Depuis quelques mois, la scène politique nationale semble unique par ses paradoxes. En effet, c'est hallucinant de voir autant de partis, de médias et de représentants de la société civile, engagés dans un forcing pour tenter d'imposer un 4e mandat à un président «quasi-inexistant» sur le terrain social et politique depuis près d'une année. Comment est-ce possible d'oser se présenter devant le peuple avec un projet aussi délirant, insensé? N'est-ce pas insultant de prétendre que dans ce grand et riche pays de 38 millions d'habitants, il n'y a personne dont le QI (quotient intellectuel) performerait mieux que celui du président, alors même qu'il est réduit pour cause de maladie à de la simple figuration politique, comme c'est le cas aujourd'hui? Même si l'homme conserve le respect de président de l'Algérie, il faut reconnaître que son temps « politique » est fini. Lui-même l'a déclaré publiquement : « Le temps de ma génération est révolu, qu'advienne donc la relève! » Que faut-il de plus ? Un président qui n'a plus la capacité de remplir sa mission, qui ne s'adresse plus à son peuple (peut-il encore le faire? On a le droit de savoir) qui ne se déplace plus, ne participe à aucun événement, bref un président qui ne vit qu'à travers des images lacunaires et bien sûr l'ambition et la volonté manifeste d'une ploutocratie au pouvoir et dont la survie est liée au statu quo, doublé d'un 4e mandat. Par le mensonge et la manipulation, ces tenants du régime tentent une fois de plus de tromper les Algériens en monopolisant la parole et en déclarant sans gêne, ni scrupule que le sort de l'Algérie est lié au sordide choix du 4e mandat. Vraiment? On a envie de les prendre au mot en répliquant à leurs représentants qui semblent convaincus de notre crédulité : Mais qui donc veut de cette Algérie-là, aussi malade, déprimante et stérile à l'image du mandat actuel et pire de celui qu'on projette? Le peuple? Ce serait surprenant. Lui, qu'on considère accessoirement, surtout en période d'élection, et qu'on gave de miettes pour qu'il garde la bouche close le reste du temps? La jeunesse? Sûrement pas. Elle qui représente 80 % de la population et interdite de pouvoir par la caste vieillissante, qui séquestre le pays et se paie le luxe d'une devanture « démocrate ». Alors, si ce n'est pas pour le peuple, ni pour la jeunesse, ni même pour le président accablé par la maladie, qui donc voudrait d'un 4e mandat plutôt suicidaire par la somme de fléaux qu'il comporte et menace d'autant la pérennité de l'Etat. Surtout à l'heure des bouleversements que connait le monde et les appétits grossissants des puissances étrangères poussées par la crise et la quête de ressources énergétiques. Quelles que soient les manœuvres mises de l'avant par les vendeurs du 4e mandat, ils ne peuvent plus tromper grand monde. Le peuple a bien compris que leurs discours mensongers ne visent, en réalité, qu'à protéger leurs privilèges indus et s'assurer l'impunité le temps d'un autre mandat. À force de louvoiements, les citoyens ont fini par décrypter les jeux de coulisses derrière les agitations du sérail; ils ne sont pas dupes pour croire que le salut de l'Algérie viendra du prolongement d'un régime appartenant à une génération dépassée, et surtout réputé pour sa mauvaise gouvernance. Aussi poursuivre la logique du 4e mandat, c'est à la fois marcher sur leurs aspirations de justice et de liberté, et torpiller les chances d'une transition pacifique vers la démocratie. Avec le risque de pousser l'Algérie vers cette implosion intérieure que certains souhaitent ardemment pour enterrer l'Algérie du 1er novembre 1954. Reste à espérer qu'au moment opportun, le bon sens reprendra ses droits dans le pays et aidera ses authentiques enfants à remballer tous les faiseurs de rois, afin de donner à l'Algérie la chance de ne pas sombrer dans l'enfer du déni et son corolaire la violence.