Publié le 28.06.2013, 16h52 | Mise à jour : 29.06.2013, 06h33 Cela fait deux mois exactement que le président algérien Abdelaziz Bouteflika est en France pour des soins. Il avait été admis en urgence à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris, le 27 avril, pour un AVC mineur, selon Alger. Puis, il a été transféré le 21 mai dans une enceinte militaire des Invalides, pour convalescence, toujours selon Alger. Le chef d'Etat algérien n'a toujours pas regagné son pays depuis. Annoncé pourtant par de hauts responsables algériens dans la presse locale encore récemment, son retour «semble lointain», à en croire une source ministérielle. «Bouteflika est toujours en soins», a confié cette source sans préciser s'il s'est «bien remis» comme l'atteste le chef du gouvernement algérien, venu en compagnie du chef des armées lui rendre visite, le 12 juin dernier. Une visite filmée et diffusée par la télévision d'Etat et dont l'objectif principal était de montrer le président algérien vivant et discutant avec eux, afin de faire taire les rumeurs sur la détérioration de son état de santé. Mais ces images de Bouteflika très affaibli, sans le son, n'ont pas rassuré l'opinion algérienne ni la majorité de la presse locale qui n'a pas hésité à parler d'«opération mitigée» et demander des explications. «Rester très vigilant afin de faire face à toutes menaces» Depuis le 12 juin, plus rien n'a filtré. L'opacité, dont fait preuve le gouvernement algérien, est toujours de rigueur. Le ministère français des Affaires étrangères et celui de la Défense restent également muets à ce sujet qualifié de «très sensible». Hier, le journal arabophone algérien Echourouk a révélé que le président algérien aurait envoyé un message à l'armée (appelée par certains clans à entrer en scène durant cette longue absence) , pour souligner la «nécessité de rester très vigilant afin de faire face à toutes menaces, y compris le terrorisme», qui pèsent sur l'Algérie. Et «d'accomplir (ses) missions constitutionnelles». N'ayant pu assister à la cérémonie traditionnelle des remises de médailles jeudi 27 jui, à l'académie militaire de Cherchell, à l'ouest d'Alger, Bouteflika a mis en garde, dans ce message, sur ce qui peut menacer «la souverainité et l'unité de l'Algérie». Officiellement, c'est toujours lui qui dirige l'Algérie «Notre armée peut relever des défis importants dans notre région comprenant le Sahel. En raison de cela, nous devons être très vigilants», est-il écrit dans ce message rapporté par Echourouk, qui précise que le chef de l'Etat algérien aurait réclamé une vidéo de la cérémonie de Cherchell. Le chef d'état-major des armées, Ahmed Gaid Salah, a largement repris ce message lors de son allocution devant les militaires de l'académie de Cherchell. A Alger, une partie de l'opposition, qui veut «aller vite», demande le respect de la Constitution «au cas où le président n'est pas de retour le 5 juillet», date de l'indépendance algérienne. Malgré la fragilité évidente de son état de santé aux yeux de la population après la diffusion de la fameuse vidéo aux Invalides, des voix proches du pouvoir, estiment que Bouteflika, 76 ans, doit poursuivre «son programme». Et que, officiellement, c'est toujours lui qui dirige l'Algérie. Depuis Paris. LeParisien.fr