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Gérer nos intérêts partagés
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 03 - 08 - 2013


http://www.huffpostmaghreb.com
Wajdi Limam
Publication: 02/08/2013 15h26
Il est difficile de ne pas faire le parallèle entre l'Egypte et la Tunisie. Bien entendu tout sépare ces deux pays: leurs histoires, leurs populations, leurs rôles, ainsi que leurs places dans la géostratégie régionale. Mais tout de même.
Au-delà de ces spécificités émanent des réalités convergentes. En enclenchant nos révolutions presque au moment, nous avons vécu la chute de nos dictateurs de manière quasi simultanée, nous avons emprunté le chemin des transitions démocratiques, nous avons découvert un pluralisme inédit dans nos champs politiques respectifs, nous avons vu l'émergence des acteurs de l'islam politique, nous avons vécu la primeur des premières élections libres de nos histoires nationales. Nous avons également, dans la foulée, reconquis notre liberté de parole, d'expression et d'association.
Le meilleur moyen?
Les évènements sanglants de ce mois de juillet 2013, autant en Egypte qu'en Tunisie, dessinent par petites touches les contours d'une contre-révolution qui prend insidieusement forme sous nos yeux.
Bien entendu, au début des manifestations en Egypte et quelques heures avant le coup d'Etat, beaucoup d'observateurs ne voyaient qu'une poursuite de la révolution, sous l'égide des uniformes et des bottes. A peine un mois après, la réalité est toute autre: l'armée égyptienne montre sa violence et sa volonté de continuer sa pratique du pouvoir, faite d'exécution et de massacres de civils qui manifestent pacifiquement contre le retour de l'ordre arbitraire. Comment a-t-on pu croire un instant que nous assistions en Egypte à la poursuite de la révolution? Comment peut-on croire un instant que ceux qui veulent dissoudre l'ANC en Tunisie souhaitent poursuivre les objectifs de la révolution?
Bien évidemment, les objectifs de la révolution doivent être poursuivis, afin d'assurer la coexistence pacifique des peuples arabes. Mais est-ce vraiment le meilleur moyen? Remplacer l'analyse critique rationnelle par l'irrationnel est-il le meilleur moyen?
A la mauvaise mode
Il est à la mode, dans le monde arabe postrévolutionnaire, de décrire, avec emphase et lyrisme, le mouvement des rues, le peuple en marche, les masses en lutte, chacun décrivant ce qu'il veut y voir, des prolétaires en ordre de marche, des modernistes avides de rationalisme et de sécularisme, des islamistes avides d'identité et de spiritualité.
Et chacun, au nom de son observation et de sa grille de lecture, va pouvoir y mettre ce qu'il veut. On a vu de quelle manière cette approche idéaliste pouvait laisser libre court aux instrumentalisations des forces réactionnaires à l'agenda politico-économique bien pensé. Le 3 juillet 2013, on a vu en boucle, le nez collé à nos écrans, le défilé de vues aériennes mettant en scène une véritable foule amassée sur la place Tahrir, débordant dans les rues du Caire, dont les clameurs retentissaient à la vue des feux d'artifice et des hélicoptères militaires qui occupaient le ciel cairote ce soir-là.
Rappelons que le soir du 3 juillet, les décomptes successifs du nombre de manifestants, avancés par le ministère de l'Intérieur, ont été largement diffusé par les médias, enthousiastes devant ce peuple dans la rue qui se comptait en millions. On a vu, en direct, la mise en place d'une merveilleuse fausse réalité, afin de mieux préparer la mise en place de l'agenda occulte. Celui du coup d'Etat.
Peu après le coup d'Etat en Egypte, la Tunisie a connu, et connaît toujours, des mobilisations du même type. Sans être similaire par la mobilisation et la diversité des manifestants. On a vu des groupes tels que Tamarod, « rébellion » en arabe, essaimer en Tunisie pour demander la chute de la Troïka et des institutions postrévolutionnaires. Avec, semblait-il, peu d'échos. Il aura fallu un abominable meurtre politique, celui d'un député de l'ANC, pour élargir ce panel de contestation.
Un gouvernement dans la mauvaise voie
Nous vivons une situation sensible de notre Histoire. Celle d'une transition démocratique. Poser cela dès le départ ne sert aucunement à trouver des justifications ou à poser une quelconque temporisation. Mais uniquement à poser un constat politique.
On attendait du premier gouvernement issu d'une majorité électorale qu'il réponde aux objectifs des révolutionnaires et qu'il assure une transition entre l'ancien régime dictatorial et l'exigence d'installation du nouveau cadre démocratique.
Force est de constater que sur la question de la cohésion nationale, ce gouvernement a pris la mauvaise voie. Au lieu de se mettre dans une logique de conciliation et d'inclusion, on a clairement vu perdurer et se perpétuer une pratique clanique et clientéliste du pouvoir. Ne faisant exception que pour les caciques de l'ancien régime prêt à servir le nouveau pouvoir.
