Embarrassant. Selon des chiffres officieux, plus de 20% des Algériens vivent sous le seuil de pauvreté. Autrement dit, 7 millions de personnes ont un quotidien quasi difficile, avec des salaires, probablement, parmi les plus bas de la planète. Faut-il blâmer la non réévaluation du dinar ou les mécanismes de redistribution de la richesse pétrolière ? A fin juin 2008, l'Algérie disposait de 133 milliards de dollars de réserves de change. Cela au moment où rien que durant les six premiers mois de l'année en cours, la hausse des cours du pétrole à l'international aura permis au pays d'engranger plus de 55 milliards de dollars supplémentaires. Rappelons qu'à fin 2007, l'Etat disposait de 78 mds, chiffre officiel publié tout récemment. Et jusqu'à fin juin, la dette publique extérieure était à 623 millions de dollars seulement. A ce rythme infernal de la machine économique, les réserves de changes atteindront 200 mds à la fin 2008. C'est néanmoins ce qui ressort d'une note de conjoncture économique, rendue public ce dimanche par le ministre des Finances après une audience avec le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika. Or, « peut-on concevoir un peuple pauvre dans un pays riche », se demandent des analystes de l'économie. Cela fait presque 8 ans que la hausse des prix du pétrole dure. Seulement, depuis, les mêmes indicateurs sont mis à l'avant. Il en est par exemple, des réserves de changes en hausse, la croissance du PIB, une inflation artificiellement maîtrisée… Or, sur le terrain, le « visage » des Algériens ne semble pas avoir changé, du moins dans le sens de l'évolution de la croissance économique du pays. Pourquoi ? Paradoxe, l'emploi et le pouvoir d'achat des Algériens paraissent les deux seuls indicateurs valables aidant à juger la réussite d'une politique économique. Force est d'admettre que ces paramètres n'ont pas été éclaircis dans l'audition du ministre des Finances. Une chose reste sûre. « Il n'y a aujourd'hui aucune raison de ne pas réévaluer le dinar, sauf peut-être une seule : le peu de confiance du gouvernement à sa politique de relance économique », commente un économiste algérien de renom interrogé. Explication : la valeur actuelle du dinar est loin de refléter la réalité économique du pays, encore moins le niveau de vie des Algériens. Certes, l'Algérie a enregistré de nombreux progrès et une croissance économique très enviée par ces partenaires du Maghreb. Mais, le pouvoir d'achat, particulièrement les salaires n'ont que peu suivi. « La réévaluation du dinar va peut-être aider à amortir la facture de l'importation ? », suggère cet économiste. Ceci dit, avec une monnaie forte, les investisseurs algériens pourront acquérir leurs équipements à des coûts compétitifs. Cela aiderait aussi à réduire la part du marché informel estimée à 40%. Paradoxalement, des sommes en devises circulant illégalement dans le pays seraient estimées à plusieurs dizaines de milliards d'euros, constate notre économiste. Y aurait-il une pression exercée par des lobbys proches du marché parallèle ? Mais concrètement, le constat est inquiétant. Une main-d'œuvre bon marché et des prix des produits et des services aussi élevés. Grâce au dinar faible (100 dinars pour un euro), les entreprises étrangères foisonnent en Algérie. Un ingénieur payé 500 euros, charges comprises, contre plus de 5000 euros en Europe. Un ouvrier touchant moins de 200 euros contre plus de 2.000 de l'autre côté de la Méditerranée. Quant aux banques étrangères installées en Algérie, elles prospèrent. Leur taux de rentabilité est aujourd'hui un record : 28%. En revanche, un dinar faible continue de pénaliser fortement les salariés algériens. C'est entre 1991 et 1994 que le pays, qui se trouvait dans une situation de quasi cessation de paiement, a été contraint de dévaluer fortement sa monnaie. « Or, aujourd'hui cette mesure n'est plus justifiée », affirment des experts. C'est qu'il y a donc nécessité de « rééquilibrer » le dinar. Les preuves : en 2007 le pays a enregistré un excédent commercial de 33 milliards et le PIB a progressé de 3% quant au projet de loi de finances 2009, il prévoit un taux de croissance de 4,4% (6, 6% hors hydrocarbures). M. Karim Djoudi a souligné une hausse des dépenses publiques, en raison de nombreuses constructions d'infrastructures mais aussi du poids des dépenses de fonctionnement dont le budget sera de 25 millions d'euros pour 2009. Selon un communiqué du ministère des Finances : Croissance de 3% du PIB avec 6,3% hors hydrocarbures Selon un communiqué du ministère des Finances, le produit intérieur brut (PIB) de l'Algérie a progressé de 3% en juin, tandis que ses réserves de changes se sont élevées à 133 milliards de dollars. En effet, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a indiqué que la croissance du PIB a été de 3% en général et de 6,3% hors hydrocarbures. Cependant, l'inflation était maintenue à un seuil raisonnable. Les réserves de changes atteignaient 133 milliards de dollars fin juin contre près de 78 milliards fin 2007, précise le ministre. Par ailleurs, Karim Djoudi a précisé que l'excédent commercial en 2007 s'était établi à 33 milliards de dollars, malgré une poursuite de la hausse des importations. En outre, le projet de loi de Finances adopté dimanche par le Conseil des ministres prévoit pour 2009 un taux de croissance de 4,1% (6,6% hors hydrocarbures). Ainsi, les indicateurs macro-économiques en Algérie sont positifs depuis cinq ans, a rappelé le ministre. Assia Mekhnnef