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Algérie-France : un capitalisme (1) de la violence
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 05 - 07 - 2012

A l'heure où se fêtent les cinquante ans de l'indépendance algérienne nous désirons aborder une idée trop souvent occultée : celle que l'Algérie et la guerre de libération nationale a permis à la France de développer un nouveau rapport à la guerre et à la violence, une nouvelle théorie qui part la suite sera capitaliser.
Il s'agit d'établir le processus de construction d'une violence spécifique, élaborée dans l'affrontement entre violence légalisée et violence légitimée dans le laboratoire des colonies ainsi que, une fois les décolonisations gagnées, la marchandisation, sous couvert d' « experts es violence », de ce nouveau type de violence. L'autre pendant de cette marchandisation est d'avantage de l'ordre du symbolique, avec l'insertion dans l'imaginaire national français, des catégorisations produites par cette violence originale et leurs traductions dans les instances coercitives de l'Etat français. Plutôt que de parler d'héritage nous préférons utiliser le concept tel qu'il est définit par Paul RICOEUR. En parlant de transmission c'est donc l'action volontairement exécutée de l'apprentissage. Il y a un maitre et un élève autour de ce qui, à partir de l'Indochine, constitue un nouveau savoir de la gestion de la peur de l'Autre. Peur paradoxalement constitutive de l'identité humaine mais qui conduira, par la réponse qui lui est désormais généralement apportée, à la négation de l'essence même de notre identité ; notre humanité.
A) Indochine-Algérie : mise en place de la doctrine subversive.
Dans l'imaginaire des guerres qui est présenté à la nation française et à sa succession d'écoliers la Seconde guerre Mondiale ait posée comme rupture, il en ait de même de la Guerre froide. Concernant la première, si rupture il y a n'est-ce pas d'avantage dans le fait que la guerre ne s'est jamais à ce point là étendu à la population civile, qui est désormais reconnue comme partie prenante des exactions, comme victime (3) , plus qu'au niveau idéologique ? La seconde est-elle réellement rupture, n'est-ce pas d'avantage la poursuite d'une idéologie, mis en place dans les laboratoires des guerres coloniales. C'est du moins ce que nous pousse à penser le général Compagnon, interrogé par Marie-Monique ROBIN (4) « J'ai compris aussi que cette guerre [en Indochine] n'avait rien à voir avec celle que nous venions de mener en Europe. – En quoi était-elle différente ? –La Seconde Guerre mondiale fut une guerre linéaire, avec un front vers lequel on progressait pour affronter les lignes ennemies et les repousser. C'est comme ça qu'on a libéré Alençon, puis Paris. Tandis qu'en Indochine il n'y avait pas de front, c'était une guerre de surface, avec des ennemis par conséquent qui sont partout, derrière vous, devant vous, à côté de vous. Nous étions en état d'alerte permanente ». Ce dont parle le général Compagnon, c'est la confrontation, par une armée française –dont les cadres proviennent dans leur majorité de l'armée de la Résistance- à une guerre d'un nouveau type. Celle pour l'indépendance, la libération d'un peuple. Et l'outil choisit est la guérilla. La guérilla, en soit n'est pas une méthode nouvelle. Utilisée, à travers les âges quand le rapport de force est défavorable a un affrontement direct, elle prend une nouvelle forme en Indochine car « si il n'a rien inventé, le Viêt-minh a su en revanche transformer la technique en un outil d'une redoutable efficacité, en l'intégrant dans un programme politique et militaire cohérent[...] » (5) Cette expérience Indochinoise se lira en permanence en filagramme dans les justifications de l'élaboration, en Algérie, d'un système de répression posant le renseignement et la torture ( son pendant inévitable), la configuration de l'ennemi comme étant la population civile ( et donc la nécessité de mener la guerre en son sein) comme inévitables et sera un des moteurs de la construction du mythe du militaire sauveur de la nation et de l'idéologie d'une société devant être militarisée pour être sauvée. Un des « apports » essentiel de la guerre Indochine est la construction, qui sera pérenne, de la 5ème colonne et du grand complot communiste. Les conséquences, qui apparaissent en Indochine et qui se verront en Algérie, sera l'apparition au sein de la hiérarchie militaire française mais également politique, d'une vision faussée des conflits anticolonialistes : les peuples luttant pour leur indépendance ne le font pas de leur fait mais car ils sont manipulés par les communistes, « convaincu que, pour satisfaire leur appétit de domination mondiale, les Soviétiques ont décidés de ne plus intervenir directement mais par des voies détournées, le haut commandement militaire en tire deux conclusions : d'un point de vue externe, la guerre d'Indochine dépasse désormais le cadre colonial français, pour s'inscrire dans ce conflit larvé qui oppose, par pays interposés, le Kremlin et le « monde libre » ; d'un point de vue interne, la démocratie est menacée par les agissements clandestins d'activistes liés au Parti communiste français, qui applique le consignes de Moscou, pour prendre le pouvoir à l'instar de leurs camarades de Prague. » (6) Donc s'opposer à eux est plus que lutter pour le maintient de l'intégrité de l'empire colonial français, c'est une lutte pour des valeurs, les valeurs des nations occidentales, celle de la