Là où on attendait de ce gouvernement un engagement pour inclure l'ensemble de ses enfants dans un projet patriotique ancré dans son référentiel et porteur de transformations sociales, celui-ci a joué des divisions entre les camps idéologiques en présence et n'a fait que les exacerber.
La question de l'altérité a, par exemple, été trop souvent instrumentalisée. Là où on aurait pu imaginer une forme de réconciliation ente l'expression publique de « toutes » les Tunisie, et de toutes les formes de « tunisianité », nous n'avons vu que stigmatisation et violence. La Tunisie a autant à offrir à ses enfants salafistes qu'à ses enfants athées. Elle doit assurer à tous une égalité de traitement, et, de fait, assumer publiquement et politiquement sur la question de la citoyenneté.
Sur le plan économique et social. On a vu une application à la lettre des recommandations du FMI et la mise en œuvre de mesures d'ajustement nocives à la population tunisienne. Nous n'avons, en revanche, vu aucune mesure porteuse d'espoir en termes d'égalité régionale. Les régions les plus défavorisées le sont restées et aucune innovation n'a été pensée.
Il n'y a aucun souci à affirmer que cet exécutif n'a pas été à la hauteur des tâches qui lui ont été confiées. Nous avons vu cela en quelques points cruciaux et non-exhaustifs. Mais si l'exécutif est quelque chose de contingent, il n'en va pas de même pour l'ANC.
La seule boussole institutionnelle
Aujourd'hui, une partie des attaques s'articule contre l'Assemblée Nationale Constituante, en demandant avec véhémence sa dissolution. Une partie des députés de l'opposition eux-mêmes participent au sit-in du Bardo pour demander, pour certains, la dissolution de l'instance dont ils sont membres.
Faut-il le rappeler, mais l'ANC est la seule assemblée représentée par des constituants ayant eu l'aval de la population? Elle est la traduction et l'émanation de la première élection libre et transparente de la Tunisie, celle du 23 octobre 2011.
L'ANC représente la souveraineté nationale et rien ne justifie sérieusement qu'elle soit dissoute de manière illégale pour être remplacée par on ne sait quelle instance ou Haut Conseil, sentant bon les coups d'Etats. Faire ce choix, c'est ouvrir la porte de l'arbitraire. Qui la remplacera? Sur quel critère? Pour combien de temps? Et d'où tiendra cette nouvelle instance sa légitimité?
Symboliquement, vouloir dissoudre l'ANC, c'est rejeter d'un revers de la main la mobilisation de tous les Tunisiens et Tunisiennes qui se sont engagés dans l'organisation de ce scrutin.
C'est rejeter le travail quotidien de parlementaires en train d'apprendre, parfois dans la douleur, leurs fonctions. Comment pouvait-on imaginer que des constituants sans aucune expérience parlementaire – le prix à payer pour ne pas avoir d'anciens caciques du RCD rodés à une certaine pratique du pouvoir – puissent agir plus vite qu'ils ne le font actuellement? L'ANC reste un espace en construction en vue de la future Assemblée du peuple tunisien.
Plus globalement, ce que nous sommes en train de vivre dans le monde arabe postrévolutionnaire, c'est l'ouverture de tous les possibles. Là où, par le passé, ne régnaient que le despotisme et l'autoritarisme, qui au nom de la toute-puissance prenaient l'habitude de mettre publiquement au pilori des boucs émissaires, les révolutions ont introduit des horizons d'ouverture prometteurs.
Ouverture du jeu politique et de l'espace public, mais aussi ouverture culturelle et philosophique de toute la société civile. Ouverture qui a mis en exergue les contradictions et les paradoxes qui caractérisent toute aspiration populaire de nos peuples. Des contradictions sociales, culturelles, identitaires, philosophiques, qui ne peuvent coexister ou mieux s'accommoder que dans une société pluraliste et ouverte, encadrée par un Etat de droit.
En tant que citoyens tunisiens, faisons le vœu pieux de soutenir et protéger l'ANC, qui reste, aujourd'hui plus que jamais, notre seule boussole institutionnelle, véritable gage de renforcement des institutions démocratiques viables au sein d'un Etat de droit.
Il faudra, en tant que citoyens tunisiens, renoncer à l'encombrant héritage bénaliste de désignation de boucs émissaires. Ni islamistes, ni athées, considérons-nous comme des sujets pensants et désirants, amenés à se confronter et à coexister de manière pacifique, et à gérer nos intérêts partagés.
Soyons certains que ce type de projet ne satisfera pas les faiseurs de guerres, les adeptes du clash des civilisations, les voleurs du monde qui, à travers les institutions financières, souhaitent semer le chaos dans les espaces et les peuples pour mieux les dominer et les exploiter.


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