J'ai déjà écrit sur ce sujet, et j'ai utilisé un titre similaire au lendemain de l'échec de la tentative du putsch du 15 juillet 2016, et de la frustration née de l'espoir déchu des chancelleries occidentales. Certains pourraient se demander pourquoi j'y reviens ? En fait, je ne le fais nullement par chauvinisme turcophile, et encore moins par soutien moral indéfectible ou solidarité aveugle ni avec la Turquie, ni son système ni son pouvoir, que je laisse le soin à ses citoyens et à l'histoire de juger, comme toute expérience humaine de son apport, en bien ou en mal. Si je reviens à ce sujet, c'est suite à la meute hystérique qui ne démord pas, et se fait pressante voir outrancière sous le fallacieux prétexte de préservation des « valeurs républicaines », et parce que je j'estime que le cas de la Turquie nous offre une véritable vitrine, qui expose d'une part la véritable nature de la lutte d'influence qui s'opère, entre les acteurs actifs sur le terrain, et ceux qui la subissent en « doux et serviles » appendices, sur un fond le lutte de civilisations qui peine à cacher sa véritable nature. Le Cas Turquie nous offre aussi une vitrine qui dévoile la laide hypocrisie des chantres de l'humanisme humanoïde, sous la pompeuse bannière des lumières et des valeurs dites universelles. Enfin, parce que je considère que cette vitrine, ne concerne pas la Turquie exclusivement, mais nous présage du sort réservé à tous ceux qui oseraient braver les lignes déterminées par cet Occident hégémonique, dans son gant humaniste, et sa cupide réalité de de feu, de fer et de mensonges d'état. L'alibi de l'actuelle hystérie qui prend des dimensions continentales ? Pas un uniquement, mais toute une myriade, et on sait, quand les alibis et prétextes se bousculent, c'est qu'ils sont d'argile. La version officielle : « refus de laisser les ministres turcs faire campagne électorale sur le sol de ces démocraties ». Et comme ça risquait de ne pas convaincre, on n'y va pas du dos de la cuillère, on ajoute des pincées crescendo : « la dérive d'Erdogan » et d'ajouter « les prisons se remplissent aussi vite que les journaux sont fermés. Les atteintes aux droits de l'homme se multiplient » ! Seulement nul n'ignore que cette hystérie occidentale contre la Turquie post kemaliste, ne date pas d'aujourd'hui, ni de cette prétendue campagne en terre démocrate ; elle ne cesse en fait de changer de prétexte, qui sont tour à tour mis à jour et interchangeable, qui prouve, que l'objectif étant déterminé, chercher la justification est une affaire banale. L'occasion de revenir sur ce sujet, m'a été inspirée par ce branle-bas, à l'image de l'hystérie d'Angela Merkel, transmise au plat pays la hollande, pour se poursuivre au Danemark, et partout en Europe. Mais pour faire court sans chercher midi et quatorze heures, il est clair que le crime turc, qui ne doit pas rester impuni, est d'avoir osé, ce qui constitue une impertinence au gout des Grands. Le pire, à leurs yeux, est que La Turquie a les moyens d'oser, étant tributaire et redevable uniquement envers son peuple, elle ose la dignité et impose sa stature, et de là, elle commet le crime de lèse-majesté, celui d'exercer sa souveraineté, et de ne pas craindre de dévoiler la laideur de l'hypocrisie occidentale, de ses mensonges et de son chantage de bas étage. Tout en la Turquie met à nu les prétendues valeurs universelles tant claironnées par ces démocraties européennes, des libertés d'expression, et des choix de la diversité. Si cette Europe se fait tellement critique, voire agressive et arrogante envers la Turquie sous prétexte de « gouvernance autoritaire » et soucieuse des droits de l'homme par le régime d'Ankara, dûment élu et réélu par ses citoyens dans des élections qu'il est plus que ridicule de contester la transparence, on a vu comment cette même Europe s'est distinguée par son mutisme coupable lors du génocide au Myanmar, où des milliers de victimes Rohingya, femmes, enfants, vieillards, tous désarmés se sont font égorger devant les caméras, sans que ces crimes ne dérangent la conscience de ces chantres des droits de l'hommes, ou de condamner cette barbarie, ou lors des massacres en Egypte après le putsch de Sissi et des autres violations massives des droits de l'hommes qui en ont suivi et persistent à ce jour, ou encore les boucheries de Bachar, tout cela n'indispose