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Affaire Mecili : Raison d'Etat et agitation algérienne.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 19 - 10 - 2008

La confirmation de la mise en examen du diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, dans l'affaire de l'assassinat de Ali André Mecili a mis le feu aux poudres en Algérie, où les barons du régime s'inquiètent que cela n'inaugure l'ouverture d'autres dossiers. C'est la théorie des dominos qui s'installe. Les barons du régime pressent leurs « amis » français de faire quelque chose. Et pour leur donner des motifs solides pour invoquer la sacro-sainte raison d'état, qui a toujours servi à les sortir d'affaire, ils déclenchent en Algérie un battage médiatique, et une « indignation populaire « spontanée » qui en appelle à revoir toutes les conditions de la coopération économiques avec la France. Pas moins!
La Françalgérie est dans tous ses états. Ou plutôt dans toutes ses raisons d'état, devrions nous dire. Et pour cause!
La justice française a refusé de se laisser dicter sa conduite, dans l'affaire Mecili, pour une Raison d'état qui n'en est pas une. Un pavé dans la mare de la Françalgérie.
Entre la France et le régime algérien, les nombreuses interférences pour raison d'état qui ont prévalu, pour détourner le cours de la justice, ou étouffer des scandales, ont consisté à jeter un voile pudique sur des atrocités commises par la junte, sur des assassinats, sur de gros scandales financiers.
Dans de nombreuses “affaires” algériennes, l'action de l'état français sur la justice, pour la canaliser, ou sur la presse, pour la bâillonner, au nom de la Raison d'état, a été motivée, à ce qu'il semble, par le souci de préserver les intérêts économiques de la France.
En fait, et parfois aussi, cela fut le cas pour des raisons moins glorieuses. Pour ceux de politiciens français véreux qui fricotaient dans les cassettes des généraux algériens, sous le prétexte bien commode de financement de leurs partis respectifs.
C'était devenu, au fil du temps, une sorte de pis-aller. D'une manière générale, les gouvernements français successifs, de gauche comme de droite, avaient fini par se convaincre que l'importance de la coopération économique avec l'Algérie, méritait bien quelques entorses à la morale. D'autant que les barons du régime algérien, dont certains étaient des agents des services français, avaient bien compris qu'ils auraient les coudées franches tant qu'ils ne dépassaient pas certaines limites. Et que charbonnier est maître chez soi.
En clair, l'état français exigeait seulement d'eux qu'ils ne portent pas atteinte aux intérêts et à la sécurité de la France. Pour le reste, tant qu'ils saignaient leur propre peuple, et qu'ils le pillaient sans vergogne, la France ferait semblant de regarder ailleurs.
Et comme ce no man's land moral était très étendu, qu'une étroite coopération s'y pratiquait entre les “services”, et entre des amitiés en haut lieu, les barons du régime algérien, par l'entremise de certains de leurs compères qui étaient des agents des services français, avaient crée une sorte de caisse noire pour fluidifier les rapports. Tenue de façon presque rigoureuse, par des “commis honnêtes”, celle-ci gérait les rétro commissions, les “cadeaux” du nouvel an, les dons aux partis, les “prêts”, les étrennes, certaines prises en charge de certains frais et aidait même à engager, ou à faire fructifier, des affaires discrètes aux quatre coins du monde.
Il en résulta une connivence des plus profitables. Au point où les “amis” algériens étaient même pressentis pour prendre en main des “affaires” avec d'autres milieux étrangers, qui n'avaient pas toute la confiance des “amis” français et avec lesquels il était préférable de ne pas se compromettre, en traitant directement avec eux.
En contrepartie de tous ces services rendus, les barons algériens pouvaient avoir des « affaires » en France, y faire l'acquisition de résidences de luxe, y avoir des comptes bancaires et même y mener des activités politiques secrètes, parfois assistées par leurs “amis” français.
Il y eut même des cas de coopération étroite et coordonnée, pour conditionner l'opinion de la “populace” française, comme l'affaire du couple Thevenot ou celle de Folembray.
Mais il arrivait aux “amis” algériens, avec leurs grosses godasses, de marcher dans le plat. Comme dans l'affaire Mecili, du métro parisien, des moines trappistes, et d'autres qui ont été rattrapées au vol.
Le plus remarquable est que les “amis” français étaient tout aussi serviables à gauche qu'à droite. Ce qui explique la longévité de la collaboration, au nom de la Raison d'état.
Une collaboration fructueuse et à toute épreuve. Puisque pas une seule affaire n'a pu, jusque là, l'assombrir.
L'une des affaires les plus sombres de cette amitié à l'épreuve des balles, presque inconnue du grand public, mais qui finira sans doute par ressortir un jour, montre toute l'étendue de la connivence, et jusqu'où celle-ci peut aller. Cette affaire, qui est l'archétype de la coopération entre les “amis” français et algériens, allait se solder par l'assassinat de trois officiers algériens, d'un ex-chef du Gouvernement algérien, Kasdi Merbah, et du Chef de l'état algérien, Mohamed Boudiaf.
C'est l'affaire du colonel Mourad. Sur recommandation de Kasdi Merbah, ex-chef du gouvernement, chef de parti politique et ancien chef des services secrets algériens, qui lui avait fourni un dossier très complet sur les pratiques mafieuses de plusieurs généraux, le président Boudiaf désigna le colonel Mourad, un officier du DRS*, dont Kasdi Merbah répondait de l'intégrité, pour se rendre en France enquêter sur les avoirs de certains généraux, dont le général Larbi Belkheir.