lumière catholique contre l'obscurité subversive communiste. L'ennemi étant le communiste, visible ou caché, il est nécessaire de le repérer et de suspecter tous ses partisans, d'autant qu'il est au sein même de la Nation : ainsi les communistes français (7) sont soupçonnés de collusion avec les pouvoirs Russes ou Chinois, leur orientation idéologique devenant donc prédominante à leur citoyenneté. Avec la construction idéologique de la notion de 5ème colonne ou d'ennemi intérieur c'est la mise en place, de façon induite, de la croyance en un seul model acceptable de ce que doit être un citoyen français. La guerre d'Indochine, induisant une nouvelle perception de la guerre, marquera durablement de son sceau, l'appréhension du conflit algérien et la réponse qui lui sera faite. Ainsi Mathieu RIGOUSTE analyse que « pour les principaux stratèges de l'armée française, les soulèvements armés dans les colonies étaient en général perçus comme relevant de la « guerre révolutionnaire » inspirée par Moscou, dont ils redoutaient dans le même temps les projets d'invasion de la métropole par les troupes du Pacte de Varsovie. Ainsi à partir du début des années 1950, les grèves ouvrières de 1947-1948 en France comme les soulèvements de Sétif en 1945 et de Madagascar de 1947 étaient généralement analysés comme les éléments d'une stratégie globale de l'Union soviétique pour détruire l'Empire français et fragiliser la métropole. Certains y croyaient réellement, d'autres peut-être moins, mais le fait est que cette analyse a permis de justifier l'élaboration en Indochine puis en Algérie, d'une machine de contrôle susceptible de « sauver l'Occident face à des populations civiles luttant pour l'abolition du domaine impérial français » (8) Elle verra l'émergence de la nécessité d'un contrôle accentué de la population dépendant du gouvernement français. En Algérie, cette nouvelle nécessité de contrôle social s'appuiera sur les appareils de gestions déjà existants de la population coloniale inhérents au système impérialiste français. Ce contrôle avait un but ultime : cerner l'ennemi intérieur et le détruire. L'Indochine puis l'Algérie verront ainsi émerger la construction de catégories humaines, chevauchant ou se fondant dans les catégorisations juridiques française coloniale, « l'inclusion de la guerre coloniale dans la guerre froide a constitué un laboratoire de la répression, où, à travers la figure de la subversion, on a fait fusionner les figures du révolutionnaire, de l'étranger et du colonisé » . Nous reviendrons, par la suite sur la création de ces cadres imaginaires et politiques de l'Autre. D'Indochine en Algérie c'est donc la mise en place d'une doctrine contre-subversive, qui prendra aussi l'appellation de guerre contre-révolutionnaire ou guerre antiguérilla.
On a généralement conçut la venue des anciens d'Indochine en Algérie comme celle d'une armée aigrie de s'être faite volée une victoire. Mais, en s'intéressant à la mise en place et au développement de la guerre antisubversive, il est possible de proposer une lecture plus nuancée des faits. L'Indochine verra en effet la victoire au sein de l'idéologie militaire et de ses institutions, de ceux que Mathieu RIGOUSTE nomme les officiers « coloniaux » . Ainsi en est il du colonel Charles Lacheroy idéologue et promoteur de la guerre antisubversive. Il élaborera sa pensée en Indochine et la théorisera et répandra au sein de l'Ecole supérieure de guerre ainsi que dans le Manuel d'instruction de l'officier de renseignement en Algérie . Marie –Monique ROBIN , se penchant sur l'apport de ce colonel nous dit ainsi que « mécanique et quasi clinique la modélisation proposée par Lacheroy repose sur une double conviction, récurrente dans le discours militaire sur la « guerre révolutionnaire » : privées de volonté propre, les « masses amorphes » sont la proie d'une poignée d'agitateurs machiavéliques, qui les « pourrissent » tel un cancer social. Pour soigner le corps malade il suffit donc d'extraire les métastases révolutionnaires, ce qui implique bien sûr de savoir les identifier, condition sine qua non de leur neutralisation. En d'autres termes et pour reprendre la métaphore de Mao, pour détruire le poisson, il faut le retirer de son eau. In fine, l'acte essentiel de la chirurgie est donc le « renseignement ». » Dans la même lignée que le colonel Lacheroy , le colonel Trinquier se fera porteur et théoricien de cette nouvelle guerre et de son rapport à l'Autre qui repense entièrement la société nationale et le rôle du militaire en son sein. En 1956, lorsque après la défaite de Diên Biên Phu , les troupes de carrières sont envoyées en Algérie, tout est prêt pour faire de ce nouveau territoire, et de la nouvelle bataille qui les attend, le laboratoire de l'expérimentation de cette nouvelle approche de la guerre : la théorie a été pensée et élaborée, les moyens et outils conçus, le pouvoir politique doublement soumis. Si, comme le rappel Pierre VIDAL-NAQUET, « c'est en Indochine que pour la première fois, dans l'histoire contemporaine, l'armée de métier, au contact d'une révolution coloniale, tente de penser politiquement. C'est aussi là que sont théorisées les pratiques criminelles de l'armée » , l'Algérie représentera l'expérimentation sur le terrain, l'affinage des méthodes ainsi que leur popularisation au-delà des frontières nationales, faisant pour les décennies à venir de l'armée française, la triste dépositaire d'un savoir de mise en pratique d'un nouveau type de violence.
