In Facebook 17 septembre 2012 Les protestations meurtrières contre le vilain petit film ridiculement haineux ne sont certes pas une expression de bonne santé des sociétés (ou plus exactement des franges extrêmes de ces sociétés, la précision est essentielle) qui ont opté pour une telle réponse, radica… lement disproportionnée avec la réalité du dommage. Et ces réactions constituent, faut-il le redire, une expression d'impuissance plutôt que de force. Aux kilomètres de commentaires qui ont été écrits sur ce registre, je souscris bien évidemment sans aucune réserve. Il faut tout de même rajouter maintenant au puzzle du débat une pièce qui y fait singulièrement défaut. Dans la défense de leurs tabous respectifs, les sociétés courent d'autant plus le risque de voir s'exprimer leurs extrêmes que leurs Etats le font peu ou mal ; ou , plus exactement, qu'ils sont, pour le faire, du mauvais côté du rapport de force international. Un seul exemple suffit à l'illustrer : lorsque en 2004, la chaine de télévision libanaise Al Manar, dépendant du Hizbollah libanais, a été accusée de diffuser un feuilleton ayant une teneur considérée comme antisémite, les « masses » occidentales et leurs possibles franges extrêmes n'ont pas eu à se mobiliser pour faire cesser l'offense : ce sont en effet les Etats qui l'ont fait, et avec l'efficacité que l'on sait ! Ce n ‘est pas seulement le feuilleton répréhensible qui a été interdit mais la chaine de télévision toute entière, dont la diffusion a été stoppée, notamment en France et aux Etats Unis, au terme d'une mobilisation judiciaire unanimiste d'une rare efficacité ! Ce rappel doit impérativement faire partie de notre appréciation des débordements de violence haineuse, qu'ils viennent de ceux qui donnent à un film dérisoire l'honneur de leurs manifestations excessives, ou du système qui permet à l'auteur d'un tel film de prospérer alors qu'il est si prompt et si terriblement efficace à réagir lorsque ce sont ses propres tabous et non ceux de l'autre qui sont mis à mal.