Dépêché outre-mer en vue de commercialiser un plan de sortie de crise limité très pauvrement à une conférence nationale inclusive en appuie sur une prolongation inconstitutionnelle d'un mandat pour une durée indéterminée, LAMAMRA insiste étrangement lors de ses points de presse sur l'indépendance mais ne souffle mot évidemment sur la souveraineté de la kermesse. Les objectifs de ce qui ne pourrait être qu'une foire d'empoigne, tout comme du reste sa gestion sont, sans autres formes de procès tout aussi inclusifs au pouvoir. La crise politique majeure qui domine dans notre pays est assimilée ou réduite à ‘‘une affaire de famille à régler par le dialogue''. Ce plan, ou cette feuille de route est aussi vendue comme étant l'écoute de Bouteflika aux aspirations des Algériens et donc une réponse du président à une révolte populaire sans précédent qui elle revendique clairement un changement total du système de gouvernance instauré dans notre pays depuis 1962. Rappelons à cet effet que cette conférence inclusive, clef de voute de la feuille de route de Bouteflika, fut revendiquée en son temps par TAJ. En effet, et mis à part les constantes de la nation, cette conférence aurait à traiter de toutes les questions politiques (constitution), économiques et sociales disait Ghoul. Alors encore premier ministre, le secrétaire général du RND expliquait tout autant que cette conférence permettrait ‘‘un amendement radical de la constitution'' et aurait à traiter des questions économiques et notamment de ‘‘la réforme des subventions des prix'' qui doit faire l'objet ‘‘d'un large consensus de la société'' algérienne. Il devient ainsi évident que cette feuille de route, antérieure aux manifestations grandioses du peuple algérien, ne constitue nullement et en aucune manière une réponse du pouvoir aux revendications des Algériens. Un mensonge grotesque, une manœuvre dilatoire en vue de perpétuer, faire encore durer un système politique auquel l'écrasante majorité du peuple algérien demande de dégager. Qualifiées de retournement de veste, les déclarations toutes récentes et officielles du RND et du FLN vont au contraire très exactement dans le sens de cette feuille de route. Leur timing si rapproché prête à penser qu'elles obéissent à un même chef d'orchestre partant qu'elles renchérissent également avec LAMAMRA en revendiquant tout autant le dialogue (conférence inclusive) avant de venir soutenir (hypocritement ?) en bons derniers, le peuple algérien que le monde saluait. Lorsque l'on additionne l'engagement médiatique de BEDOUI, LAMAMRA et BRAHIMI à la tournée européenne du ministre des AE. Lorsque l'on comptabilise les dernières déclarations du FLN, du RND à la lettre du 18 mars du président, l'objectif du Pouvoir de foncer brutalement, sans aucune délicatesse vers sa conférence inclusive ne fait plus de doute et laisse montrer une détermination qui ne semble nullement soupeser l'ampleur de la provocation, ses conséquences néfastes éventuelles et ce faisant l'étendue de ses responsabilités envers une population jeune avide de droit, de justice et de bien-être. Cet entêtement a valeur d'un assassinat. Pour autant, la France officielle évite toute immixtion dans les affaires intérieures de l'Algérie, ne cessent de répéter ses dirigeants. Dans ce contexte, et dans sa réponse à l'historien Benjamin STORA, MACRON disait : « Donc je me suis tenu très à distance à ce sujet. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des échanges en particulier avec ceux qui dirigent l'Algérie pour essayer de comprendre, d'accompagner et de faire passer des messages d'une transition, mais je ne peux pas aller beaucoup plus loin sur ce sujet » ajoutant, « Il faut accepter sur ce sujet, compte tenu de notre histoire commune, d'avoir une forme d'art du contournement, en tout cas de politique indirecte ». Son ministre des affaires étrangères dans son intervention devant l'Assemblée Nationale Française appuyait les propos de son président et confirmait à postériori ce que disait ce chroniqueur sur Europe 1 le 30 octobre 2018 lorsqu'il affirmait que « Tout se passe à un niveau plus souterrain et même secret. Entre la France et l'Algérie, c'est un ballet d'émissaires de diplomates informels ». Ceci étant, il est donc tout à fait naturel et légitime qu'un doute réel sur la paternité pleine et entière de cette feuille de route s'installe dans l'esprit des Algériens. L'Italie, la Russie puis l'Allemagne, LAMAMRA ne s'est point rendu en France avais-je demandé à un observateur de la scène politique algérienne ? ‘‘Qu'avait-il à expliquer à ceux-là même qui probablement avaient suggéré ou tout au moins avait peut être aidé à concevoir cette démarche fallacieuse dénommée feuille de route !'' me répondit-il. Devant cet entêtement aveugle, l'espoir ? A tout problème, quel que soit sa complexité il y a une solution voire plusieurs disait en gros ou en substance le vice-ministre de la défense. Des propos laissant entendre l'existence d'un plan ‘‘B'' ou tout au moins l'existence d'autres solutions possibles à une feuille de route tant décriée et qui semble avancer à la hussarde sans aucune forme de considération envers une population engagée elle dans un véritable combat pour l'indépendance réelle de ses décisions politiques, économiques et sociales, un combat allant dans le prolongement de celui mené par nos 1 500 000 martyrs, un combat pour parachever l'indépendance, un combat pour le droit, l'égalité, l'épanouissement, le développement. Le peuple algérien rejette donc avec force et détermination une feuille de route dont la finalité première ne vise qu'à perpétuer un statuquo que la France veut absolument nous imposer. « Les autorités françaises veulent empêcher la montée en puissance d'éléments plus radicaux qui menacerait la stabilité du régime » disait le 30 octobre dernier ce même chroniqueur français sur Europe1. Remarquons bien la nuance puisqu'il ne s'agit point d'empêcher la déstabilisation de l'Algérie mais de celle du régime. En dernier lieu, rappelons que toute transition politique, si transition politique il y a, et comme son nom l'indique, aura pour objectif de définir et de concevoir l'ensemble des modalités pratiques, d'en suivre leur mise en œuvre et leur instauration pour l'éclosion d'un état de droit dans toute ses dimensions pleines et entières en Algérie. En aucun cas elle ne devrait avoir à traiter d'économie, un domaine de l'apanage du parti majoritaire que le peuple souverain aurait accordé librement le droit de conduire à travers un mandat électif lors d'un scrutin transparent. La politique économique restant le propre d'une démarche exclusive à chacun des partis politiques existant sur la scène nationale (Socialiste, libérale… etc) DJEDDOU Mayara