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Affaire Dhina: Des réponses simples, à des questions simples.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 21 - 02 - 2012

Voici des pistes de lectures pour comprendre pourquoi le Président Sarkozy a instrumenté la justice française, juste pour faire plaisir au régime d'Alger, qui voulait faire emprisonner Mourad Dhina, et envoyer un message fort à son opposition, pour lui montrer que la situation en Algérie n'avait rien à voir avec les révolutions arabes, et que contrairement aux autres pays, les dirigeants français sont très copains-coquins avec lui. Et qu'ils ne lui refusent rien, même les choses les plus outrancières, comme de procéder à l'interpellation, puis à l'arrestation, puis au maintien en détention d'un opposant de premier plan.
Le comble est que la demande d'extradition, qui a permis d'enclencher cette procédure, repose sur des jugements par contumace, rendus par des Cours spéciales, en violation de tous les principes de Droit possibles et imaginables.
Et le plus incroyable est que le régime algérien a bien insisté auprès de ses amis français, pour que la demande d'extradition n'aboutisse pas. Oui, oui ! Vous avez bien lu. Le régime ne veut surtout pas d'un prisonnier aussi lourd à porter, dont la seule présence dans une prison algérienne pourrait ouvir la boîte de Pandore. Il veut juste faire souffrir Mourad Dhina, le faire macerer en prison, et envoyer un signal aux opposants, pour tenter de les neutraliser, un tant soit peu, avant les échéances électorales qui pourraient tourner à la Bérézina pour le régime, si les consignes de vote seront suivies.
Le régime veut juste que Mourad Dhina entre en prison, et qu'il y reste le plus longtemps possible, et il voudrait aussi qu'il soit interdit de quitter le territoire français pendant quelques semaines, jusqu'aux éléctions qui doivent se tenir en mai.
Et il semble que les amis français de l'oligarchie qui dirige l'Algérie aient répondu favorablement à ces sollicitations.
L'Etat français dispose d'une certaine latitude pour instrumenter la Justice. En plus du Parquet, sur lequel il a la haute main, une certaine réorganisation sarkozienne chafouine, qui a fait main basse sur certains mécanismes de la justice, permet de rendre ce genre de service.
Pour la suite des évènements, l'équipe Sarkozy a rassuré le régime, en lui affirmant que de toute façon, la justice française n'extraderait jamais un opposant politique vers un pays comme l'Algérie, où la peine de mort est toujours pratiquée, ainsi que les mauvais traitements, qui y sont monnaie courante.
Donc, les uns et les autres sont bien d'accord. L'équipe Sarkozy intervient là où elle peut, c'est à dire mettre Mourad Dhina en prison, l'y garder un maximum de temps, et enfin faire en sorte que la justice française refuse l'extradition. Ce que celle-ci ne manquera pas de faire, sans aucun doute. Et ainsi, tout est bon dans le cochon, tout le monde y gagne, sauf les deux dindons de la farce, si j'ose dire, qui sont Mourad Dhina et le peuple français. Le premier aura fait les frais d'un marché de larrons en foire, et le second se sera prêté, sans le savoir, à une grande forfaiture, puisque la justice se rend en son nom.
Mais pourquoi, me diriez-vous, l'équipe Sarkozy se serait livrée à une telle connivence, à une phase aussi délicate, à quelques semaines d'une éléction française où un rien peut compromettre un Sarkozy qui est déjà au fond du panier?
Pour le comprendre, il faut remonter à très loin, et s'impregner de cette françalgérie qui évolue dans le secret des coulisses, de la très commode raison d'Etat, du financement très discret de certaines campagnes électorales, des non moins discrets porteurs de valise, vers des comptes bancaires lointains, du renflouement de certains grands journaux, de l'octroi de gros contrats aux clientèles et aux parentèles de politiciens français de très haut niveau. C'est tout un monde. Un monde secret, où se pratique la sacro-sainte omerta, puisque tous les courants politiques français s'y sustentent en cachette, en baffrant en silence, dans la précipitation et la honte.
