Une autre fois, les citoyens et les citoyennes de la wilaya de Boumerdès sont sortis massivement pour apporter leur contribution au combat pour la rupture avec l'ancien système de gouvernance qu'ils accusent de tous les maux et à l'édification de la nouvelle république. A l'instar des populations des autres régions du pays, leurs revendications sont claires et scandées avec beaucoup de conviction et de détermination. Comme pour les marches précédentes, il y avait beaucoup de monde de tout âge. Et il faut démultiplier plusieurs fois le nombre de participants dans la ville du chef-lieu de la wilaya en comptant les participants des communes de Bordj-Menaïel, Dellys, Laâziv, Les Issers, Thénia, Boudouaou,… pour mesurer l'ampleur de la sortie des Boumerdesiens dans la rue, on comptera dès lors par centaines de milliers. Comme les fois passées, il y avait aussi beaucoup de femmes et d'enfants. C'est dire que malgré l'importance vitale pour le pays des revendications déclinées par l'immense foule, la marche du 5 avril 2019 s'est déroulée dans un climat festif. Aucun incident n'est à noter. Ce qui a permis aux observateurs de s'attacher à prendre note des slogans chantés, parfois avec l'humour propre aux Algériens. «Ulach smah ulach !» est répété plusieurs fois «en direction à l'ex-chef de l'Etat qui pathétiquement quémandait le pardon des Algériens et Algériennes alors qu'il les a méprisés durant deux décennies», a précise un marcheur d'un certain âge. «Ni DRS ni Bedoui echaâb houa el assas» (ni DRS ni Bedoui le peuple est la base). est scandé par la foule pour se démarquer de la vaine lutte que se livrent les restes du régime de Bouteflika A. ce propos, un marcheur nous confie. «C'est une révolution qui appartient au peuple. Elle est menée par lui, sans aucune aide. Nous ne laisserons aucun responsable, quelles que soient sa fonction ou sa supposée force de la récupérer.» Le message de ce jeune est clair, il s'adresse au général Gaïd Salah que les marcheurs soupçonnent de velléités de récupération de leur révolution, mais ces mêmes marcheurs qui mettent en garde le chef de l'état-major de l'ANP ne manquent pas de fraterniser avec beaucoup d'affection avec l'institution de l'armée et ses éléments en chantant « Chaâb, djeich khaoua khaoua !». « Goulna trouhou gaâ ! (nous avons dit que vous partirez tous)» Les Boumerdesiens ne veulent ni de Bedoui, ni de Bensalah encore moins de Belaïz – les 3 B — et exigent le jugement de Saïd Bouteflika et ses acolytes pour le détournement des richesses du pays. Cette dernière exigence est une nouveauté. «Djazaïr bladna indirou wach enhabou ! (l'Algérie est notre patrie, nous en ferons ce que nous voulons)» Si le premier bilan est à faire concernant la mobilisation du 5 avril 2019 des citoyens et citoyennes de la wilaya de Boumerdès, on pourrait dire que la mobilisation est, incontestablement, plus forte et plus déterminée. On pourrait également ajouter que la population a, désormais, sa feuille de route en main pour mener une rupture avec l'ancien régime et mettre en place les premières fondations d'une nouvelle république démocratique. Abachi L.