Abdallah CHEBBAH Juil, 2019. Il me semble que les vendredis se suivent et se ressemblent sans apporter de solutions tangibles au devenir de la situation qui prévaut dans mon pays. Le peuple d'un côté, pacifiquement, revendique un changement radical et de l'autre côté, un général et ses acolytes aux allures de plus en plus tyranniques, s'obstinent dans un raisonnement absurde et sans issue, contre un désir unanime, réfléchi, raisonnable et rationnel d'une population. Il y a une voix et une seule, commune, solidaire et unie portée par 42 millions de personnes, tout âge confondu, qui manifestent quotidiennement son mécontentement envers une poignée de généraux qui pensent faire fléchir tout ce peuple qui veut en finir avec cette situation. Le retour en arrière est impossible devant cette marée humaine que vous voulez sacrifier. Il vous sera impossible, général, même si vous allez à l'ultime. Après tout, ce sont tous des enfants de ce peuple. Vous pensez acculer le peuple à l'essoufflement. Ce peuple est décidé, messieurs, à aller jusqu'au bout, advienne ce qu'il advienne. Cela fait 57 ans qu'il patiente. Le mal est fait. Un rapport de force est en faveur de ce peuple décidé à en découdre, quitte à manifester, à jeûner, à supporter la chaleur, à sacrifier ses vacances d'été. Si le slogan « printemps Arabe« a échoué ailleurs, notre « été Algérien« sera resplendissant. Vous partirez comme tous les dictateurs de ce monde, d'une façon subtile et pour le moins humiliante. Ce peuple a patienté depuis 1962. Il patientera encore jusqu'à ce qu'il ne vous restera plus de subterfuges. Vous pouvez toujours chanter vos berceuses, il dansera tous les vendredis sous : « TROUHOU GÂA« . L'histoire des peuples qui se battent pour leurs libertés et leurs droits est ainsi faite. Les policiers, les soldats et les gendarmes qui vous protègent, comprendront, dans un jour pas très lointain, que la situation ne peut plus durer et qu'elle est en votre défaveur. Ils ne peuvent plus supporter d'être entre l'enclume et le marteau. Les pays étrangers qui vous supportent aussi, pour leurs intérêts qui risquent d'être compromis et perturbés, comprendront qu'ils doivent négocier avec d'autres acteurs autres que vous. Cela va à l'encontre de leurs feuilles de route. Ils vous lâcheront car Ils ne voudront pas d'un endroit stratégique tel que le Maghreb en effervescence. Ils attendent des propositions. La diaspora à l'étranger est en gestation. Je vous le mets sur votre conscience. Vous devez prendre cet élément en compte. La situation est réelle. C'est fini le temps de la crainte du méchant loup. Le peuple Algérien est arrivé à un point de non-retour. Il a supporté toutes les humiliations. Barakat. Il vous suffit de retracer votre parcours de moudjahid pour constater qu'une guerre se gagne parfois avec des moyens diplomatiques et pacifiques et non avec un fusil. La France vous le dira. Aussi longtemps que vous résisterez, aussi haut sera votre chute. Les jeunes ont 20 ans, vous en avez 80. Le combat que vous voulez mener est inégal et est en votre défaveur. Baissez les armes et mettez-vous à table. C'est la seule issue qui vous reste. Pour cela, il vous suffit de faire votre mea-culpa, de faire appel à votre bon sens et à votre intelligence. S'obstiner à imposer la force ne vous mènera nulle part. Les Algériens souhaitent que vous reveniez à de meilleurs sentiments pour satisfaire leurs doléances et leurs légitimités. Les grandes nations se bâtissent sur des valeurs de justice, de droits et de démocratie. Cette dernière est définie comme un droit à la reconnaissance de la différence. Le système de gestion et le régime autoritaire mis en place depuis l'indépendance n'a enfanté que d'une souris. Le pays tout entier est à reconstruire avec de nouvelles têtes, de nouvelles bases et de nouvelles orientations. La réunion que vous envisagez organiser avec certains partis acquis est une farce. Si vos intentions sont honnêtes et saines, la seule alternative qui vous reste et de négocier votre sortie d'une façon sereine et raisonnable avec des personnes intègres et engagées. Vous avez là, général, une panoplie de gens proches et représentatifs de la société, anciens, jeunes, de toutes tendances, de toutes professions, de toute corporation dont les institutions d'un état reposent. Ils mettront devant vous la place de l'histoire, de la justice, de l'armée, de l'économie, de la presse, de l'éducation et du religieux. Ce qui constitue en gros notre société. Par contre, le ramassis d'opposants opportunistes réunis ne représente qu'eux-mêmes et n'ont rien à offrir au peuple, uniquement une reconduction d'un état sclérosé sur la préhistoire. On ne fait pas du neuf avec du vieux, mon général. La société Algérienne a évolué. Allah Yehdik.