D'Indochine en Algérie il y a donc bien transmission et contamination. Transmission qui a lieu au niveau de deux groupes humains : les militaires et théoriciens de la guerre antisubversives présents en Indochine transmettent un savoir aux restent des troupes françaises présentent en Algérie et qui n'avaient pas été engagés dans le conflit asiatique. Transmission également au niveau géographique : des rizières indochinoises aux oueds algériens. Contamination, car le gouvernement français, en acceptant dès 1956, de déléguer les insignes régaliennes aux militaires, en cautionnant, par le déni, la volonté de ne pas savoir ou en en faisant sienne, la doctrine antisubversive, a intégré en son sein une certaine vision de l'Autre et du rapport qu'il est nécessaire de lui développer.
B) D'un système étatique tortionnaire à l'ennemi intérieur
En Algérie va se mettre en place un système de violence spécifique qui trouve ses sources autant dans l'expérience indochinoise que dans une réalité juridique particulière, celle de citoyens de seconde zone, perçus en permanence comme un danger. « Construction juridique, sociale et politique des français » l'Algérie est un non sens en elle-même. Colonie de peuplement devenue département français, elle conduit par une logique coloniale, non-logique en elle-même, à maintenir sur le sol national français et au sein des institutions étatiques deux types de juridictions et de citoyenneté qui conduisent à la mise en place d'un statut de nationaux non citoyens, et d'une gestion de l'autre par la violence permanente . Nous avons vu dans la première partie que le système impérialiste et capitaliste qui lui est lié, était porteur en lui-même de violence. A cette violence que l'on peut nommer « d'originelle », l'Algérie verra se superposer une violence guerrière, institutionnelle et symbolique inédite : « Avec cette tache nouvelle [le maintien de l'ordre], l'armée atteint les limites au-delà desquelles la légitimité de la violence d'Etat est contredite par sa mise en œuvre concrète. [...] Installée dans une poche de non-droit au sein de l'espace public, la pratique de cette violence par des militaires en service interpelle la légalité et lui résiste, car elle s'impose comme un élément absolument nécessaire à la répression. Ayant affirmé la légitimité des combats, le pouvoir politique se trouve dans l'obligation d'autoriser certaines pratiques voire de leur donner un aspect légal : c'est moins la loi qui guide la guerre que la guerre qui dicte sa loi » . Cela tient en grande partie à un double paradoxe : jamais déclarée en guerre, l'Algérie verra pourtant de 1954 à 1962, s'installer le règne de la terreur. Terreur due au choix de la lutte de guérilla par le FLN ( l'insécurité est un sentiment dominant dans les zones touchées par la « rébellion »[...] Les embuscades n'ont en effet pas besoin d'être fréquentes pour être marquante. Elles sont tactiquement l'arme par excellence d'un adversaire pauvrement équipé et bien inséré dans le pays : elles sont la signature de la guérilla » ) à laquelle répondit la contre –terreur développée par les forces répressives. Revendiquée comme simple opération de maintient de l'ordre la répression glissera des mains des forces civiles de contrôles – la police – aux mains des militaires. Paradoxe également dans la production de textes juridiques produits par le IVème République et la Vème République naissante, qui par leurs existences même rendaient légales et intégrées au sein de la Nation des méthodes dénoncées et combattues par le même Nation quelques années auparavant face au nazisme. Textes rarement amendés jusqu'à nos jours. Le résultat fut l'élaboration d'un système répressif basé sur la torture, avec ses cadres spécialisés, ses textes, ses théories justificatives et même ses « victoires ».