pas cet Occident ni met mal à l'aise sa conscience sélective ; il sait s'adapter selon la nature des victimes et des bourreaux, et sait comment faire le funambule en soutenant les apprenti dictateurs tout en claironnant son appui au valeurs humaines pour condamner la... Turquie Sachant la futilité de son alibi, on cherche à conforter cette position, par le biais de sondages télécommandés et des interprétations à géométrie variable, à l'image de celle effectuée le 14 mars par le Figaro, qui à la question « L'Europe doit-elle mettre un terme définitif au processus d'adhésion de la Turquie ? », nous gratifie de résultats sans appel, (95.3% de oui, contre 4.7% de non), on remarquera qu'ici on est loin des résultats habituels des 60/40, mais plutôt des résultats cinglants fort révélateurs de l'objectif même de ce sondage qui cherche à donner l'illusion de l'unanimité au sein de ces peuples vis-à-vis de la question turque, ce qui n'est pas forcement vrai, et à la question « L'Europe doit-elle sanctionner la Turquie après ses accusations de nazisme contre l'Allemagne et les Pays-Bas? », le résultat n'est pas différent (82.14 % de oui, contre 17.86 de non). On remarquera que ces instituts de sondages télécommandés, ne se sont jamais donné la peine, de poser des questions de ce genre par exemple lorsque l'on crachait sur la foi d'un milliard et demi de musulmans et de leur prophète comme l'a fait le Charlie Hebdo, dans ce cas, « on » considère qu'il s'agit de liberté d'expression sacrée et protégée, mais pas quand on compare Merkel au nazisme, ou encore lorsque Geert Wilders qui brigue la magistrature suprême de son pays, le plat pays, prône l'interdiction du coran et la fermeture des mosquées. On remarquera dans ce cas précis qu'il ne s'agit pas uniquement de vaines déclarations exprimées par une personne quelconque, mais d'un véritable programme politique de candidat à la présidence, et que personne n'a jugé utile de sonder les populations pour savoir s'il fallait condamner pareils propos ou accuser leur auteur de crimes de haine ; ou encore faire des sondages pour savoir si le fait de critiquer les crimes sionistes révélaient de l'antisémitisme ; ici, le seul fait d'être pris en de tel flagrant délit est passible de peine de prison et de fortes amendes. Passons maintenant aux prétextes aussi divers que contradictoires, changeant au gré des circonstances, qui valent à la Turquie cette levée de boucliers : La Turquie est un pays terroriste, ou soutient les terroristes. N'est-elle pas plutôt, par faits avérés, victime du terrorisme multiforme, du PKK que ces pays soutiennent ouvertement sous le fallacieux étendards de freedom fighter, à la nébuleuse « Daesh », sans oublier la mastodonte machine d'intox occidentale, à l'image des campagne orchestrées et maintenues pour distiller une version mainstream reprises par toutes les agences de presse ? La Turquie est un pays de dictature. Pourtant nul n'ignore que tel était effectivement le cas lorsque la dictature militaire digne héritière de l'ère Kemalienne sévissait des décennies durant, et qui essaie de se remettre en selle, avec pas moins de quatre putschs, dont un avorté récemment, sous l'œil complaisant et compromis de cet Occident qui n'arrive pas à ce jour à accepter cette débâcle, suite à son amère déception qui lui a fait régurgiter ses aspirations d'une Turquie qui l'avilit et l'enfonce dans sa turpitude. D'ailleurs, c'était révélateur cette position de complicité occidentale pour ne pas dire d'incitation au putsch du 15 juillet 2016, avorté par le peuple et sa vigilance, un fiasco qui leur est resté au travers de la gorge, et qui justifie par la suite leur campagne orchestrée, non pas de condamnation du putsch, mais de l‘arrestation des putschistes et de leur traduction devant les tribunaux ! La Turquie est un pays autoritaire. Puisse-t-il y avoir une seule personne sensée pour nier le caractère civil, populaire légitime et pluriel, du pouvoir en Turquie ? Certes ce n'est pas la Suisse ni la Suède, le chemin est encore à faire, mais qui l'est ? La France ? Et n'est-ce pas au peuple souverain de juger par l'expression libre, du choix de son modèle, de ses gouvernants, et de les plébisciter ou les démettre, et à lui seul le droit d'exercer ce pouvoir, et même de se tromper, afin de se parfaire et de construire son pays, loin de