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Seuls le mensonge et l'ignorance sont l'ennemi du peuple.
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 27 - 04 - 2012

Le mensonge et l'ignorance engraissent les tyrans. Et une société qui ne se nourrit pas de la vérité, du savoir et de la science, n'est pas seulement condamnée au déclin, mais a s'effacer inexorablement devant l'humanité qui avance, qui progresse et qui explore les pistes pour assurer sa survie.
On n'est pas contre les élections parce que nous haïssons H Ait Ahmed. Nous avons le plus grand respect pour la personne d'Ait Ahmed. Et nous aimons profondément notre pays que nous n'avons pas eu le temps, contrairement à celles et à ceux qui appellent au vote massif, de nous construire une carrière… « Vous êtes contre le scrutin du 10 mai, donc vous êtes contre le FFS. » Voila donc la logique dichotomique à laquelle les partisans de la participation veulent restreindre notre esprit et notre action. De même, certains universitaires, fideles aux traditions conformistes de l'élite algérienne qui remontent à si loin dans le temps, ne manquent pas d'ajouter du haut de leur faillite morale et intellectuelle la confusion à un climat déjà délétère, en lançant l'accusation selon laquelle le peuple qui se montre peu séduit par le scrutin du 10 mai, est un peuple imbécile et crétin. Ce discours n'est pas sans nous rappeler la position des intellectuels algériens au premier novembre 1954 lorsqu'ils avaient abandonné la décision politique à des patriotes à peine lettrés.
Notre pays est coincé dans des mensonges grotesques qui l'empêchent de se hisser au rang d'Etat nation. On ne peut pas reconstruire l'ordre politique national en organisant un scrutin et en refusant obstinément de démasquer le mensonge et de combattre l'ignorance. Il m'est donné pendant que je bourlinguais à travers les villes et villages d'observer la cupidité et l'ignorance des candidats investis de rétablir la citoyenneté et la démocratie sur leurs trônes respectifs. Comme j'ai eu tout le loisir de découvrir au cours de ces multiples périples le caractère odieux et pernicieux de notre administration en ce qu'elle a de chefs de daira, d'officiers, des services de sécurité, de juges et de procureurs…Leur déficit moral, leur conduite qui ressemble a s'y méprendre à celle de vulgaires délinquants capables de tuer pour un sou et leurs arguments construits dans une confusion générale sur des alliances contre nature, ont fourni le reste des éléments qui manquaient à ma conviction de boycotter et d'assumer mon devoir de citoyen en appelant les algériennes et les algériens a boycotter massivement le scrutin du 10 mai. Outre que nous ne disposons pas d'un personnel politique qualifié pour organiser une élection générale, mais nous voulons fuir cette réalité qui nous placés dans l'univers des faibles et des eternels assistés.
Le boycott pour lequel nous militons est une action citoyenne qui ne cible pas les personnes ou le régime despotique-en place depuis prés de soixante ans- qui continue à se nourrir de la sève d'un nationalisme pervers et criminel ; un nationalisme qui s'efforce a déflorer la providence et à graver sur la conscience collective la peur, les faux semblants, le mercenariat, la forfaiture, les complaisances les plus odieuses, la lâcheté et la ruse pour s'emparer par le crime et dans l'impunité des titres de gloire et de noblesse. Et dans cette folie collective qui dure depuis prés d'un demi-siècle, on a oublié que seuls la science et le savoir peuvent réellement auréoler l'homme de titres de noblesse et de gloire en le rendant plus libre que jamais.
Bouteflika, Zeroual, Boudiaf, Chadli, Boumediene, Benbella, Ait Ahmed, L Hanoun, Djaballah,… la presse et l'armée qui exerce la réalité du pouvoir depuis toujours sont le produit du 1er novembre 1954. Et tout ce beau monde continue d'agir à ce jour dans la logique du 1er novembre 1954.
Le boycott pour lequel nous militons consiste à restaurer la priorité de la science et du savoir et à rétablir la vérité dans ses droits. Un peuple privé de vérité, de savoir et de la science est un peuple asservi et extrêmement vulnérable devant l'humanité qui avance et qui progresse. Du reste, que valent une élection et une démocratie sans la science et le savoir ? Un peuple qu'on laisse dedaigneusement croupir dans le mensonge, l'incivisme, l'immoralité, dans la haine de l'intelligence et du savoir ne peut pas comprendre les enjeux du moment où relever les défis qui menacent même son existence.
Salué par tout l'univers dans le plus beau langage qu'on ait parlé dans ce monde, le 1er novembre 1954 peine aujourd'hui à cacher ses tares et ses échecs. Ce 1er novembre, construit dans la précipitation sur les querelles et les haines du mouvement nationaliste, sujet que nos élites bien pensantes évitent scrupuleusement d'évoquer dans leurs thèses et analyses pour expliquer et faire comprendre les turbulences et la faillite de l'Etat algérien, ne répond plus attentes et ne réagit plus à l'encens du régime qu'il a mis au monde. Pale, morne, livide, de ses décombres, il nous avoue chaque jour ses regrets d'avoir enfanté un monstre qui a fait de la cachoterie, de l'intrigue, de la suspicion et du mensonge une obligation de survie à chacun d'entre nous. Et parce que enfants de l'ignorance et adorateurs de mythes, nous refusons à ce jour de regarder les choses en face ; nous préférons nous retrancher derrière nos folles croyances bâties toutes sur tas d'impostures et de mensonges. Nous refusons de nous défaire de cette fausse légende.
Ainsi, au lieu de construire une école qui enseignera le savoir et la science, une justice qui aura le sens de l'équité et de la probité, des institutions bien établies au seul service de la citoyenneté et de la République ; ainsi, au lieu de former des cadres et des militants ayant le sens des responsabilités morales et civique, on se retrouve plus d'un demi-siècle après dans une Algérie qui n'est que l'ombre d'elle-même parce que déchirée par la lutte des clans, parce qu' on l'oblige a perpétuer les querelles ridicules et imbéciles du passé, parce qu'elle en lui interdisant d'accéder à la vérité et au savoir, on fait d'elle la proie préférée de tous les prédateurs et flagorneurs. Aujourd'hui, la peur, la haine et l'ignorance ont envahi toutes les parties sensibles de la République. Les liens construits à travers les siècles dans la souffrance, le sang et les larmes, qui unissent le peuple algérien risquent de voler en éclats.
Une élection, générale ou locale, qui n'est pas animée et portée par le devoir de vérité, n'est pas une réponse aux attentes légitimes du peuple, c'est une autre fuite en avant, un argument de plus à cette humanité qui avance, qui progresse et qui refuse de s'arrêter en si bon chemin de l'exploration de l'univers pour nous attendre.
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