En 1956 face à l'accentuation de la guerre menée par le FLN, le gouvernement français décide d'accentuer son opération de maintient de l'ordre. Et pour ce faire accentue le recours à l'armée. Ce recours sera de deux sortes : le rappel des classes d'appelés ainsi que le déploiement en Algérie des troupes dégagées d'Indochine. Par les décrets successifs signant cet état de fait la IVème République mélange les genres, et suscite la naissante d'une violence d'un nouvel ordre. Ainsi que nous le rappel Raphaëlle BRANCHE, « quand la gestion quotidienne du rapport colonial cède la place à la répression d'un soulèvement de grande ampleur, d'autres violences, doublant les pratiques policières apparaissent » . En faisant appel à l'armée pour s'opposer aux oppositions présente au sein de sa République, les institutions étatiques portent en réalité la guerre au sein de la Nation et favorise ainsi la mise en pratique de la nouvelle guerre conçue en Indochine. En effet, comme le théorise le colonel Lacheroy, désormais l'ennemi est caché au sein de la population civile, elle-même jugée dangereuse par le soutient qu'elle lui apporte. En Algérie cette idéologie aboutira à ce que la guerre soit portée au sein de la nation française par un Etat français démissionnaire et qui refusera l'appellation de guerre, créant ainsi un contre-sens et un flou juridique dont sauront se saisir les militaires pour développer leur guerre antisubversive. C'est ce qui ressort, entre autre de l'attitude du général Salan envers les textes législatifs « [...] le général Salan puise dans le volant constitué par les réserves et réclame des effectifs supplémentaires. A le lire, les militaires n'utilisent plus « les moyens et les procédés de combat classiques » mais des moyens « d'ordre administratif ou judiciaire », leurs « armes sont : les textes des codes, lois, décrets, arrêtés, instructions » Pourtant si, sur certains points, la législation se coule dans les formes de la « guerre révolutionnaire », elle est loin d'autoriser tout ce que ses théoriciens pourraient souhaiter. [...] Un an après son arrivée, les officiers du corps d'armée d'Alger s'en plaignent tous : « La forme spéciale de ce conflit moderne place chacun devant des missions qui, sortant du cadre traditionnel de la guerre classique, ne sont pas codifiées, : les consciences se trouvent alors face à un dilemme douloureux qu'elles répugnent parfois à résoudre, en l'absence de directives précises » ; « l'insuffisance du code pénal » est critiquée ; le « manque de directives fermes et nettes concernant la conduite de la guerre révolutionnaire » est unanimement déplorée. De fait, le contexte de la « guerre révolutionnaire et le flou qui caractérise ses prescriptions pratiques peuvent aboutir à des exactions [...]. » Contant dans ses rangs des anciens ou encore en services membres des renseignements formés lors de la Seconde Guerre Mondiale, des militaires bercés par l'idéologie de la guerre froide où le renseignement devient un outil indispensable et son obtention un enjeu primordiale, l'armée français va développer en Algérie une stratégie du renseignement. Le second pan des opérations militaires en Algérie sera la guerre psychologique. Enjeu du renseignement et enjeu psychologique, telles sont les deux pierres d'achoppement de la « guerre contre-révolutionnaire » que sera mise en place en Algérie. Ces deux domaines seront, avec la prise en main des pouvoirs de l'autorité étatique par l'armée, l'affaire de spécialistes formés selon des directives scientifique. Ainsi outil conçut comme indispensable de l'obtention du renseignement, la torture, bien qu'ayant toujours existée, deviendra durant la Guerre de Libération Nationale « scientifisée ». Dans le domaine de la guerre psychologique, l'outil indispensable est l'encadrement de la population, sa catégorisation, le fichage des relations entretenues par les membres de la société civile. Bien que mis, ici dos à dos, ces deux domaines se rejoignent généralement, tant au niveau des mains dans lesquels ils sont réunis, que par la double casquette des cadres chargés de les mettre en action. Ainsi la torture est-elle le but ultime du renseignement ou en réalité un outil de d'encadrement social ?
Dès l'Indochine les tenants de la guerre antisubversive imposent la nécessité de l'obtention et de la détention du renseignement comme outil indispensable à toute victoire sur un ennemi perçut comme non traditionnel. Face aux structures inédites d'une guérilla désormais insérée dans un appareil politique, les militaires français revendiquent la nécessité de la connaissance de l'ennemi, de ses structures qui doivent être identifiées et mises hors d'état d'agir . Pour ce faire le renseignement ne doit pas être conçut comme un recours marginal mais doit être le centre d'une guerre nouvelle. En Algérie la recherche du renseignement va donc s'inscrire dans toutes les institutions, pénétrant peu à peu tous les espaces institutionnels : des organismes spécialisés : les DOP ( Détachement Opérationnels de Protection ), à la mise au pas du pouvoir judiciaire avec l'instauration de régimes de jugements inédits jusque là . A travers la politique de renseignement un objectif majeur : démanteler la branche politique du FLN , détruire le cancer rongeant la population et sans lequel celle-ci serait saine.
