Familles de disparus face au sinistre CTRI, devant la mythique prison El Coudiat et à droite du cabinet du Wali ; Naïma immortalise ce énième sit-in avec ce regard qui interroge les portes muettes et les geôles secrètes.On s'accroche à la photo de ce père arrêté alors qu'il corrigeait des copies, disparu depuis, mais condamné par contumace pour appartenance à groupe terroriste par quand même, la condamnation de l'ONU de l'Algérie est pourtant publiée mais ces enfants élevés comme des orphelins non reconnus n'ont eu comme seul pièce officielle qu'un horrible certificat de décès sans corps, le plus souvent à l'arraché car pour beaucoup d'autres ce fût le chantage et les menaces pour accepter des indemnités équivalant au prix d'une voiture d'occasion et de facto clore le « dossier ».Naïma que plus d'un on essayé de récupérer a toujours fini par vaincre la peur, la rumeur crasseuse, la répression, les coups qu'elle a reçus, les arrestations, les condamnations, mais jamais elle ne pourra vaincre la lâcheté de celles et ceux qui se détournent du drame et qui au passage osent encore accuser ces familles d'être sous la coupe de la fameuse main étrangère, Naïma dont les enfants reçoivent toujours, après entretien professionnel, des refus au motif d'une enquête administrative au résultat négatif (enfants de terroristes sans doute) ne baisse pas les bras, dénonce, crie et éduque ses petits enfants et tous les jeunes du quartier, pour que nul n'oublie !Ces femmes et ces mères dont beaucoup ont décédé sans jamais pouvoir se recueillir sur le corps de l'être cher, n'oublieront jamais et rien n'effacera les crimes, ni l'indifférence, ni le mépris ni l'abjection de ceux qui continuent de qualifier de terroriste un ouvrier enlevé sur son lieu de travail ou encore un médecin arrêté et bastonné devant ses malades.Ces familles ont compris que leur combat est celui d'un système, c'est pourquoi elles sont de toutes les luttes, celles des chômeurs, des internés, des Katia égorgées en classe, des jeunes appelés livrés aux égorgeurs et de tout un peuple pris en otage.Aujourd'hui, les enfants devenus adultes doivent faire leur vie, malgré moi je ne peux m'empêcher de penser au jour du mariage de Hiba, qui remplacera son père pour dire « Zawajtouka Inbnati » (Je t'autorise à épouser ma fille), qui lui tiendra la main les yeux en larmes le jour J ?Que tous les hommes d'honneur de ce pays songent à cette scène que Hiba ne vivra pas et surtout que les criminels et leurs suppôt qui nous donnent des leçons de mémoire et de mémoire sélective, surtout qu'ils ne changent pas leurs regards d'un iota d'angle et qu'ils poursuivent leur mission, qu'ils marient leurs progénitures dans les Hilton en sabrant le champagne, qu'ils fassent recruter leurs gosses dans les multinationales et surtout qu'ils continuent de couler des jours « heureux » parmi nous.Merci Naïma, Merci Farida, Merci Lamia, Merci à toutes ces H'araier. Zineb Azouz. * facebook * twitter * google+