Mêmes scènes, même scénario que les protestations précédentes. Le bras de fer opposant les enseignants contractuels au ministre de l'Education nationale n'est apparemment pas près de connaître son épilogue. Dans le cas de ce dossier, c'est le retour carrément à la case départ. La crise ne fait que s'accentuer face à un ministre imperturbable. Hier, les enseignants contractuels ont passé, pour la énième fois, un mauvais quart d'heure. Ils ont été malmenés, brutalisés, tabassés et insultés par des policiers venus en force empêcher leur sit-in prévu devant la présidence de la République. Cinq manifestants ont été interpellés, menottés comme de vulgaires voyous, avant d'être embarqués pour les commissariats les plus proches. En toute vraisemblance, les policiers ont eu le même comportement adopté lors du premier sit-in tenu en juillet dernier. Ils étaient déchaînés et furieux contre des individus qui essayaient de manière pacifique d'atteindre le siège de la Présidence. Les policiers ont reçu, selon les dires de l'un d'eux, l'ordre de disperser la foule et de surcroît à n'importe quel prix. Vers 13h, toutes les issues menant à la Présidence étaient complètement quadrillées par des policiers en tenue et en civil. Une heure auparavant, un dispositif de sécurité impressionnant a été déployé pour « pourchasser » une vingtaine d'enseignants qui aspiraient à une éventuelle entrevue avec des responsables. « Nous ne sommes pas des criminels » « Nous n'avons commis aucun crime pour que l'on nous pourchasse de cette manière ! », s'est exclamé un enseignant à l'encontre d'un officier qui ne voulait rien comprendre. « Dégagez, je ne veux voir personne ici », lui rétorque l'agent de sécurité. Ces propos suscitent l'ire des enseignants qui ne pouvaient accepter de telles injures. Cependant, contre la matraque, les éducateurs avaient les mains liés. « Nous ne sommes pas des criminels, nous demandons juste la régularisation de notre situation. Nous avons décidé d'observer un sit-in devant la Présidence pour nous faire entendre par nos dirigeants. Nos droits sont bafoués et nous avons été touchés dans notre dignité », a crié un enseignant qui expliquait naïvement aux policiers qu'ils voulaient rencontrer le chef du gouvernement pour lui soumettre leur problème. « Nous voulons un poste de travail permanent. Cessons de faire dans le bricolage », a lancé un autre enseignant. Ayant constaté que le courant ne passait pas entre eux et les agents de sécurité, les manifestants ont alors commencé à scander des slogans hostiles au pouvoir « Benbouzid hagar », « Nous demandons l'intervention de Bouteflika », « Nous exigeons notre réintégration pure et simple ». « C'est scandaleux ce qui se passe de nos jours. Ce que nous venons d'endurer n'est nullement digne d'une Algérie qui se dit respectueuse de son élite », a crié un enseignant. Malgré ce qui s'est passé hier, les grévistes n'envisagent pas de faire machine arrière ni de renoncer à leur droit. Ils ont opté pour une grève de la faim soutenue par des actions similaires à partir du mois d'octobre prochain. Notons que depuis le début de l'année, les enseignants contractuels demandent leur intégration dans leur poste de travail, la régularisation de leur situation financière, la réintégration des enseignants exclus abusivement, la titularisation après une année d'exercice ainsi que l'ouverture de postes budgétaires dans les nouvelles filières comme l'informatique. M. Benbouzid, ministre de l'Education, avait promis de prendre en charge ces enseignants, mais avait clairement fait savoir qu'il ne pouvait assurer à chacun un emploi permanent. « Les contractuels existent de par le monde, on fait appel à eux en cas de besoin et pour une durée limitée », s'est-il défendu. Néanmoins, certains enseignants contractuels ont exercé pendant sept ans et du coup ils ont été remerciés …