Créés en 1957, les DOP sont affiliés au service RAP « vaste organisme de contre-espionnage spécialisé dans le renseignement, l'action et la protection » . Leur mission est précise : « cette section [des RAP] a été crée pour adapter « aux commandements militaires des organismes susceptibles de mener la guerre non orthodoxe avec les moyens non conventionnels » » . Peu à peu les DOP deviennent le pivot de la guerre de renseignement menée en Algérie. Indépendants des autres services les DOP possèdent leurs locaux propres ainsi que leurs employés spécialisés. Les DOP, à eux seuls résument l'ambigüité des actions menées en Algérie : reconnu au niveau légal, une part de leur système est situé en dehors du champs légal ( et dans ce cas là on peut parler de connu mais non reconnu). Raphaëlle BRANCHE résume cette ambivalence à propos notamment, du statut et du devenir, au niveau de la loi, des détenus des DOP : « quand ils sont dans les locaux des DOP, les individus, plus souvent qualifiés de « clients » ou de « colis », sont dans une zone de non-droit. Aucune des limites imposées à l'usage de la violence n'a de sens, aucune des règles administratives concernant la durée de détention non plus. Mais ces violations du droit ont un statut particulier puisqu'elles sont presque reconnues » .Les DOP sont les véritables professionnels et spécialistes de la torture , leur métier c'est le renseignement. Envahissant peu à peu tous les secteurs de l'armée ( en étant notamment présent aux côtés des patrouilles en opérations pour pouvoir procéder à l'interrogatoire immédiat des prisonniers ), les DOP servent de véhiculeurs d'une violence hors-normes, posée comme incontournable et nécessaire.
Qui dit renseignement dit, traditionnellement, torture. Est révélateur le terme question . Titre de l'ouvrage du journaliste Henri Alleg, qui nomme ainsi le livre où il relate les exactions qu'il a subit de la part de l'armée française, la question dans le langage courant est synonyme d'interrogation. Mais qui se souvient, à propos de ce terme utilisé quotidiennement que c'est également ainsi que l'inquisition qualifiait sa méthode d'obtention d'aveu. La question signifiait la torture. Ces glissements sémantiques nous les retrouvons durant le Guerre de Libération Nationale comme le démontre Raphaëlle BRANCHE. Dans les archives qu'elle a compulsé le terme de torture apparait rarement voir jamais. En lieu et place apparaissent de multiples superlatifs : « les archives de l'armée de terre n'emploient pas le mot « torture ». Pourtant c'est bien cette réalité que désignent les journaux de marche et opération (JMO), les directives et les bulletins quand ils parlent « d'interrogatoires » qualifiés de « musclés », « serrés » ou « sous la contrainte » [...]. C'est aussi ce que le capitaine Estoup déclare au procès du lieutenant Godot, officier du 1er REP accusé de participation active aux attentats de l'OAS, quand il établit une liste de synonymes devenue célèbre : « Monsieur le président, en langage militaire, on dit « faire du renseignement », en langage du monde in dit « presser de questions », en français on dit « torturer » » . Ce fait de ne pas nommer les choses se veut la volonté de se dédouaner d'un acte que l'on sait répréhensible malgré toutes les justifications qui lui sont données. Ce rapport mal-dit est à insérer dans le non-dit qui traversera les décennies suivantes et alimentera les débats autour de la reconnaissance mémorielle liée à la Guerre de Libération Nationale. Ce mal-dit aura partie agissante sur le « mal-aise » qui suivra la signature des accords d'Evian et se poursuit de nos jours.
La torture est ainsi adoptée par les militaires mais également par l'imaginaire civil comme l'outil nécessaire d'obtention de résultats. Cet état des choses est rarement remis en cause même de nos jours. Ainsi on assiste depuis le 11 septembre 2001 et la déclaration et l'expansion de la lutte contre le terrorisme à la légitimité de l'usage de la torture que nous pouvons résumer comme suit : si obtenir un renseignement permet d'empêcher l'explosion d'une bombe, si donc torturer un individu permet d'en sauver dix autres, la torture n'est elle pas légitimable ? Plutôt que de s'opposer à cet argument au nom du sens moral et de l'intégrité imprescriptible de la dignité humaine , nous préférons ici dénoncer l'argument fallacieux qui est celui de l'efficacité de la torture dans l'obtention du renseignement. Contrairement au mythe, la torture n'est pas efficace. Très souvent les aveux obtenus s'avèrent faux, la victime disant tout ce qui peut faire plaisir au