International | 4 janvier 2014 | Mise à jour le 5 janvier 2014 http://www.lejdd.fr Selon nos informations, le parquet de Paris devrait ouvrir, dans les heures qui viennent, une information judiciaire et désigner au moins un juge d'instruction de la section antiterroriste pour faire la lumière sur le bain de sang de la prise d'otages. « Les Algériens n'ont rien lâché » : le verdict est sévère mais il correspond à la réalité. Un an après le drame, les magistrats européens chargés d'enquêter sur ce qui s'est vraiment passé à In Amenas entre le 16 et le 18 janvier 2013, n'ont bénéficié d'aucune donnée majeure de la part des autorités algériennes qui se retranchent derrière leur propre enquête. Tout juste auraient-elles accepté de collaborer avec le FBI en lui permettant d'accéder aux procès-verbaux des trois terroristes capturés lors de l'assaut du site où 37 expatriés ont perdu la vie. Mais, il y a tout de même ce rapport de l'entreprise norvégienne Statoil, l'une des deux sociétés étrangères chargées de l'exploitation du site en partenariat avec la Sonatrach algérienne. Six mois de travail, 88 pages de compte rendu : les conclusions de son chef d'enquête, l'ancien patron des services spéciaux norvégiens Torgeir Hagen, sont sans appel : « Les mesures de sécurité en vigueur à l'extérieur comme à l'intérieur du site n'ont pas réussi à protéger les employés de l'attaque du 16 janvier et l'armée algérienne n'a pas été capable de détecter ni d'empêcher les assaillants de rentrer sur le site. » Pis, « il y a matière à remettre en cause l'étendue de la dépendance des opérateurs du site vis-à-vis de l'armée algérienne censée le protéger ». En annonçant l'ouverture d'une information judiciaire après plus de onze mois d'enquête préliminaire, le parquet de Paris vient de faire un grand pas en avant. Plus politique, il faut le reconnaître, que technique. « Rien ne dit que le ou les juges de la section antiterroriste auront un travail plus facile que celui du juge Trévidic dans l'enquête sur l'assassinat des moines de Tibéhirine », confie auJDD Guillaume Denoix de Saint Marc, porte-parole et directeur général de l'Association française des victimes du terrorisme. Qui a tué Yann Desjeux ? Mais pour Me Antoine Casubolo, l'avocat de Murielle Ravey, rescapée de la prise d'otages : « c'est la nouvelle que j'attendais, je vais enfin avoir accès aux pièces du dossier ». Pour comprendre qui a tué le Français Yann Desjeux, cet ancien du RPIMa devenu le chef adjoint de la sécurité à In Amenas. Les terroristes ou l'armée algérienne? Mais également pour en savoir plus sur le commanditaire de la prise d'otages, Mokhtar Belmokhtar, organisateur de l'enlèvement au Niger, en janvier 2011, de deux Français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, finalement tués le soir même de leur rapt, lors d'une intervention militaire française. Après l'élimination par les forces spéciales françaises de l'un des adjoints de Belmokhtar en novembre dernier près de Tessalit, la traque se poursuit pour retrouver ce chef djihadiste. Quant au retour des expatriés sur le site gazier d'In Amenas, il n'est toujours pas question, un an plus tard, de l'envisager. « Les groupes étrangers exigent de mettre en place leur propre dispositif de sécurité. Une proposition rejetée par l'armée », affirmait, la semaine dernière, une source sécuritaire sur un site d'informations algérien. François Clemenceau – leJDD.fr