Boudiaf avait téléphoné à Pierre Beregovoy, le Chef du chef du gouvernement français, pour lui demander de recevoir le colonel Mourad et trois autres officiers qui l'accompagnaient pour une affaire très grave qu'ils lui exposeraient de vive voix. Leur véritable mission n'était connue que de Boudiaf et de Kasdi Merbah.
Arrivés en France, le colonel Mourad et ses trois assistants furent reçus par des assistants de Beregovoy et leur exposèrent le motif de leur visite. Ils présentèrent une liste de généraux qui avaient des comptes bancaires en France, des biens immobiliers et des sociétés, et sollicitèrent une assistance des services français pour mener une enquête. Malgré la bonne volonté de Pierre Beregovoy, celle-ci ne put aboutir. Des “amis” français s'étaient mobilisés, et la justice française refusa d'autoriser la levée du secret bancaire sur les comptes des généraux algériens.
Les “amis” algériens furent avertis, bien sûr. Et le sort du colonel Mourad et de ses assistants fut scellé alors qu'ils se trouvaient encore sur le sol français. Celui du président Boudiafet de Kasdi Merbah aussi.
Une semaine après leur retour, le colonel Mourad fut assassiné de trois balles dans le cou. Une semaine après sa mort, ses trois assistants, un capitaine et deux lieutenants, furent assassinés à leur tour. Comble du cynisme, des honneurs militaires exceptionnels leur furent présentés lors de leur inhumation, et leur mort fut attribuée au GIA, qui poussa la gentillesse jusqu'à la revendiquer.
Les dossiers que Kasdi Merbah avait confiés par Kasdi Merbah à Boudiaf sur les avoirs des généraux furent dérobés du bureau de celui-ci. Du bureau du président de la république.
Puis ce fut l'assassinat du président Boudiaf. En direct à la télévision. Pour que cela serve d'exemple à tout le monde.
Et un peu plus d'une année plus tard, ce fut celui de Kasdi Merbah, de son fils, de son frère et de deux autres personnes qui l'accompagnaient.
Tous ceux qui avaient tenté de briser l'omerta qui entoure les pratiques des généraux algériens et de la FrancAlgérie furent supprimés, les uns après les autres. Du lieutenant jusqu'au chef de l'Etat, en passant par le colonel, et l'ex chef du gouvernement.
Les “amis” francais des tueurs, qui les ont alertés, et qui ont exercé des pressions sur la justice française pour empêcher la levée du secret bancaire, au nom de cette misérable Raison d'état, en porteront la responsabilité devant le tribunal de l'Histoire.
Ce sont les mêmes, ou les amis des mêmes, qui tentent, au travers d'officines plus ou moins douteuses, plus ou moins officielles, de freiner l'action de la justice, dans l'affaire Mecili. Toujours au nom de la raison d'état, là où il n'y a que des intérêts sordides, crimes et manipulation de masse.
Côté algérien, on tente de créer un climat propice pour justifier cette raison d'état, au sein de l'opinion française, pour que les “amis” français puissent jouer sur du velours. La presse algérienne de service a été chargée de déterrer l'affaire des essais nucléaires français au Sahara, de la repentance sur le colonialisme, de la nécessité de revoir la coopération économique avec la France. Le grand jeu. Pour donner du grain à moudre aux militants de la Raison d'état.
Pour la consommation locale, en Algérie, la même presse, ainsi que le ministre de la communication et porte parole du gouvernement, déclarent, toute honte bue, que l'exhumation de l'affaire Mecili est un acte de vengeance de la France contre le ministre algérien qui avait osé déclarer que l'action du président Sarkozy était mue par ses origines juives.
Un quotidien algérien d'expression arabe, donc destiné à la “populace du cru” a lancé une pétition pour un million et demi de signatures pour protester contre la mise en examen du “diplomate algérien” Ce chiffre se veut hautement symbolique, et ne cherche pas moins que de mobiliser une sorte d'élan patriotard contre cette France qui a tué un million et demi d”Algériens pendant la lutte de libération nationale. C'est dire.
Côté français, malgré la gravité des conséquences que cette connivence honteuse avec une mafia qui a pris tout un peuple en otage, qui le broie, qui le tue et qui pille ses richesses, des politiciens sans honneur, et qui sont indignes des grands principes républicains de la France, continuent de vouloir détourner le cours de la justice au nom d'une raison d'état mensongère. Il est temps que l'opinion publique française sache que derrière ce fallacieux prétexte, se cache la volonté de protéger des assassins et des voleurs. Voire des complices.
En Algérie, le régime n'éprouve même pas le besoin de renouveler ses méthodes. Au point où ça en devient monotone. Parce qu'il ne fait pas grand cas de la “foule” qu'il abreuve de slogans primitifs. Des manipulations cousues de fil blanc, dont il use, jusqu'à la corde, pour détourner l'attention de l'opinion sur les vrais problèmes, sur ses agissements et sur ses frasques. L'usage immodéré, et honteux, qu'il fait de la mémoire collective, des combattants qui sont tombés au champ d'honneur, dont il a été le premier à trahir le sacrifice, et cet écran qu'il a crée de ces centaines de milliers de faux moudjahidines, n'ont plus de prise sur l'imaginaire collectif.
La jeunesse algérienne n'est plus dupe de ces professions de foi débilitantes. L'affaire Mecili, si elle est jugée en toute transparence, sans interférences politiciennes, sera peut être le début d'une coopération plus saine entre les deux peuples, algérien et français. Dans l'intérêt bien compris des deux pays.
D.B


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