Pour comprendre ces ressorts cachés, qui ont permis au régime algérien de se maintenir aussi longtemps au pouvoir, de massacrer ses opposants en France sans jamais être inquiété, puis des populations civiles entières, pratiquement à huis-clos, avec la complicité presque active des médias français, il faut savoir que le régime algérien, depuis l'indépendance à ce jour, a toujours agi comme s'il était tout entier aux ordres des dirigeants français successifs, au même moment où il déploie tout un discours patriotard et anti-français pour la consommation des gogos du cru.
Le régime algérien et les dirigeants français ont toujours entretenu une sorte de concubinage bien compris, où la campagne doit se faire très discrète, tout donner et ne rien demander. C'est ce qu'a fait le régime algérien, qui a toujours agi au mieux des interêts français, et de celui, très privé, des politiciens français, sans rien demander d'autre que le droit de rester à la tête de l'Algérie, et de s'y conduire comme dans sa propre propriété.
Premier partenaire économique de l'Algérie, la France a toujours eu la part du lion, mais pas seulement, puisqu'en bonus, pour le confort personnel des « amis », le régime s'est toujours fait un devoir d'être très près des politiciens français qui souhaient qu'on leur envoie, ou qu'on leur renvoie, l'ascenceur.
La principale prérogative de l'Ambassadeur d'Algérie en France ne consiste qu'à s'occuper de ce genre de gracieusetés. Financements de campagnes électorales, de partis politiques, enveloppes de courtoisie, cadeaux en bijoux, commandes d'études de toute sorte à des pseudos cabinets qui sont autant de pompes à fric, publicités bidons dans les journaux amis, et une inifinité de combines de ce genre ont permis d'entretenir l'attachement d'un grand nombres de gens, tous plus importants les uns que les autres, et qu'on peut trouver dans tous les rouages de l'Etat français et de sa « bonne société ».
Depuis que l'augmentation des prix des hydrocarbures a permis à l'Algérie d'engranger plus de 800 milliards de dollars en une dizaine d'années, la pompe à injecter les cadeaux a augmenté proportionnemllement en débit.
Et pour que le prétexte de la Raison d'Etat ne cesse jamais d'être invoqué, de très gros contrats sont concédés à la France par le régime algérien, de diverses manières, et par le biais de plusieurs partenariats, de gré à gré, en toute opacité. Particulièrement pour les ventes d'armement, qui permettent aux barons du régime de prélever 20% de commissions, sur lesquelles ils reversent de 5 à 10% de rétro-commissions à leurs fournisseurs, en toute discrétion. Il faut savoir que l'Algérie est le 8e acheteur d'armements et d'équipements militaires au monde et le premier, de très loin, au niveau africain. les dépenses de ce type ont avoisiné les 100 millliards de dollars pendant les seuls mandats de Bouteflika.
La FrançAlgérie n'est pas une vue de l'esprit. Elle est une réalité concrète, et bien réelle, qui pèse très lourd, autant en bon argent qu'en souffrances indicibles, d'un peuple qui a été écrabouillé par le régime algérien, avec la complicité du « partenaire » français.
Des relais et des mécanismes ont été mis en place afin de permettre à cette odieuse connivence de se perpétuer, sans tambour ni trompette, sans faire de vagues, malgré le fleuve de sang qui a été répandu.
La plupart des médias français, pour ne pas dire tous, ont été achetés, d'une façon ou d'une autre. Et les rares journalistes qui ont tenté d'alerter l'opinion publique française ont prêché dans le désert, comme ce fut le cas pour les excellents journalistes JB. Rivoire et L. Aggoun.
L'exemple de Mourad Dhina est très significatif de la façon dont la Françalgérie a muselé toutes les voix qui pourraient alerter l'opinion publique française. Tout ce qui concerne le régime algérien, aussi grave soit-il, ou aussi criminel, comme ce fut le cas de l'affaire Mecili, des Moines de Tibhirine, des attentats du RER parisien, de l'affaire Folembray ou du couple Thevenot ont été l'objet d'une sorte de capitonnage. Ils ont été tout simplement étouffés. Et l'affaire Dhina se situe dans la même logique.
D.Benchenouf


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