nécessaire. Notre journaliste faisait partie de la minorité qui considérait qu'il fallait imaginer un autre mode de gouvernance qui renverrait dans leurs foyers les politiciens professionnels, le plus souvent gourmands des biens de ce monde dont ils se servaient sans vergogne, en bonne conscience : « Le monde ne peut se passer de nous, aussi ce que nous prenons n'est qu'une juste rémunération de nos sacrifices ». Quels sacrifices ?
Prenons un exemple : A Batna, au cours des années 1970, à l'ère du parti unique donc, le Mouhafedh (commissaire politique) avait encadré une réunion des travailleurs d'une entreprise publique, cadres en costumes cravates, et ouvriers en bleu de travail et casques sur la tête. A l'ordre du jour : la production et la productivité. Et le Mouhafedh, sermonnant l'assistance, insista sur la nécessité d'augmenter la production et la productivité en prenant comme exemple son propre travail : « Hé bein moi par exemple, en ce moment je suis en train de produire ! »(2). Mais il avait oublié de préciser de quelle production il s'agissait ? En fait des paroles, que des paroles, du vent, alors que les travailleurs en face de lui fulminaient de dépit : « Mais de quelle production parle ce con, alors qu'il nous fait perdre notre temps ! ». Notre Mouhafedh avait oublié aussi de parler de ses sacrifices au service de la nation : il possède des comptes bancaires bien garnis en Algérie et encore plus à l'étranger, sait-on jamais si le peuple devait un jour se mettre en transe. Notre Mouhafedh a oublié également de préciser qu'il possédait une villa cossue à Batna, une maison de maître à Alger, que ses enfants les pôvres devaient se contenter de 1.000.00 Dinars jour comme argent de poche (3), et que le moment venu il les enverrait continuer leurs études supérieures à l'étranger, en les encourageant à y rester, sait-on jamais comme dit plus haut. D'autant plus qu'il y avait ses circuits et ses habitudes dont celles de se soigner à l'étranger pour le moindre bobo. (4)
Revenons à notre journaliste, curieux de voir comment était gérée la politique dans cette île perdue « Utopia 2 ».
Sa première surprise vient de l'hôtel où il était descendu, très propre et confortable, sans aucune prétention. Les prix affichés comportaient aussi le prix de revient de chaque chambre, et notre journaliste relève déjà que le bénéfice de l'hôtel ne dépassait pas les 20%. Après quelque repos, il sort à la découverte de cette île, et surtout de sa politique. Il croise un autochtone au hasard et lui demande comment retrouver son hôtel prétextant s'être perdu. L'homme aimable et courtois lui indique le chemin le plus rapide pour retrouver son hôtel, et lui propose même de l'y conduire dans sa voiture garée dans le quartier. Notre journaliste décline poliment l'invitation, le renseignement étant précis et suffisant, et l'invite à son tour à prendre un café dans l'établissement en face pour quelque discussion.
Notre journaliste commence sa série de questions :
- Parlez-moi un peu de la politique dans votre pays.
- Quelle politique ?
- Par exemple le type d'économie : économie de marché, économie planifiée, ou régime communiste…
- Rien de tout cela chez nous, il n'y a pas vraiment les types d'économie que vous venez de citer, ni de régime politique à proprement parler.
- Mais enfin, il y a bien des partis politiques qui activent dans votre pays.
- Il n'y a aucun parti politique.
- Quoi ? Ils sont interdits ?
- Non, ce n'est pas la question, mais nous ne voyons pas l'utilité d'avoir des partis politiques dans notre pays.
- Vous avez bien un gouvernement, des ministres.
- Bien sûr.
- Parlez-moi un peu de votre président, commençons par son nom.
- Heu, en réalité je ne suis pas sûr de connaître le nom du chef de l'Etat en ce moment.
- Quoi ? Vous avez bien un chef de gouvernement, vous devez connaître son nom ?
- Pas vraiment.
- Et les ministres, ceux des affaires étrangères, de la défense, au moins.
- Pas vraiment, je ne m'en souviens pas.
- Ecoutez, ne parlons plus des politiciens dont vous ne connaissez pas les noms. Mais éclairez-moi au moins sur la politique économique dans votre pays.
Le citoyen de cette île mystérieuse énumère rapidement les principaux axes de la politique économique de son pays, qu'il semble connaître sur le bout des doigts : satisfaire les besoins de la population dans tous les domaines, encourager les entreprises à l'augmentation de la production et à l'amélioration de la productivité, verser des salaires justes aux travailleurs qui sont dispensés de retenues sur les salaires (5), la marge bénéficiaire des entreprise est fixée uniformément à 20%, les impôts sont fixés au taux unique de 5%, encouragement particulier pour le secteur agricole qui est dispensé de verser des impôts…
Le journaliste revient à la charge pour mieux connaître la politique suivie dans les autres domaines : les finances, l'éducation, l'enseignement supérieur, la santé, les affaires sociales…
Notre citoyen répond sans aucune hésitation, en faisant l'effort de ne pas encombrer le visiteur de détails et de chiffres qu'il connaît pourtant par cœur.
