En confisquant l'indépendance des algériens,l'armée des frontières s'est tirée une balle dans le pied . Chemin faisant,après 52 ans de pouvoir personnel,l'Algérie ressemble à un bateau touché par un obus . Fissuré ,le bateau prend de l'eau de partout et finit par se naufrager . Propulsés par les vagues sur une plage déserte, les rescapés tentent de s'organiser . En détresse,dépourvus de moyens et sans véritable organisation,chacun des survivants fait sa proposition . Les uns veulent repérer les tireurs de l'obus afin d'entamer des négociations . D'autres préfèrent s'organiser entre eux dans le but de fédérer l'ensemble des forces pour mieux peser le moment venu . La tension est palpable et chacun des rescapés défend ses positions dans une ambiance de panique . L'obus en question,n'est rien d'autre que la dépolitisation massive et volontaire adoptée dès 1962 comme mode de gouvernance pour s'assurer de la soumission du peuple . Sans contre pouvoir capable d'imposer un débat ou le moindre contrôle sur la destinée du pays,l'Algérie se comporte comme un bateau déboussolé . En effet,tout a été fait dès le départ pour interdire toute vie politique aux algériens,ce qui a sacrifié de nombreuses générations de femmes et d'hommes politiques et privé le pays de tant de vocations . En l'absence de gardes fou (Gate keepers),symbolisés par un parlement démocratiquement élu,des partis politiques non infiltrés ,des médias libres et une justice indépendante,le pays fut condamné dès le départ au naufrage . Force est de constater que le système mort né en 1962 a transformé la date qui devrait symboliser l'indépendance du pays en une malheureuse et grave interruption de l'élan du mouvement national dans la mesure où le système né à « l'indépendance » a fini par ramener le pays à l'époque pré mouvement national des années 20 ! Qu'on soit en 1926 ou en 2014,les rescapés de l'agression de 1830 et ceux qui résistent à la dépolitisation massive entamée en 1962,se posent les mêmes questions . Massali,Farhat Abbas et Benbadis s'interrogeaient sur la nécessité d'entamer des négociations avec l'agresseur comme nous nous interrogeons aujourd'hui sur la nécessité de négocier avec ceux qui interdisent toute forme de vie politique réelle en Algérie . Il est clair que les rescapés du naufrage ont besoin de se relever,se rapprocher les uns des autres,s'écouter,se faire confiance et s'organiser afin de créer un minimum de force . Sans ce préalable,tout appel isolé, émanant de certains rescapés en direction de leurs agresseurs,n'est qu'une gesticulation entrant dans le cadre d'un acte de désespoir qui risque de diviser les rangs sans pour autant infléchir la position des lanceurs d'obus qui au final,ne croient qu'aux rapports de force . Autrement dit,la tragédie algérienne ne se réglera que dans le cadre d'un compromis politique entre les différentes forces en présence . Ce compromis,ne sera possible qu'une fois l'opposition structurée arrivera à établir un équilibre des rapports de force face aux tenants du pouvoir réel .