Le frère du domestique, qui a déposé plainte contre le fils du colonel, a lui aussi été interpellé et arrêté. Son avocat dénonce. Berne nie faire pression sur Genève. «La Libye détient un nouvel otage, peste Me François Membrez. Le frère du domestique d'Hannibal Kadhafi a été arrêté. Ce jeune marocain d'une vingtaine d'années se retrouve désormais détenu comme sa mère à Tripoli.» L'avocat, défenseur des deux ex-employés qui ont déposé plainte contre le fils du président libyen, est très inquiet pour la mère et le frère de son client. Le Genevois a multiplié les démarches auprès des autorités marocaines pour faire libérer leurs deux ressortissants. En vain. «Nous savions que la mère, en visite à Tripoli, avait été interpellée le mois dernier à l'aéroport en guise de représailles peu après l'arrestation d'Hannibal à Genève. Mais nous pensions que le frère avait passé entre les gouttes et qu'il se cachait à Tripoli. Il n'est est rien.» Le porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), Jean-Philippe Jeannerat s'est dit très conscient du problème: «Nous le prenons très au sérieux. Cela étant, nous ne disposons d'aucune information sur la situation de ces deux personnes. Nous avons évoqué cette situation avec les autorités marocaines compétentes.» Hier soir, le DFAE a à nouveau fait le point sur l'affaire Kadhafi. Dans le centre de presse du Palais fédéral, les spots sont si faiblards que Jean-Philippe Jeannerat doit bien admettre: «Il y a peu de lumière pour vous, les journalistes». Dans sa bouche les informations ne sont guère plus éclairantes. Entre la Suisse et la Libye, c'est désormais la politique des très petits pas pour sortir de la crise et «revenir au statu quo qui prévalait dans les relations bilatérales entre les deux pays avant le 15 juillet». Soit avant l'arrestation musclée à Genève d'Hannibal Khadafi. A propos de l'hypothèse de la mise sous tutelle de Genève par Micheline Calmy-Rey, Jean-Philippe Jeannerat a été très clair: «La Genève cantonale n'a jamais été mise sous pression de quelque manière que ce soit par la Berne fédérale et notre coopération est et reste excellente.» Genève ne négocie pas directement avec Tripoli. Et le chargé d'affaire de l'ambassade de Libye en Suisse n'est toujours pas rentré à Berne. Pierre Helg, le numéro trois du DFAE n'est pas reparti en Libye et c'est désormais Daniel Von Muralt, l'ambassadeur suisse à Tipoli qui négocie directement «avec un haut représentant libyen des affaires étrangères. Si les discussions continuent d'avancer, le déplacement d'un membre du Conseil fédéral pourrait être envisagé.» Officiellement, aucune nouvelle information ne sera donnée à la presse avant vendredi prochain. Car, comme le confirme un connaisseur du dossier, «d'une façon ou d'une autre, depuis qu'à leur grand dam, l'affaire est devenue publique, la Libye attend deux choses: des excuses et le retrait de la procédure contre Hannibal Kadhafi. Même si Tripoli connaît très bien le principe de la séparation des pouvoirs en Suisse, elle attend tout de même des gestes» Et quels gestes puisque Jean-Philippe Jeannerat assure «que le Conseil fédéral ne s'excusera pas». Il faudra donc bien trouver un compromis acceptable pour les deux parties et cela prend du temps. «La Libye sait très bien jusqu'où aller, poursuit notre observateur. Elle a circonscrit le feu de ses représailles dans un cercle assez restreint pour qu'il n'y ait pas de point de non-retour.»