Alors que la France et le Royaume-Uni tentaient hier d'appuyer un projet de résolution sur un transfert du pouvoir en Syrie, tel que réclamé par la Ligue arabe, l'opposition syrienne a lancé un SOS à la communauté internationale, lui demandant d'agir contre les «massacres» du régime. Rien, en effet, ne semble freiner la folie meurtrière du régime de Bachar Al Assad qui continue ses tueries, «drapé» qu'il est du parapluie sino-russe. Et le cauchemar risque hélas de se poursuivre pour les populations civiles qui font face à une guerre à huis clos. Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir hier soir pour examiner le projet de résolution que devaient appuyer le secrétaire général de la Ligue arabe et le ministre des Affaires étrangères du Qatar. Mais le veto russe reste un mur insurmontable pour les Quinze. Moscou a en effet réitéré hier son opposition à un projet de résolution, affirmant qu'il pourrait «ouvrir la voie à une guerre civile». «Les changements de régime, ce n'est pas notre travail (…). C'est aux Syriens de décider eux-mêmes comment le pays doit être dirigé, sans aucune ingérence extérieure», a insisté le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, actuellement en Australie. Une déclaration qui vient «doucher» le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en tournée au Moyen-Orient, qui a dit «espérer que la réunion porte rapidement ses fruits». Mais cet activisme diplomatique à New York n'a pas pour autant enrayé la machine de guerre du régime assassin de Damas, qui a écrasé une vingtaine de personnes durant la seule journée d'hier. 400 morts en une semaine Au moins 22 personnes ont trouvé la mort hier en Syrie, lors d'affrontements entre l'armée régulière et des soldats dissidents, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Dans la province d'Idleb (nord-ouest), six civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité gouvernementales, dont trois jeunes victimes d'une embuscade de milices loyales dans le village de Talaad, selon l'OSDH. Dans la même région, l'explosion d'un camion militaire a tué au moins un soldat à Ariha, où un civil a ensuite été tué par une balle perdue lors de combats entre les forces de l'ordre et un groupe de déserteurs, selon la même source. Dans la région de Homs (centre), 14 civils ont été tués, dont 7 sous le pilonnage au mortier de Rastan, une ville où l'armée a subi «de grandes pertes en vies humaines et en matériel» depuis deux jours. Jamais sans Al Assad Dans la banlieue est de Damas, l'armée a «pris d'assaut Irbine et Zamalka», a ajouté l'OSDH, affirmant que les rues étaient «jonchées de cadavres» que personne ne pouvait enlever à cause des tirs incessants. Parallèlement, des combats entre forces armées et soldats dissidents se poursuivaient dans plusieurs zones des provinces d'Idleb, Homs et Damas, selon la même source. L'opposition a appelé hier à une journée de deuil et de colère en Syrie après la mort de centaines de personnes dans l'escalade de la répression. En une semaine, au moins 400 personnes ont péri dans les violences, des civils tués par les forces du régime et des militaires et déserteurs sont morts dans des affrontements armés, qui augmentent les craintes de voir le pays sombrer dans la guerre civile. Pendant ce temps, Moscou, qui fait face à des manifestations quasi quotidiennes contre la candidature de Poutine, continue à bloquer tout espoir de forcer la main au régime syrien et encore moins tenter de lui faire entendre raison. Mais jusqu'à quand ? La question mérite d'être posée, surtout que ses homologues occidentaux – l'Américaine Hillary Clinton, le Français Alain Juppé et le Britannique William Hague – devaient s'exprimer hier au Conseil de sécurité, et réclamer l'adoption de la résolution. Une résolution qui reprend les grandes lignes d'un plan proposé par la Ligue arabe, mais aucun vote n'était prévu hier, selon des diplomates. On se demande désormais si la Russie va se laisser convaincre par la nécessité de faire entrer les soldats d'Al Assad dans leurs casernes et enclencher un processus politique qui aboutirait au départ du tyran. Mais pour Serguei Lavrov, le plan de défense est invariable : jamais sans Al Assad… pour l'instant. Hassan Moali