Les céréales occupent une place à part dans l'agriculture algérienne. De part les surfaces emblavées, 7 millions d'hectares, et surtout du mode de consommation national, 200 kilogrammes par habitant et par an, les céréales se distinguent donc par leur prédominance dans le paysage rural national qui en fait ainsi une culture stratégique. Hélas, l'Algérie, malgré un triplement de la production par rapport à 1962, reste tributaire bon an mal an de l'extérieur pour combler le déficit abyssal qui se creuse d'année en année sous la pression d'une croissance démographique galopante et d'une mal gouvernance qui se complait grâce à la rente pétrolière de couvrir les besoins de consommation par des importations massive de céréales à tel point que les marchés internationaux des céréales se basent très souvent sur la production algérienne pour fixer la tendance des prix de la mercuriale internationale. C'est ainsi que les importations ont atteint 3,16 milliards de dollars en 2013, contre 3,18 milliards de dollars à la même période en 2012, et il en va ainsi depuis des lustres. Ce triste constat est aggravé par le fait que les importations de céréales sont assurées par les seules exportations d'hydrocarbures, principale source de financement des importations des produits alimentaire. Les pays exportateurs, détenteurs de l'arme verte n'hésitent pas à maintenir leur pression grâce des spéculations habiles qui tirent les prix des céréales vers le haut. Pour mémoire la tonne de blé dur valait 156 dollars us en 2000, elle en valait 464 en 2011 !… Pour le blé tendre la même tendance haussière a été relevée, 129 dollars en 2000 pour grimper à 354 dollars en 2011... Le danger guette le pays et les responsables du secteur agricole ne semblent pas décidés à prendre les mesures idoines pour inverser la tendance. L'heure est au replâtrage permanent et on arrive à solliciter la clémence des cieux en invoquant des salates El Isstasska afin de limiter les dégâts. L'actualité vient de nous rappeler que la situation s'aggrave d'année en année et la production céréalière a chuté de 30%… Ce qui va se traduire par une facture abyssale au moment où le prix du baril du pétrole flirte avec les 70 dollars. Cette situation était prévisible et nous avons, déjà tiré la sonnette d'alarme il y a déjà plus de vingt ans. Des solutions agronomiques existent car la marge de manœuvre est immense. Les rendements algériens oscillent entre 6 et 15 quintaux à l'hectare au moment où les agriculteurs de la Beauce en produisent 120 quintaux. Mais, il ne suffit pas de le claironner pour les mettre en pratique, il faut surtout que la volonté politique se démarque de cette mauvais habitude de ne compter que sur la rente pétrolière pour maintenir le statu quo et préserver surtout la paix sociale. Sauf qu'il faut être inconscient pour continuer ainsi car d'une part l'Algérie ne peut se passer de céréales, que les pays exportateurs de cette denrée l'utilisent comme arme dans leurs relations pour y asseoir leur hégémonie et que surtout le pétrole, cette ressource fossile et non renouvelable point déjà à un prix en dessous de 70 dollars le baril. Si le problème n'est pas pris à bras le corps par les gouvernants du pays, on peut s'attendre dans les années à venir à une déconvenue sociale dont nul ne peut prédire les contours.