L'effet Ebossé : Sackey fait un malaise et veut quitter le MCA après une descente menaçante de supporters HuffPost Algérie | Par Farid Aït Saâda 1. Publication: 06/11/2014 08h21 CET Mis à jour: 06/11/2014 08h21 CET Scène surréaliste dimanche dernier sur le terrain dit « Hadjout » où s'entraîne l'équipe première du MC Alger : le joueur ghanéen Eric Ato Sackey, choqué par une descente de supporters très remontés, a été pris d'un malaise. Après le décès d'Ebossé, il avait déclaré : « Je crains pour ma vie. » Jeudi passé, le « Clasico » algérien entre le MC Alger et la JS Kabylie a tourné à l'avantage des visiteurs qui, menés 2-0 après moins de vingt minutes, ont renversé la vapeur pour l'emporter 2-4 alors qu'ils avaient joué la dernière demi-heure à dix, se permettant même le luxe d'inscrire le quatrième but en étant en infériorité numérique. Se sentant humiliés face à un rival traditionnel, les supporters du MCA ont exprimé leur courroux pendant le match par des jets de projectiles –qui valent au club la sanction de deux matches à huis clos pour récidive- et surtout après la partie en insultant copieusement les joueurs et l'entraîneur, obligés de quitter le stade Omar-Hamadi sous forte protection par une porte dérobée. Pour les habitués, rien d'original tant le football en Algérie, plus spécialement dans les clubs emblématiques, est empreint de passion, voire d'excès. Sauf que Eric Ato Sackey, attaquant ghanéen recruté l'été passé, a très peu apprécié ce débordement de passion. Il n'avait pourtant encore rien vu! Dimanche matin, à l'occasion de la reprise des entraînements après deux jours de repos, une quarantaine de supporters en colère et aux intentions belliqueuses ont fait irruption sur le terrain dit « Hadjout » et déversé un lot d'injures et de menaces sur les joueurs. Anglophone, Sackey n'a rien compris de ce qu'ils disaient, mais il avait vu, dans les mains des assaillants, des objets qui en disaient long sur leurs intentions : des ceintures serties de métaux. Du coup, sa tension artérielle a grimpé subitement et il a été pris d'un malaise, s'affaissant sur le sol. Il a fallu l'assistance de ses coéquipiers et du staff médical pour le réanimer. « Si vous ne battez pas le CRB, nous reviendrons avec des bouledogues ! » Non seulement Sackey n'est pas habitué à pareilles scènes, lui qui a fait l'essentiel de sa carrière en Moldavie et dont les parents vivent en Angleterre, mais il ne se sent plus en sécurité depuis le décès tragique de l'attaquant camerounais Albert Ebossé Bodjongo touché par un objet contondant jeté à l'aveuglette par un supporter en colère, à la fin du match entre son club, la JS Kabylie, et l'USM Alger le 23 août au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou. Cette mort, la première de ce type en Algérie, avait marqué et traumatisé beaucoup de joueurs en Algérie, conscients que cela aurait pu leur arriver, et plus particulièrement les joueurs étrangers. Sackey a été de ceux qui avaient été très choqués par cette mort. « Je ne vous le cache pas : j'ai peur pour ma vie », avait-il déclaré à la chaine de télévision El Heddaf TV. « Quand je marche dans la rue, je ne cesse de regarder à droite, à gauche. Je suis sur mes gardes. » Même s'il habite à Dely Ibrahim, un quartier plutôt huppé de la banlieue d'Alger, pas loin du lieu de l'entraînement, il n'est pas rassuré. Ce n'est pas la menace énoncée clairement par les supporters du MCA qui le rassurera davantage : « Si vous ne gagnez pas contre le CRB (samedi contre le CR Belouizdad, ndlr), nous reviendrons avec des bouledogues ! » Pour maintenir la pression sur les joueurs, « qui ne comprennent que le langage des menaces et des insultes », nous a expliqué l'un des meneurs pour justifier cette descente punitive, les supporteurs ont marqué de leur présence chaque entraînement de la semaine avec l'assentiment implicite de la direction du club qui n'a pas jugé utile de protéger les joueurs en recourant à un stage bloqué ou à un changement de lieu d'entraînement. Même les responsables de la Ligue du football professionnel ont contribué à l'exacerbation de la tension en domiciliant le match dans le petit stade du 20-Août 1955 alors que le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, avait annoncé après la mort d'Ebossé que les grandes affiches ne se joueraient dorénavant plus dans les stades exigus. Pour Sackey, le match de samedi sera un couperet, tout comme les prochains. Comme il ne comprend ni l'arabe ni le français, il ne peut même pas tâter de pouls de l'opinion publique autour de lui. Seul son coéquipier guinéen Ibrahima Sylla tente de le rassurer, lui qui joue en Algérie depuis plusieurs années (il a même épousé une Algérienne) et qui est habitué aux excès des supporteurs algériens. Le troisième étranger du MCA, le Gabonais Samsung Mbengue, n'est pas aussi inquiet que Sackey qui, depuis trois jours, en quête de réconfort, appelle sa famille quotidiennement et même parfois plusieurs fois par jour. Plus même : il a pris la décision de partir, même à perte. Il a demandé à son agent de trouver un accord avec le MCA pour une résiliation de contrat à l'amiable lors du mercato d'hiver. * facebook * twitter