Quel lien y a-t-il entre le scrutin du 10 mai et la voracité des puissances occidentales qui veulent « hégémoniser» l'univers et tout particulièrement le monde arabe ? Est-ce qu'en participant massivement au scrutin du 10 mai, le pays serait à l'abri des convoitises de la haute finance internationale et de la grosse industrie militaire ? L'Occident serait-il plus clément à l'égard de l'Algérie ? Hormis le scrutin du 10 mai, quel autre moyen avons-nous pour faire face à de telles menaces ? Sommes-nous en présence d'une classe politique meublée d'idiots et de crétins qui ne sait pas masquer ses ambitions? En imaginant une menace d'une telle ampleur qui fait courir le risque d'une conflagration du pays, la classe politique pense rallier à sa cause le peuple qu'elle exhorte à un vote massif le 10 mai prochain. Elle pense qu'avec la menace si dissuasive « si vous ne votez pas massivement le 10 mai, alors c'est l'Algérie qui va disparaître de la surface de la terre », le peuple changerait d'avis. Un piètre argument qui ne tient pas la route pour de nombreux citoyens. L'avenir est caché même pour ceux qui le conçoivent, le préparent et le tracent, par la violence ou par la paix et le dialogue. C'est ce que l'histoire n'arrête pas de nous enseigner depuis que le monde est monde. Le peuple algérien est uni. Il ne craint pas la menace et la conspiration des grandes puissances qui veulent l'asservir en faisant semblant de dérouler à ses pieds un monde meilleur ou la démocratie et les droits de l'homme s'érigeraient en loi fondamentale du pays. Il sait que les convoitises des « autres » sont nourries par l'arrogance et l'ignorance du régime algérien. L'Algérie, et on l'a dit à de nombreuses reprises et cela nous valu les foudres de quelques amis et camarades, n'est pas la Libye, le Bahreïn, la Tunisie ou la Syrie. Sans rien diminuer de la valeur de ces pays frères, il y a de l'intelligence, de la grandeur morale et de la noblesse chez l'algérien. L'Algérie qui a su se protéger contre la fièvre du printemps arabe en dépit de tous les appels l'incitant à la révolte, veut boycotter massivement le scrutin du 10 mai. Et pourtant, les algériennes et les algériens sont conscients des risques qu'encourt leur démarche. Ils n'ont pas besoin qu'on le leur dise. Ils le savent. Et ils sont malheureux. L'ignorance, la haine, le goût porté sur l'excès, la violence et l'insatiabilité, la barbarie et le passé plus que sombre et douloureux des dirigeants algériens qui ont bradé un héritage culturel et intellectuel de plus de 20 siècles, ont fourni au peuple la raison nécessaire de ne pas se rendre aux urnes le 10 mai. Par ses intrigues et ses jeux malsains, le régime a hypothéqué le destin de la nation en clochardisant à outrance la république. Et c'est ce même régime construit sur prés de soixante ans de mensonges et d'impostures qui a conduit le pays au naufrage qui appelle au sauvetage de la république… Comment peut-on reconstruire l'Algérie politique en l'absence totale de personnel politique qualifié ? Comment peut-on restaurer l'ordre politique lorsque l'on se retranche derrière le silence, les connivences, la complaisance et le mensonge qui ont corrompu l'imaginaire collectif de toute une nation ? Comment peut-on faire face à une puissance ennemie lorsque l'on confine son esprit dans des luttes fratricides inutiles et ridicules ou dans des revanches du passé ? Dans son esprit nourri des expériences récentes et lointaines de son passé, le peuple s'est armé d'une légitime prudence face à ses dirigeants. Il ne les croit pas. Le boycott n'est pas virtuel. Il faut être un idiot pour le penser et le dire dans ces moments difficiles que vit le pays. Le boycott dépasse la logique des clans qui se disputent la conquête du pouvoir depuis le premier novembre 1954. Il ne répond pas à la logique des pénuries programmées par ceux la mêmes qui appellent au vote massif, des violences terroristes aux identités multiples et des repentis démocrates remerciés par la junte. Le boycott n'est pas une politique ou une science incertaine pratiqués par des « chouaffates ». C'est un sentiment populaire profond que rien ne saura stopper ou ébranler. Son seul et unique mot d'ordre se résume à la fin du régime en place soutenu par ces démocraties occidentales et ces monarchies arabes qu'on veut nous présenter aujourd'hui comme Satan. Le boycott est un acte citoyen vertueux. Il est le produit du peuple. Aucune politique ne peut le manipuler. C'est ce qu'on appelle le génie du peuple. Il faut avoir de la grâce morale et intellectuelle pour le comprendre. Face au sentiment profond du peuple, le populisme n'est d'aucun secours politique. Lancer des accusations imbéciles, fabriquer de faux cv à des militants de race, jouer à la victime du régime et du DRS, accabler des pigistes ignorants et incultes non payés et non déclarés d'appartenance aux services secrets et inventer des menaces et des ennemis, cela ne changera rien à la donne. Il faut vous y faire messieurs les participationnistes et trouver des arguments autrement plus convaincants que ceux avec lesquels vous nous avez gratifié jusqu'ici. Quant à nous, militants anonymes de villages, nous voulons d'abord le scalp du régime et organiser ensuite des élections.