La chute de Baghdad entre les mains des mongoles en 1258,la perte de Grenade en 1492 et surtout la disparition d'Ibn Rochd en 1198 ainsi que celle d'Ibn Khaldoun en 1406,ont plongé le monde arabo-musulman dans une interminable crise culturelle,politique,sociale et économique dont les conséquences sont encore palpables de nos jours . Cette crise multidimensionnelle agit sur le monde arabo-musulman et le contraint à rester en dehors de tout projet de développement . Tout est fait,comme si nous avons quitté la voie de la prospérité et de la stabilité de la même façon qu' une voiture de course quitte le circuit de Formule 1 pour se retrouver dans un ravin non loin de la piste . Sombrant sous les effets du sous développement,le monde arabo-musulman a cessé d'influencer sur son sort et sur celui de l'humanité depuis huit siècles,de la même façon qu'une voiture de course ayant quitté accidentellement le circuit ,cesse d'influencer sur une compétition . En face ,les puissances jalouses de leurs développements et de leurs mains mises sur le reste de l'humanité,n'ont aucunement l'intention d'autoriser un monde arabo-musulman en détresse à regagner le circuit des grands . Pire,crises financières et économiques obligent,les puissances exploitent nos difficultés pour défendre leurs stratégies économiques et politiques tout en nous enfonçant . Chemin faisant,le printemps arabe,ce phénomène né d'un ras le bol spontané de nos peuples vis à vis de régimes politiques en faillite ,est cyniquement exploité par les puissances en collaboration avec leurs sous-traitants régionaux pour aggraver un peu plus notre situation . Les résultats des dernières législatives tunisiennes,les pressions exercées par les puissances et leurs sous-traitants régionaux sur la véritable opposition tunisienne et particulièrement sur Ennahda et la médiatisation excessive des courants politiques responsables de la faillite du pays,prouvent que les puissances et leurs relais locaux ,ont imposé à notre région trois types d'évolution dont les paramètres ne tiennent surtout pas compte des intérêts des peuples . Les résultats des législatives tunisiennes,nous renseignent sur la tonalité du message des puissances en direction des pays de la région . Tout est fait pour que la région continue à subir les dictatures des régimes « post coloniaux ». A défaut et en cas de révoltes populaires,les puissances et leurs relais locaux,proposent d'interminables guerres civiles et pourquoi pas la dislocation des pays concernés . Cependant,si l'opposition réelle aux régimes dictatoriaux,s'organise et se structure telle que l'a montré l'opposition tunisienne,l'ingérence des puissances et de leurs relais régionaux est telle,qu'Ennahda est contrainte de provoquer sa propre défaite aux législatives tout en s'interdisant de présenter un candidat aux présidentielles . En effet,les pressions étrangères subies par un parti populaire et bien implanté comme Ennahda, furent telles,que le parti d'Al Ghannouchi s'est retrouvé contraint d'opter pour la deuxième place en menant une campagne électorale volontairement moyenne et en présentant dans certaines régions du pays volontairement des candidats potentiellement battables ! Ces données,prouvent que le monde arabo-musulman est pris dans son propre piège . Surmonter une décadence datant de plusieurs siècles sera difficile,mais réalisable . Il s'agit d'une oeuvre colossale qui nécessite une lecture rigoureuse de notre passé et de notre présent . Nos élites intellectuelles et politiques,ont la responsabilité de provoquer le changement tout en tenant compte de nos réalités . La gestion par consensus,peut s'avérer un moyen de stabilité et de progrès vers le changement pour des pays qui ont perdu leurs souveraineté politique,culturelle et économique depuis des siècles . Ce consensus exigera plusieurs phases de transition : – Phase de transition institutionnelle Il s'agit d'une étape de 18-24 mois,nécessaire dans le cadre d'une assemblée constituante,pour rédiger une nouvelle constitution ,élire un président de la république ainsi qu'un parlement . Cette phase sera dirigée par un gouvernement d'union nationale . Cette phase ainsi que la phase suivante,exigeront le consensus comme mode de fonctionnement . -Phase de transition pour une élite politique sereine Cette phase sera de 10 à 15 ans . Elle sera la base de tout changement politique pacifique et constructif . Elle permettra à la classe politique de développer des réflexes de cohabitation,de tolérance et d'alternance . Elle se fera aussi dans un contexte de gestion par consensus . -Phase de transition pour une culture démocratique populaire Cette phase nécessite quatre générations . Elle exige stabilité,éducation,formation et paix . Elle permet au peuple dans son ensemble d'acquérir une culture politique démocratique . La réussite de cette phase ,est synonyme de prospérité et progrès .