bourreau afin de faire cesser la douleur. Le cas échéant où les aveux sont réels ils sont généralement inefficaces les structures des opposants étant conçues pour faire face à cette éventualité. Le but final de la torture est de détruire l'humanité de l'individu et à travers lui, l'humanité de sa société, et non d'obtenir un renseignement. Le processus mis en place lors de l'acte torture est particulièrement révélateur de cette volonté. Il est institué dans un espace binaire: moi et l'autre, moi et l'ennemi. Mais torturer c'est d'une certaine façon reconnaître son humanité à l'autre. Je le torture en sachant comment il réagira à la souffrance car c'est un être humain. Il s'agit donc dans un premier instant de transformer le sous homme, le colonisé en humain au même titre que moi. Cette individualité et cette humanité lui est reconnu un cours instant lorsqu'on met à jour le nom du prisonnier, son réseau familial et de solidarité. Mais aussitôt, il est nécessaire pour le bourreau, afin de se préserver, de nier l'essence humaine de l'être qu'il torture. Et pour ce faire on doit détruire ce qui fait son identité en tant qu'être particulier, nier sa spécificité et ne garder que son côté universel, d'individu collectif. Dès lors en torturant ce n'est pas Mr ou Mme Untel, ayant des enfants, allant à la mosquée, aimant manger des sucreries qui sont torturés mais une sorte de symbole. Les terroristes, les ennemis de mon peuple. C'est une négation d'une société entière qui veut être atteinte à travers un individu. Et en cela le corps n'est que réceptacle, liaison avec cette identité collective que je combats. Et le processus ultime de la torture consiste à laisser ainsi l'individu, en ne lui permettant pas de se reconstruire en tant qu'être individuel et spécifique. L'acte de torture est un acte unifiant. Il implique tout autant, si ce n'est plus, le bourreau que sa victime. Françoise Sironi nous montre que le bourreau est d'une certaine façon lui même victime. On ne nait pas bourreau affirme t'elle, on le devient. Il y a donc un processus et une formation pris en charge par le système au sein duquel le bourreau va officier. Les bourreaux se caractérisent par leur perte d'empathie. L'autre ne peut plus être reconnu comme semblable, et ce d'autant moins dans un contexte de colonisation. Ainsi on peut supposer que le système colonial est, d'une certaine façon prédisposé à la torture parce qu'inscrivant dans son principe fondateur la négation de l'autre comme égal. A ce développement il pourrait nous être répondu le succès de la bataille d'Alger, succès basé sur l'obtention, le traitement et l'exploitation rapide du renseignement issu de la pratique de la torture. Cependant, au-delà la victoire, de courte durée , suscitée par la bataille d'Alger, que sont les conséquences en termes de psychologie : susciter une haine tenace de la population envers le pouvoir militaire et colonial, détruire durablement toute une génération : celle des bourreaux et de leurs victimes, marquer les descendants de ces acteurs, construire des sociétés où ce temps de l'inhumanité totale, de la négation de la part d'humain du côté du bourreau et de sa victime, perdurera et hantera tout rapport social soumis à la violence, si ce temps est juste enfoui dans la mémoire des acteurs . La torture, loin de procurer des renseignements fiables concours à détruire une part de l'humanité de l'individu, à créer des sociétés blessées et fragilisées, voir à poser la violence absolue comme norme de rapport à l'autre au niveau de l'individu et comme gestion normalisée de toute opposition à un pouvoir se sachant non légitime. Cette violence absolue, si elle n'est pas exorcisée et évoquée se verra reproduite par ceux là même qui en ont été victimes et deviendra norme du système héritié de cette violence. Se fut le cas en Algérie. C'est ce que Françoise SIRONI nous rappelle en concevant l'hypothèse d'une fabrication d'un bourreau par un système implique la nécessité de traiter les bourreaux et les victimes, sous risque de mise en danger de la société. Mise en danger devenant effective dans le cadre de leur réinsertion dans leur société d'origine. A cela on peut ajouter les nombreux ouvrages d'hommes ayant été au sein des appareils et vu pratiquer le système tortionnaire mais également les rapports publiés par des ONG : ainsi les dossiers du site Algeria-Watch , Le livre noir de l'Algérie , la Sale guerre d'Habib Souïdia , Chroniques des années de sang de Mohammed Samraoui , le Livre blanc sur les répressions en Algérie publié par les éditions Hoggar et interdit en France....
