Une rencontre informelle de l'Alliance présidentielle aura lieu jeudi prochain. Le triumvirat déterminera la date de la passation de la présidence tournante qui reviendra, pour les trois prochains mois, au FLN. Les trois leaders devront accorder leurs violons en vue d'un soutien indéfectible à Bouteflika pour la poursuite de son programme mis en branle en 2004. C'est ce que nous a révélé Saïd Bouhadja, le chargé de la communication du vieux parti qui a ajouté que «le rendez-vous au sommet sera l'occasion pour les trois alliés de mettre en conformité leurs positions. Ils devront plébisciter le président de la République et le coopter pour un troisième mandat, étant entendu que la révision de la Constitution se fera dans les jours à venir, juste après l'Aïd», nous a-t-il déclaré. Ce sera un nouveau souffle que connaîtra le triptyque, mis en veilleuse depuis quelques mois. L'Alliance présidentielle connaîtra ainsi un sursis de cinq ans avant les grandes manœuvres de 2014 qui verront, sans nul doute, les trois alliés endosser l'habit de farouches concurrents. Pour le responsable du FLN, les choses vont s'accélérer et son parti n'a pas l'intention de rester à la traîne. D'ailleurs, «tout est fin prêt pour porter la candidature de Bouteflika qui figure dans les statuts du parti comme étant le président organique du parti». Ainsi, à en croire le responsable, la tenue du fameux conseil national, avec ses quelque 500 cadres, se déroulera au mois d'octobre prochain pour avaliser ce choix. «Les rapports et les bilans d'activité des cinq commissions sont finalisés. Nous attendons juste l'annonce officielle de la révision du texte fondamental pour nous réunir.» Alors que le vieux parti est miné par une crise interne, le chargé de la communication minimise la contestation en affichant un optimisme béat quant à «la discipline des dissidents» qui «mettront l'intérêt du parti avant le leur». Ces propos lénifiants sont loin de convaincre les pourfendeurs de Belkhadem qui l'accusent «d'avoir conduit le parti dans le précipice». Le parti est depuis pratiquement quatre ans secoué par des soubresauts qui ont fini par le mettre dans une impasse et rendu impossible le dialogue entre la direction et la base. Selon une source proche des réfractaires, «le conseil sera chahuté car ce dernier devrait d'abord, comme préalable, avant toute autre considération, apporter une décantation tant au niveau de la composante du conseil que des structures». Il va sans dire que la protesta a maintes fois demandé le retour à l'ancien système, entre autres, du bureau politique qui garantit «la mise en avant des compétences et l'équilibre régionaliste ». Le MSP, demeuré en marge de ses alliés, va, selon une source proche de ce parti, «s'aligner sur la position de Belkhadem et Ouyahia». De toute façon, il n'a pas trop le choix, il ne pourra pas faire cavalier seul et perdre tous les dividendes surtout après avoir laminé ses adversaires et conquis le pouvoir qu'il maintiendra à travers une restructuration du parti qui est en phase d'être achevée. Tout comme le FLN, «le conseil consultatif du MSP sera convoqué après l'annonce de la révision de la Constitution pour approuver le choix du candidat du consensus», nous dit-on. De son côté, le RND, fort de sa «réappropriation» du pouvoir exécutif, s'attelle à préparer sa stratégie de campagne. Il part indubitablement, de pied ferme, le torse bombé, avec une sacrée longueur d'avance sur ses alliés vu sa proximité avec le président et les faveurs dont il jouit présentement. Tout le monde a remarqué l'ardeur et l'aplomb de son chef de file, à soutenir un troisième mandat du président, une attitude qui tranche avec sa réserve et son comportement cartésien. «La révision de la Constitution aura lieu, c'est une évidence. Ce ne sera pas en mars 2009, elle est proche, proche», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue de la première réunion du conseil national de sa formation. Et de sous-entendre qu'elle se fera par voie parlementaire. En renchérissant : «Il y a des gens qui ont créé une kermesse et ont dit que la révision de la Constitution n'aura pas lieu et que le président ne se représentera pas. Il y a deux ans et demi, je disais que le débat sur la révision constitutionnelle était surréaliste car prématuré, mais maintenant, le moment est venu.» Force est de constater que le patron du RND, qui aborde avec «démagogie» l'entente au sein du triumvirat, est quasiment sûr de sa démarche et compte, en grand timonier à la barre, mener le bateau à bon port, vers l'escale d'avril 2009. D'ailleurs sa réponse, à propos de l'alignement du MSP, a été claire et sans équivoque : «On ne peut pas être membre d'une alliance durant cinq ans puis changer de cap.» Une réplique qui sonne comme un coup de semonce. L'opinion publique est fixée, on sait dorénavant qui est maître à bord et qui sont les épigones qui doivent suivre et prêter allégeance. Fatma Haouari