Le journaliste revient à la question de départ :
- Comment cher ami connaissez-vous par cœur la politique suivie dans tous les domaines, sans connaître les hommes qui sont chargés de l'appliquer ?
- Parce que ces hommes changent tous les deux ans, alors je ne suis pas certain de connaître le nom de notre chef d'Etat en ce moment…
- Quoi ? Comment ça vos politiciens changent tous les deux ans, ils ne font pas carrière en politique ?
- Non, personne ne fait carrière en politique, dès qu'un responsable quelconque termine ses deux ans de service, il retourne à son poste de travail originel, y compris le chef de l'Etat.
- Mais enfin, comment sont-ils choisis ?
- En fonction de leur compétence et leur ancienneté dans leur secteur d'activité. Par exemple le ministre de l'économie est choisi parmi les cadres du secteur économique, et il exerce deux années seulement. Il en est de même pour tous les autres responsables.
- Et votre président ?
- Il est désigné parmi les ministres qui ont déjà accompli leurs deux années au service de la nation.
- Peut-il se représenter pour un deuxième mandat ?
- Non, ni le président, ni les ministres ne peuvent se représenter pour un deuxième mandat.
- Comment sont-ils payés ?
- Chaque responsable perçoit le salaire de son poste d'origine pas un centime de plus.
- Mais, ils ont bien droit à quelques avantages, non ?
- Pas du tout, ils sont considérés en mission temporaire au service de la nation, et c'est un honneur pour eux d'avoir servi aux postes les plus importants de l'Etat.
- Vous m'avez parlé de la politique suivie dans chaque secteur d'activité. Il doit bien y avoir un parlement pour légiférer sur cette question ?
- Non, nous n'avons pas de parlement avec des élus, et nous n'avons pas de partis, ni de politiciens professionnels comme je vous l'ai dit au début. En fait, chaque année se tient une réunion des cadres de l'Etat pour dresser le bilan de l'année écoulée, et tracer le plan à exécuter pour l'année suivante…
Notre journaliste en a trop entendu sur ce monde idéal, sans politique politicienne ni de politiciens professionnels. Il retourne dans son pays où règnent la corruption, les passe-droits, la misère, la vie chère, l'arbitraire, et un système politique qui s'éternise avec les mêmes politiciens auxquels succèdent leurs propres enfants…
(1) « Utopia » : http://fr.wikipedia.org/wiki/Utopia_(livre)
(2) Authentique.
(3) Authentique : Au début des années 1990, un député du FLN de Constantine qui en était à son troisième mandat, et qui se préparait pour un quatrième, mettait à la disposition de son fils chéri la somme de 1.000.00 dinars chaque jour pour ses dépenses quotidiennes. C'est un jeune proche parent qui me l'avait affirmé parce que profitant des largesses de ce rejeton. A la veille de la première guerre d'Irak, notre député entreprit de transformer son logement de Constantine en magasin de victuailles et de fournitures, dont un carton de boites d'allumettes, s'attendant à des pénuries si la guerre éclatait au Moyen Orient. En 1991, il se représente pour un quatrième mandat toujours sur une liste FLN. Entre-temps, j'avais appris qu'il avait profité de sa qualité de membre permanent de commission, pour fonder une seconde famille à Alger sans informer sa première famille à Constantine, ni celle d'Alger. Le hasard a fait qu'il s'est retrouvé au deuxième tour des législatives face à un candidat du FIS dans la circonscription même où je devais voter. Je m'étais juré de voter pour le candidat FIS, ou même pour le diable, plutôt que de donner ma voix à quelqu'un que je percevais comme un traître à son pays d'abord, et à ses deux familles ensuite.
(4) L'actuel secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, se fait soigner régulièrement à l'étranger pour n'importe quoi, sans bouger le moindre pouce pour venir en aide aux malades dont l'état nécessite des soins urgents à l'étranger.
(5) Aux Emirats Arabes Unis, les travailleurs sont dispensés des retenues sur les salaires et de tous les impôts et taxes, tout en bénéficiant de la gratuité des soins, y compris les analyses, radios, scanners, médicaments, et interventions chirurgicales, eux et leurs familles sur place.
Abdelkrim Badjadja
Consultant en Archivistique
http://badjadja.e-monsite.com/
http://badjadja.over-blog.com/


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