Timidement, l'Algérie vient de célébrer la commémoration du 20-Août 1956, une date essentielle qui a édifié les principes objectivant de la guerre de Libération nationale. En effet, deux années après le déclenchement de la guerre d'Algérie, pour réorganiser le soulèvement et lui donner un sens révolutionnaire intelligent, un Congrès avait été convoqué à l'initiative du tandem Abane Ramdane / Larbi Ben-M'hidi. L'événement portera désormais le nom de Congrès de la Soummam. La rencontre s'est déroulée en Kabylie dans la vallée de la Soummam d'où son nom. La guerre d'Algérie, qui a forcé nombre de nations à l'admiration, devient alors un modèle de recouvrement de lutte pour l'indépendance. Les effets d'entraînement suscités dans les autres colonies africaines sont un exemple édifiant. L'indépendance algérienne, alors en marche, s'exprimait dans le cadre des valeurs universelles, républicaines et modernes. Il avait été arrêté lors du Congrès que le futur Etat algérien ne devait s'inféoder ni à l'Orient ni à l'Occident. Les bases de son fondement étaient clarifiées. Elles ne pouvaient être qu'algériennes établies sur une politique algérianiste et dans ce que cette désignation contient comme valeurs d'histoire plurielle, de culture, d'identité et de civilisation héritées. La charte du Congrès, consacrée comme document final ayant sanctionné les travaux l'atteste. Mais les tenants d'un panarabisme islamiste ne l'entendaient pas de cette oreille et les pressions s'exerçaient au sein même de la composante combattante algérienne alimentée idéologiquement par des satellites extérieurs à l'échelle de pays comme l'Egypte particulièrement. Dès lors, le soulèvement allait être dévié de son cours naturel pour s'arrimer dans un premier temps, se dissoudre et se désagréger ensuite dans la sphère géopolitique, géoculturelle et géoidentitaire du Moyen-Orient. Aucune expression refusant cette transformation, soutenue par l'ingérence interposée, n'était autorisée. Des actions souterraines et sournoises s'attelaient alors à éliminer physiquement l'élite combattante porteuse de ces valeurs du concept de l'Algérie algérienne. Abane Ramdane, pour ne citer que lui, payera de sa vie pour s'y être essentiellement opposé au détournement du fleuve. Aujourd'hui, la quasi-totalité de la littérature politique produite par des auteurs, acteurs de la guerre, et de la littérature littéraire le confirme. La société algérienne, après avoir perdu ses repères naturels, essaie des pointures qu'aucune ne lui va. Ce faisant, le gâchis qui a déstructuré notre société, continue malheureusement son œuvre. A. A. [email protected]