Ainsi le but de la torture n'est pas tant l'obtention du renseignement que la destruction, par l'instauration de terreur, de toute velléité de rébellion et d'opposition. Toutefois son efficacité ne peut être conçut comme complète que si elle s'accompagne d'un contrôle social de la population civile. Le contrôle social de la population civile, résumé en terme d'action psychologique, se met en place en Algérie à l'aide de deux outils : les SAS et les déplacements massifs des populations civiles dans des camps de regroupements : « le regroupement en lui-même est une violence : quelles que soient les précautions avec lesquelles il peut-être accompli, il s'agit toujours de détruire des maisons, de faire quitter leurs village et leurs terres à des populations civiles. » Récusant l'idée qu'il ne s'agissait que d'opération à but uniquement militaire Raphaëlle BRANCHE inscrit le regroupement dans le cadre plus large de l'action psychologique : « Selon lui [Michel Cornaton] leur but [aux regroupements] est strictement de sécurité militaire, il ne s'agit pas de casser les structures sociales et économiques locales comme se fut le cas lors de la conquête. Ce point de vue doit pourtant être nuancé quand on prend en considération la manière dont la sécurité militaire est pensée. De même que les unités de réserve générale visent à disloquer les katibas pour mieux les réduire, les camps de regroupement ont pour but de détruire les solidarités qui unissent les villageois aux « rebelles ». La sécurité militaire passe bien par un bouleversement social ; il ne s'agit pas d'un simple déplacement. Ailleurs, cette volonté prend le visage de la « structuration » véritable réorganisation sociale, qu'un de ses défenseurs définit sur le modèle du contrôle des populations soviétiques tandis que ses adversaires dénoncent une « copie servile des procédés qui ont réussis en Chine, en Indochine ». » Les SAS, sont le pôle « social » de la lutte psychologique. Elles ont pour but de créer des services de santé et de scolarité, mais également de réorganiser les villages. Le but réel est de « reprendre en main » la population et ainsi de détruire l'influence du FLN. A travers la mise en place des SAS c'est la vision d'une population victime du FLN, et non partie prenante, qui subit plus que n'encourage la lutte pour la libération qui continue à être véhiculée. A travers l'action psychologique c'est la population civile qui est conçut comme acteur de la guerre, ennemi. Cette perception est présente dans la conception de la guerre antisubversive comme nous l'avons déjà souligné et est prégnante de l'idéologie des DOP, qui recherchant le renseignement conçoivent tout citoyen comme possible détenteur d'information et donc comme ennemi.
L'autre point essentiel sur lequel s'appuie l'idéologie de guerre contre-guérilla est la catégorisation et l'identification. Tzvetan Todorov dans La vie commune fait ce rappel essentiel concernant la science anthropologique « elle cherche à mettre en lumière la définition implicite de l'humain lui-même [...] ».
Conclusion :
Nous avons vu qu'en Algérie voit le jour une torture rationnellement pensée avec ces cadres spécialisés, mais également une théorie rodée par son application sur le terrain. Se sont ces deux points qui seront exportés de deux façon par la Vème République française et ce, de deux manières, correspondants à deux temps historiques : plus ou moins à son corps défendant dans un premier temps, la suscitant et en obtenant un capital financier mais également symbolique dans un second temps. La France va ainsi capitaliser l'expérience acquise en Algérie dans la guerre contre-insurrectionnelle. En exportant ces méthodes aux Etats-Unis comme nous le révèle entre autre le Général Aussaress, mais également dans tous les pays qui forment, après les indépendances, la Françafrique par le biais de ses barbouses qui soutiendront, voir penseront les coups d'états et les mises en place de dictatures dans les pays d'Afrique. De là, cette méthode s'étoffera et se perfectionnera, chaque pays ajoutant à cette violence scientifique , sa propre expérience : les Etats-Unis vers les pays d'Amérique latine notamment, l'Algérie qui conservera et reproduira la méthodologie française de terreur ( avec un pic durant les années « sombres) agrémentée dans ce cas là de l'expérience soviétique. Enfin suite aux attentats de 2001 cette méthodologie de guerre contre-insurrectionnelle, cette violence scientifisée et légitimée, connaitra un renouveau de succès et se posera durablement dans le paysage des relations internationales. A savoir si les « printemps arabes » verront ce système mis aux oubliettes.
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(1) Le choix de cette appellation et sa justification sera expliqué dans le développement de cet article. Il doit beaucoup à la lecture et l'analyse des ouvrages de BRANCHE Raphaëlle, La torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie, éditions Gallimard, Paris, 2001 ; de RIGOUSTE Mathieu, L'ennemi intérieur, la généalogie coloniale et militaire de l'ordre sécuritaire dans la France contemporaine, éditions La Découverte, Paris, 2009 ( avec notamment l'intitulé de son chapitre « La France dans le capitalisme sécuritaire mondialisé », p. 286) et ROBIN Marie-Monique, Escadrons de la mort, l'école française, éditions La Découverte, Paris, 2004, 2008.
(3) Comme en témoignent les textes législatifs naissant à la fin de cette guerre ( les accords de Genève entre autre) et qui ont pour objectifs de réglementer et d'encadrer plus que jamais les guerres, désignant, au niveau législatifs, les combattants et ceux qui ne le sont pas
(4) ROBIN Marie-Monique, ibid, p.21
(5) ROBIN Marie-Monique, ibid, p.22.
(6) ROBIN Marie-Monique, ibid, p.35.
(7) Comme plus tard les communistes américains
(8) RIGOUSTE Mathieu, ibid, p.22.
(9) RIGOUSTE Mathieu, ibid, p.22.
(10) RIGOUSTE Mathieu, ibid, p. 24.
(11) ROBIN Marie-Monique, ibid, p.43.
(12) ROBIN Marie-Monique, ibid, p.43.