toute ingérence, de mainmise ou de paternalisme au gout coloniaux, qui n'ont pas de place dans un pays qui n'a guère été un Dom Tom de ces négriers. La Turquie est un Pays rétrograde, obscurantiste, misogyne, liberticide etc. Pour cela il faudrait être aveugle ou daltonien, pour ne pas voir ces tares dans l'Egypte de Sissi, l'Arabie des Al Saoud, la Syrie du Jazzar, l'Algérie des DAF, pour ne citer que ces spécimens qui trouvent toute l'indulgence et le soutien de cet Occident donneur de leçons, en contraste flagrant avec une Turquie épanouie, prospère et tellement gênante. Ou à l'image de ceux qui ne voient pas d'un bon œil l'Islam tel que pratiqué en Turquie, et veulent le réduire à la version Chalgoumi, ou la « main de fatma », et sont même disposés à s'acoquiner avec sa version « rigoriste » des Al Saoud ou même d'un Daesh de service. La Turquie porte atteinte aux Droits de l'Hommes. Si tel était le cas, que doit-on dire de ces droits de l'homme dans l'Egypte de Sissi qui est accueilli en fanfare dans ces capitales, et de Bachar qui tue par milliers, et du pouvoir du mourant Bouteflika qui, du fond de son fauteuil roulant, tisse une toile partout dans cet Occident, sans que ni son incapacité ni son illégitimité ni ses violations des droits de l'homes et de ceux qui l'ont précédé au lourd tribut d'un quart de million de victimes, n'ont empêché ces chantres des droits humains, de les accueillir et les soutenir, voire même louer leurs « lumières », ni tous les autre dictateurs putschistes qui sévissent et qui ont dans leur tableau de chasse des centaines de milliers de victimes, et de prise en otage des populations entières depuis leur accession à l'indépendance formelle. Pour ne citer que cet échantillon de prétextes. En fait, c'est parce que la Turquie n'est pas « tout cela », qu'elle est la proie de cette sale guerre d'intox et de pyromanie, et c'est une suite logique qui trahit ce malaise que ressentent ces démocraties face au modèle turc, tant il les indispose par son efficacité, sa clarté, même aux standards claironnés par cet Occident, et qui s'impose comme alternative réelle aussi bien aux pouvoirs dictatoriaux arabes que de leur propre modèle hypocrite en fin de parcours. Cette hystérie émane en définitive de l'esprit colonialiste qui ne peut voir et encore moins tolérer l'indépendance d'esprit et de l'acte chez les autres, tellement habitué à sévir en maitre absolu tenant ses sujets et serviteurs sous sa coupe et n'acceptant d'autre genre de relation en dehors de celle-ci, chose qu'il n'a pu imposer à la Turquie. Il est vain de croire pouvoir occulter le véritable « crime » commis par la Turquie, celui de déranger, et de présenter un risque de « contagion », le genre que ces démocraties ne peuvent pas accepter tant il menace leurs thèses entretenues pendant des siècles pour maintenir l'ordre établi par eux. La raison concrète de ce malaise européen et de son hypocrisie vis-à-vis du pouvoir civil en Turquie et qui dérange le plus cette Europe, c'est que le pouvoir en Turquie émane complètement d'une volonté polaire librement exprimée dans les urne turques et non redevable d'aucune manière ni de la complaisance ni de la compromission occidentale, ni tributaire de son soutien, comme c'est les cas des autres républiques militaires issues de coup d'état et de confiscation de la souveraineté des peuples, et qui ne doivent leur pérennisation qu'à cet Occident. Ce qui porte la dragée haute à cet Occident est que la Turquie ne tire pas sa légitimité d'ailleurs, elle en est forte de son peuple, ce qui prive cet Occident de levier, de chantage et de pression qu'il manie à satiété. En résumé, tant que c'est le peuple turc qui choisit et exprime sa volonté, qu'importent toutes les vociférations de cet Occident. Qu'il continue ses croisades vocales et futiles, pour faire oublier un temps sa chute chez lui et les déceptions de sa gouvernance ressenties par ses citoyens. Quant au peuple turc, c'est à lui que revient le dernier mot, et il sait d'où il tire sa force, sa légitimité, sa prospérité et sa dignité qu'il n'a recouvrées que lorsque l'occasion lui a été restituée après plus d'un demi-siècle de régime militaire et de dictature appuyée par ces chantre occidentaux qui essaient maintenant de lui miroiter les bienfaits de cet phase lugubre et révolue de son passé. Rachid Ziani-Cherif