Une grande partie de la presse écrite a publié récemment une information faisant état d'un arrivage de douze mille (12000) syriens réfugiés en Algérie sur une période d'un mois seulement. Un journal privé arabophone proche des tenants du pouvoir, s'est permis même de commenter l'information par l'expression d'«un véritable déferlement de réfugiés syriens dans le pays», et pour mieux stigmatiser cette communauté, il a annoncé que juste 5% de ces syriens sont en situation régulière, autrement dit, le reste sont des clandestins. Le nombre extravagant de 12000 syriens en moins d'un mois, a apparemment était communiqué par une source du Ministère de l'intérieur, ce qui porte à croire qu'il s'agisse bien d'un projet de propagande anti-présence de syriens fuyant la désolation commise par le régime de Damas. La Turquie, le Liban et la Jordanie qui partagent d'importantes frontières terrestres n'ont pas enregistré d'afflux massifs de réfugiés syriens de cette ampleur en un laps de temps pareil. A titre indicatif, le nombre de syriens qui ont trouvé refuge en Turquie, premier pays à avoir ouvert ses frontières au lendemain du commencement des tueries, soit plus d'une année de cela, est de 40 000, autrement dit, une arrivée moyenne de moins de 4000 personnes par mois. Le Liban compte à lui, a accueilli environ 30 000 réfugiés, soit une moyenne 2500 par mois. En Algérie, c'est à partir d'une banale dépêche publiée par la presse, portant sur la présence près d'une mosquée de quelques syriens à Bechar, une ville garnison au sud-ouest du pays, demandant la charité auprès des croyants en ce mois de jeûne, que l'information sur les ressortissants syriens en Algérie ait pris une ampleur démesurée, amplifiée exponentiellement en moins de dix jours, pour en arriver à un «déferlement de 12000 réfugiés» aérotransportés provenant de Damas en moins de 30 jours. Que représente une arrivée de 12000 syriens à l'aéroport Houari Boumediene en 30 jours, étant donné qu'il s'agisse de la seule frontière (aérienne) avec la Syrie. Les syriens sont soumis au système de visas pour rejoindre les pays limitrophes, la Tunis et le Maroc, et de ce fait ils ne peuvent accéder par les frontières terrestres algériennes. Le chiffre fou énoncé par les autorités représente physiquement parlant, un atterrissage sur le tarmac dudit aéroport, d'un Boeing 747 ou bien de deux B767, pleins à craquer de ressortissants syriens et ce quotidiennement jour après jour, pendant tout un mois, et ceci n'a pas eu lieu, malheureusement. Savez-vous combien coûte le billet d'avion Damas-Alger en Syrie ? Pas moins de quatre-vingt mille (80 000 DA) dinars par personne, soit 400 000 DA pour une famille de 5 membres, et ces dernières sont nombreuses sur la place de Port-Said à Alger. Un prix excessivement coûteux et c'est d'ailleurs le motif qui a poussé le porte-parole du Ministère des affaires étrangères d'Algérie à ouvrir une cellule d'urgence pour suivre le rapatriement des algériens se trouvant en Syrie, incapable de se payer un voyage si onéreux. Le même porte-parole a sollicité d'ailleurs, la Compagnie Air-Algérie à faire plus d'effort pour réduire de 50% le prix du transport au lieu de 30%, pour que ces algériens puissent fuir la Syrie. Les familles syriennes démunies ne peuvent malheureusement pas se permettre de payer un tel voyage. L'annonce d'une arrivée massive de 12000 syriens en un mois est purement imaginaire et grotesque. Mais l'annonce est loin d'être naïve et sans calcul. Si l'information du Ministère de l'intérieur s'avéra fondée, il s'agit alors d'une véritable instrumentalisation de l'information à des fins politiques. En effet, le communiqué parle de mesures préventives que compte entreprendre le gouvernement sur ce sujet. Il indique d'éventuelles intentions du gouvernement algérien à revoir d'une manière unilatérale, les modalités de voyage pour les syriens voulant se rendre en Algérie, par un durcissement des conditions relatives à la mobilité des personnes, prévues dans les accords bilatéraux Algéro-syriens. Il s'agit notamment de l'instauration du système de Visa ou mesure équivalente à savoir l'exigence d'un certificat d'hébergement et par la réduction du nombre de vol Alger-Damas de la compagnie nationale. Si l'information s'avéra fiable, ceci va constituer sans aucun doute, une tare impérissable à jamais dans la politique étrangère de l'Algérie. Le Snapap déclare si de telles mesures se concrétisent, elles seraient alors conçues automatiquement à l'encontre du peuple syrien qui subit les exactions et les violations du régime de Damas, lequel entretient une relation plus que fraternelle avec Alger. Les mesures seront assimilées à une fermeture des frontières vis-à-vis de personnes fuyant la guerre et sollicitant asile. Alger commettra alors une violation pure et simple de la convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés et à son protocole. Le Snapap demande aux Autorités Algériennes d'appliquer la réduction des tarifs de la compagnie d'Air-Algérie, aux ressortissants syriens désireux de se rendre en Algérie et de ne pas réduire le nombre de vols vers Damas. La plupart des Membres du gouvernement Algérien y compris le Président de la République ne doivent pas oublier, qu'un jour leurs familles avaient fui la guerre d'Algérie, pour se réfugier chez le voisin de l'Ouest, et que ce dernier avait accordé à leurs parents asile et protection. Messieurs, faites pareil aujourd'hui pour les familles Syriennes. P/ Le Président du SNAPAP Le chargé du Dossier Migration. Fouad HASSAM 1er Août 2012.