Les enseignants contractuels suspendent leur grève de la faim. L'annonce a faite hier par les grévistes eux-mêmes, lors d'une conférence de presse tenue au siège du SNAPAP (Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique) où a été observé la grève pendant quarante jours. Une véritable action suicidaire qui a failli entraîner la mort de ceux qui l'on choisie, bon gré mal gré. Avaient-ils d'autre choix pour faire entendre leur voix ? C'est là tout le problème. La grève de la faim est donc suspendue, sur décision du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC) mais sur insistance du Conseil national de santé publique (SNSP) affilié au SNAPAP. Et ce, à l'issue d'une réunion tenue entre les deux parties samedi dernier. La raison principale en est la grave dégradation de l'état de santé des grévistes, au nombre de 55. Huit d'entre eux ont arrêté la grève deux jours avant la tenue de la réunion, après leur transfert dans des centres spécialisés en hémodialyse pour cause de problèmes rénaux. Selon un représentant de la commission médicale bénévole du SNAPAP, l'état de santé des grévistes de la faim est critique : «Perte de poids de 25 kg à 45 kg, chute de tension artérielle, hypoglycémie, difficultés respiratoires, troubles de l'appareil urinaire, fatigue, anémie… et énervements, parfois même des cas de dépression.» «Leur vie est en danger», soutient un de ses représentants. La suspension de la grève ne signifie pas toutefois l'échec du mouvement, tiennent à souligner les enseignants protestataires. Bien au contraire, estiment-ils, «cette grève de la faim était une réussite». «Ce ne sont pas eux [les responsables du ministère de l'Education] qui l'ont arrêtée, c'est nous qui l'avons suspendue […] Cela dit, la protestation continue jusqu'à la satisfaction de notre revendication», insiste un des enseignants grévistes. Par poursuite du mouvement de protestation, l'enseignant explique que des rassemblements périodiques auront lieu prochainement au niveau local et national. Le premier rassemblement, après la suspension de la grève, est prévu pour demain, devant la présidence de la République. Aussi les enseignants prévoient-ils de continuer la lutte dans le cadre de l'Intersyndicale de la fonction publique. «Nous ne faisons que revendiquer notre droit de manger notre pain dignement», insistent-ils. Par ailleurs, réagissant à la déclaration du secrétaire général du ministère de l'Education nationale, M. Boubekeur Khaldi, qui a clairement dit son refus de satisfaire la revendication des grévistes, ces derniers ont, encore une fois, affirmé leur indignation : «Le ministère continue dans sa politique de fuite en avant.» Revenant sur le concours et la promesse du ministre de prendre en considération les années d'ancienneté, un gréviste cite deux cas qui «témoignent du manque de crédibilité de ce concours». Le premier à Blida où des enseignants ont vu «leur certificat de travail joint au dossier d'inscription au concours rejeté» et le second à Adrar où «les lauréats du concours sont des licenciés de l'année 2007 et 2008, au détriment des contractuels qui ont plusieurs années à leur actif». «La crédibilité du ministère est en jeu», s'écrit-il. K. M.