« Il ne dépend pas des hommes de prolonger leur vie, il dépend d'eux de prolonger celle de l'Etat aussi loin qu'il est possible, en lui donnant la meilleure constitution qu'il puisse avoir Jean Jacques Rousseau (le contrat social) Que l'on parle de primauté de l'intérieur par rapport à l'extérieur défendue par Ben M'hidi et Abane,ou d'Al djaz'ara chère à Hachani, nous nous retrouvons face à une conception typiquement algérienne de l'action politique . En effet, bien qu'il s'agit de deux combats distincts, menés à des époques différentes d'un côté par deux indépendantistes modernistes en l'occurrence Ben M'hidi et Abane et pratiquement quarante ans après par un islamiste de la trempe de Hachani, les trois hommes avaient en commun leur algérianité . Ben M'hidi et Abane militaient contre une puissance d'occupation étrangère tout en s'opposant à certains de leurs propres frères de combat qui voulaient pour des raisons idéologiques soumettre la révolution du 1er Novembre et le futur Etat algérien à une Egypte nasserienne hégémonique et prête à défendre ses intérêts géostratégiques sur le dos des algériens et de leur combat libérateur . Avec la même énergie, Hachani mena son combat contre un régime post » indépendance » ayant fait faillite tout en refusant la moindre domination idéologique émanant de mouvements islamistes moyen-orientaux. Les trois leaders algérianistes voulaient mettre en valeur la culture et l'histoire algérienne. Leur objectif était de développer un sentiment d'appartenance commune à la culture et à l'histoire de notre pays et ce malgré leurs différends idéologiques. Une telle démarche avait pour finalité de mettre en évidence des références communes entre algériens des différents bords politiques pour une meilleure cohésion sociale et pour une mobilisation optimale. Malgré tout ce qu'on peut leur reprocher, Ben M'hidi, Abane et Hachani, voulaient émanciper le peuple algérien tout en lui proposant une autodétermination politique et idéologique . Tous les trois, voulaient mettre fin à la tutelle exercée sur notre pays aussi bien par un occident représenté par une France en décadence que par un Moyen Orient en difficultés idéologiques, politiques et économiques. En dépit de la propagande que font courir ceux qui s'opposent au projet visant une Algérie affirmée et autonome, l'algérianisme que proposaient les trois leaders se basait sur nos valeurs algériennes qui se distinguent par notre islamité,amazighité et arabité . Il est à noter que la médiatisation accordée lors de la guerre de libération par l'ancienne puissance coloniale aux militants indépendantistes agissant à la solde de l'Egypte contre la volonté de leurs frères algérianistes, ressemble étrangement à la démarche du pouvoir actuel en Algérie qui tolère les « opposants » prônant soit une démocratie à l'occidentale soit un islamisme à l'orientale ,alors que Hachani l'algérianiste (Djaza'a) fut froidement éliminé ! Qu'une telle logique date d'hier ou d'aujourd'hui , qu'elle émane des ennemis étrangers ou « nationaux » de la liberté ,elle a pour objectif d'encourager les contradictions au sein du champ politique national, de façon à ce que les femmes et hommes politiques qui se réfèrent à l'occident et ceux qui se réfèrent au Moyen Orient ,se neutralisent et d'autodétruisent prolongeant ainsi le statu quo et l'injustice subis par le peuple algérien . L'algérianisme prôné aussi bien par Ben M'hidi,Abane et Hachani,a pour avantage de consolider l'unité nationale . Ce même algérianisme, représente un moyen d'unifier aujourd'hui les différentes tendances de l'opposition réelle au sein d'une instance nationale contre le régime mort né en 1962 . Il ne s'agit ni d'un discours ethnocentriste, ni d'un débat d'intellectuels avides de sujets. Les dernières tensions qui ont secoué la région du M'zab, la clochardisation voulue et encouragée des différentes régions du pays ,l'abandon d'une région aussi stratégique que le Hoggar et l'interminable défilé à Alger de hauts responsables politiques français aussi cyniques qu'intéressés, prouvent que l'algérianisme est plus que jamais d'actualité . Nous ne pouvons pas sacrifier l'unité nationale, brader les richesses du peuple algérien et retarder l'avènement d'une grande nation algérienne, juste pour préserver les intérêts d'un régime prêt à toutes les concessions en direction soit d'une France en difficultés financières et économiques, soit d'un Moyen Orient en faillite idéologique et politique.