10 avril 2013 « L'Algérie est un Etat laïc ». C'est ce qu'a déclaré hier, le président de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cnppdh), Me Farouk Ksentini qui était l'invité de la chaîne III de la Radio nationale. Faut-il donc abroger l'article 2 de la Constitution qui stipule que l'Islam est la religion de l'Etat ? Là, Farouk Ksentini se perd dans un argumentaire peu intelligible : » Non, je ne suis pas pour l'abrogation de l'article 2 ! Il est là, et il est bien où il est. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas un Etat laïc. Nous ne sommes pas un Etat théocratique et nous ne sommes pas un Etat islamique ! (...) Simplement les gens n'osent pas le dire. Ils n'osent pas le proclamer, parce qu'ils confondent entre la laïcité et l'athéisme « , dit-il. Et de le réaffirmer : » je maintiens que l'Algérie est un Etat laïc « . Farouk Ksentini a rappelé, par ailleurs, que la commission, qu'il préside, a appelé à améliorer l'article 70, qui stipule que le Président est garant de la Constitution. Il plaide que l'on rajoute à cette disposition, « l'Armée est garante de la Constitution. » Il y a le président de la République qui est garant de la Constitution et de son fonctionnement. Il peut être dévolu à l'Armée nationale populaire, qui est une institution extrêmement sérieuse, jouant le rôle de la gardienne de cette Constitution, de façon à ce que celle-ci échappe à toute possibilité de manipulation (...) « . Comme depuis longtemps, Ksentini se base, dans ses plaidoyers, sur le modèle turc qui, selon lui, ira bien pour l'Algérie. S'agissant de la future révision de la Constitution, Me Ksentini dit, «ne pas redouter d'aller vers un référendum,» puisque, selon lui, » il s'agit de notre destin et de notre futur « . » Il est tout à fait normal que le dernier à prendre la parole, soit le peuple algérien « , dit-il. Le président de la Cnppdh a plaidé, en outre, pour la nécessité de mettre fin aux «disparités» régionales en matière d'emploi. Il a estimé qu'il était temps de prendre en charge les jeunes demandeurs d'emploi, en y apportant les solutions idoines pour mettre fin aux disparités qui existent entre les régions du pays. « Cela dure depuis des années, ce qui fait que le nombre de ces jeunes, réduits au chômage et à l'inactivité, ne cesse d'augmenter d'année en année, à tel point que la situation est devenue insupportable pour eux », a-t-il insisté. Il a, dans ce contexte, indiqué avoir remis jeudi dernier, un rapport au Premier ministre, sur la situation qui prévaut dans le sud du pays, ajoutant qu'une copie de ce rapport a été transmise au président de la République. « Il y a des disparités régionales qui sont évidentes, qui sont criardes et auxquelles, il faut mettre fin en toute urgence, parce qu'elles sont inadmissibles et sont contraires aux droits de l'Homme et au droit du citoyen », a-t-il soutenu. Pour lui, « il n'y a aucune raison qu'une catégorie de citoyens, de par son implantation géographique, soit favorisée par rapport à une autre, qui a la malchance de vivre loin de la capitale ». » Il faut de l'équité et de la justice la plus élémentaire « , a-t-il plaidé. Interrogé sur les raisons de ces disparités dans les régions du Sud, Me Ksentini les a imputées, entre autres, aux » multinationales et à la Sonatrach « , précisant que ces sociétés « recrutaient difficilement les jeunes du Sud », pour des « raisons qui nous échappent », a-t-il ajouté. « Les jeunes du Sud ne comprennent pas ce genre de discriminations et cette préférence accordée aux gens du Nord. Ce qui est quand même assez illogique, inadmissible et inacceptable », a déploré Me Ksentini. S'agissant de l'existence d'une » traite » par rapport à cette question en Algérie, l'avocat a indiqué que ce qui a été rapporté à ce su-jet, relevait de l'intox. H. F.