Une fois l'indépendance arrachée au prix des années de luttes dans le maquis et de lourds sacrifices, l'armé des frontières confisque l'indépendance et détourne le processus révolutionnaire en faveur d'une caste militaire ayant des intérêts restreints, contraires à la volonté du peuple. Le coup de force contre le GPRA, puis contre l'assemblée nationale constituante ont définitivement acté le divorce entre ceux, qui voulaient la liberté et la démocratie du peuple et ceux qui rêvaient d'une dictature militaire méprisante qui privait le peuple de ses droits, de sa dignité, de sa liberté et entrave son espérance de voir ses sacrifices fructifiés et sa voie triompher. En 1962, Hocine Ait-Ahmed député de Sétif démissionne de l'assemblée nationale constituante pour réfuter les pratiques de coups d'Etat : « ma démission n'est pas un appendant du combat car, je reste militant. C'est un acte politique, une option de confiance dans ces couches effervescentes et conscientes qui ont conduit à la victoire la guerre de libération ». Ait Ahmed n'a pas accepté la conspiration, il s'insurge et crée avec ses compagnons d'armes le Front des Forces Socialistes pour s'opposer à la dériver évolutionnaire et réclamer le retour au peuple, étant le seul vainqueur et détenteur exclusif du pouvoir. La proclamation du FFS en septembre 63 a mis nu les pratiques du régime qui voulait imposer le diktat du parti unique, remplacer le colonialisme dans ses pratiques et embrigader la liberté du peuple : « La résistance du peuple algérien au coup de force constitutionnel a acculé le régime à découvrir son véritable visage. Les tenants du pouvoir ont recouru aux méthodes coloniales de corruption et de menaces les plus basses et les plus odieuses afin de bâillonner et de truquer la volonté populaire. La création du FFS pour revendiquer le pluralisme politique et culturel fût réprimé dans le sang,le parti perd, sous les balles du régime de Ben Bella, des centaines de valeureux militants.Depuis la fondation du FFS, Ait Ahmed a pesé de toutes ses forces, soit au plan national parla mobilisation du parti ou international par la sensibilisation des amis de l'Algérie, pour amorcer le passage vers la démocratie. Il a toujours placé l'intérêt du pays et celui du peuple au-dessus de toute considération et n'a ménagé aucun effort pour la préservation de l'Algérie et l'émancipation de la société : « Là où certains voudraient que l'on participe à leur œuvre de destruction de ce bien, l'Algérie, dont l'Histoire et les générations futures témoigneront combien nous avons œuvré à la préservation. »Ait Ahmed militait pour la construction d'un Etat de droit où les lois sont opposables à tous et respectés par tous, par le recours à l'assemble nationale constituante donnant naissance à la deuxième république. En définitif, l'ouverture du champ politique et médiatique, la séparation des pouvoirs, l'édification d'institutions représentatives, la reconnaissance des pouvoirs et des contres pouvoirs, la transparence des processus électoraux, le pluralisme sous toutes ses formes et l'alternance politique constituent les conditions nécessaires à pouvoir asseoir et promouvoir la démocratie et l'Etat de droit en Algérie.Malgré toutes les menaces, les campagnes de diabolisation et d'assassinat de ses proches collaborateurs, Ait Ahmed a su, tout au long de son parcours, resté digne et fidèle à ses principes primordiaux, à ses valeurs de paix, de démocratie et de liberté : «Rappelons-nous nos «devoirs de vérité et de lucidité» : Mes convictions et ma ferveur sont toujours aussi vivaces qu'aux premières heures de mes soixante-dix ans de militantisme ». Le président duFFS a toujours donné la primauté pour le dialogue, le compromis, la solution concertée, mais il n'a jamais négocié ses principes, il avait des convictions fermes et intransigeantes : « moi j'ai mes convictions, ce qui m'importe ce sont les souffrances du peuple algérien ». Le leader du FFS, avec ses tant d'années de militantisme, continue et continuera à inspirer des milliers d'algériennes et d'algériens. Son idéal demeure vivant et son combat en marche, porté par des militants dévoués et engagés, finira, au-dessus de toutes les difficultés, par vaincre. Moh Yacoub