(13) Cité par ROBIN Marie-Monique, p.55.
(14) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.11.
(15) Pouvant compléter ce que nous avons déjà démontré auparavant Raphaëlle BRANCHE soutient que « dans tous les cas, la répression militaire des mouvements nationalistes intervient au terme d'une histoire coloniale ancienne non exempte de violences. Le rapport colonial existe sous diverses formes et il ne saurait être question d'affirmer qu'il se résume à la brutalité et à la violence. Cependant celle-ci est toujours présente, vérité ultime de ce rapport de forces, mobilisée dès que nécessaire par la puissance coloniale. » ( BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.31.)
(16) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.22.
(17) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p. 43.
(18) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.30
(19) Qui donnera les pouvoirs en matière de police, prérogatives du pouvoir civil, à l'autorité militaire, au niveau de toute l'Algérie, par le décret du 28 juin 1958.
(20) Instruction du général Salan, 30 avril 1957, 1H 1377/8
(21) BRANCHE Raphaälle, pp.108-109.
(21) « La priorité donnée au renseignement, justifiée par la désignation d'un nouvel ennemi tapi au cœur de la population, change radicalement les contours de la guerre. Le choix de l'efficacité par tous les moyens devient dominant dans l'armée d'Algérie, en accord par les autorités politiques » in BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.223.
(23) Là encore le pouvoir civil ne fait que ratifier après coup des réalités sur le terrain. Un des exemple les plus représentatifs, mentionné par Raphaëlle BRANCHE, à partir de 1957, la création des CTT et de l'assignation à résidences qui veut apporter une réponse juridique à un dilemme posé aux militaires : que faire de prisonniers qui n'en sont pas, puisque la France n'est pas en guerre ( une des conséquence de ce flou fut entre autre la généralisation des « fuyard abattus » ).
(24) L'OPA : l'Organisation Politique et Administrative du FLN
(25) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.195.
(26) BRANCHE Raphaëlle, ibid,p.196.
(27) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.210.
(28) Prisonniers, généralement exécutés sur place, une fois les informations recueillies.
(29) « Bien plus, tout se passe comme si les DOP radicalisaient les présupposés et les méthodes de services habituels de renseignement, en allant jusqu'au bout de la logique des raisonnements des théoriciens de la nouvelle guerre qui s'est imposée à partir de 1957 », in BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.211.
(30) « Retrouvant l'équivalence que le mot latin quaestio opérait entre interrogatoire et torture, l'emploi du substantif seul peut être synonyme de torture » in BRANCHE Raphaëlle,p.60.
(31) ALLEG Henri, La question,
(32) BRANCHE Raphaëlle, ibid, pp.60-61.
(33) Argument qui aboutirait à un dialogue de sourd, puisqu'il pourrait être rétorqué que de toute façon c'est eux qui ont commencé, que eux ils ne tiennent pas compte du prix d'une vie. Cette logique conduit toujours à remettre sur l'Autre la responsabilité de ses actes. Ainsi, cités par Raphaëlle BRANCHE, « décrivant ces taches [l'obtention du renseignement et la pratique de la torture] le colonel Trinquier et l'aumônier parachutiste Louis Delarue précisent que le « métier de policiers » ne leur plaît pas » mais que « ce sont les fellaghas qui, se conduisant en bandits nous obligent à faire ce métier de policiers », ibid, p.111.
(34) Les cellules du FLN à Alger étaient conçus de sorte à ce que tout membre ne connaissent que deux ou trois autres membres, ce qui limitait le risque en cas d'arrestation et donc de torture. De même consigne était donnée aux activistes de tenir quelques heures, le temps d'alerter et de dissoudre la cellule, puis d'avouer.
(35) SIRONI Françoise, Comment devient on un bourreau? Les mécanismes de destructions de l'autre, Conférence prononcée au Collège de France le 31 Janvier 2001, dans le cadre du séminaire de Physiologie de l'action et de la perception dirigé par le Professeur Alain Berthoz
(36) Le FLN ne reprendra le contrôle de la Casbah qu'à partir de 1961.
(37) Ce qui fut généralement le cas en France mais également en Algérie.
(38) Bien que les états en face parfois rapport et commémorations manipulée.
(39) SIRONI Françoise, Bourreaux et victimes, psychologie de la torture, éditions Odile Jacob, Paris, 1999.
(40) www.algeria-watch.org
(41) Le Livre Noir de l'Algérie, documents rassemblés par reporter sans frontières, Ed Mimosa, 1995
(42) SOUAIDIA Habib, La Sale guerre, Ed la découverte, 2001
(43) SAMRAOUI Mohammed, Chroniques des années de sang, Denoel, 2003
(44) Livre Blanc sur les répressions en Algérie, Ed Hoggar, 1995
(45) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.282.
(46) BRANCHE Raphaëlle, ibid, p.282.
(47) En terme d'influence
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