Le feuilleton algérien de l'élection présidentielle se poursuit avec la projection bientôt du troisième épisode. Le casting des acteurs des candidats à l'élection présidentielle a commencé le 22 septembre 2019 et après seulement 03 jours depuis le début, plus de 50 citoyens ont retirés les 50 000 formulaires pour prétendre jouer le rôle du futur président de la République. Le Cinéma invraisemblable auquel nous assistons lors du retrait de ces documents, nous laisse ébahi. Le peuple, est-il si débile que ça pour entendre les âneries de ces pauvres candidats, qui ne sont même pas des lièvres et pourquoi l'état les laisse faire. Tout cela n'est pas innocent. Voir ce cinéma avec la complicité des responsables, pousse de plus en plus de citoyens à s'abstenir de tout acte politique et des jeunes à quitter le pays par tous les moyens au risque de leur vie. Pour moi les débiles ce n'est ni le peuple, ni ces pitres, mais les décideurs qui ne veulent pas comprendre qu'ils sont dépassés et déconnectés de la réalité algérienne. Utiliser des inconnus, sans niveau ni expérience politique et les présenter au peuple comme futurs prétendants à la présidence en les ridiculisant de la sorte et en les montrant transporter les formulaires dans des voitures et des camions, prouve une fois de plus que les décideurs ne veulent pas changer et continuent dans leur aveuglement. Ils ont réussi par cette méthode de ne donner aucune crédibilité aux élections et à la présidentielle particulièrement. Beaucoup de citoyens ne croient pas ce qu'ils sont en train de vivre et de voir, dès l'annonce de l'élection présidentielle imposée du 12 décembre 2019, c'est une véritable insulte à l'intelligence de tous les Algériens. Ce cinéma est le pire scénario auquel les Algériens pouvaient s'attendre. Personne ne pourra croire que ces pitres prétendants à la présidence l'ont fait de leur propre gré, mais cela ne nous surprend pas, car nous l'avons déjà vécu dans les précédents épisodes. Et cela, nous prouve que rien n'a changé et que le pouvoir est resté en place et applique la même politique. Le pouvoir continue sa fuite en avant et risque de conduire le pays dans une impasse qui compliquera encore plus notre sortie de crise, s'il persiste à s'entêter. Faute de candidats crédibles, le pouvoir en place est en train de nous présenter de véritables clowns débiles ou des hommes du pouvoir, n'ayant plus aucune popularité comme futurs candidats à l'élection présidentielle. Sommes-nous tombés si bas pour ne plus tenir compte du peuple dans la rue ? Je ne pense pas, car à l'analyse des deux premiers épisodes des questions sans réponses, commencent à conforter notre inquiétude sur notre révolution spontanée. Beaucoup de variables, nous montrent que ce schéma a été tracé, dès la fin du cinquième mandat, mais avec une seule ne nuance pas de solution transitoire. Allons-nous vers une nouvelle république ? Ou tout simplement, on a participé à aider un clan du pouvoir à chasser un autre, car ni la méthode, ni les têtes n'ont changé. L'histoire nous donnera la réponse car nous ne pouvons rien avancer car pour le moment nous ne détenons aucun tenant. Pour le moment, résumons d'abord les deux premiers épisodes, que le peuple a rejetés et réfléchissons surtout sur le premier épisode, qui aujourd'hui semble le plus adapter pour sortir de la crise en faisant de simples retouches. Chacun de nous aujourd'hui est conscient que si on prend comme base, les propositions du 11 mars 2019 et en engageant de vraies négociations, le chemin aurait été très court pour aller à l'élection présidentielle et qu'aujourd'hui nous serions prêt à élire notre président. Allons aux épisodes du feuilleton : « Election présidentielle en Algérie ». . Episode 1 : 18 avril 2019 ou cinquième mandat. À l'annonce du cinquième mandat, tout le peuple algérien est sorti pacifiquement dans la rue pour dire non à cette mascarade. C'était le début de la révolution pacifique, le 22 février 2019. Après le troisième vendredi du 08 mars 2019 où plus de 25 millions d'Algériens manifestèrent, Bouteflika, renonce à l'élection et adresse le lundi 11 mars 2019 un message au peuple algérien. En voici les principales annonces : – le président Bouteflika ne briguera pas de cinquième mandat. – les élections présidentielles prévues le 18 avril sont reportées – “des changements importants au sein du gouvernement” (non précisés) sont annoncés. – une période de transition s'ouvre, au cours de laquelle une “Conférence nationale inclusive et indépendante”, censée représenter toutes les sensibilités de la société algérienne, sera chargée d'élaborer une nouvelle Constitution, en principe avant la fin de 2019. – cette nouvelle Constitution sera soumise à un référendum. – une élection présidentielle aura lieu dans le prolongement de la Conférence nationale inclusive, à une date non déterminée. Ces décisions sont fortes, mais le peuple refuse cette solution, car il n'a pas confiance, en la mafia qui continuera à gouverner et qui se chargera de faire cette transition. Il voit là, un nouveau scénario, organisé par le gouvernement en place et le pouvoir mafieux, pour calmer le mouvement populaire du 22 février 2019. Aujourd'hui, les choses sont claires, ce n'est pas uniquement le peuple qui a refusé cette solution de sortie de crise, mais aussi une partie qui a vu ses intérêts et son avenir en danger et c'est ainsi que le mouvement populaire a continué jusqu'à ce jour sans jamais revoir la première feuille de route proposée. Les élections, prévues initialement le 18 avril, sont reportées pour le 04 juillet 2019. Le peuple, a-t-il eue raison ou non, on ne le saura jamais. Mais une chose est sure, les propositions faites à ce moment étaient les solutions pour basculer vers la nouvelle république. Le seul hic dans cette feuille de route pour moi, fut qui veillera à garantir cette transition, car un pouvoir maffieux qui a conduit le pays au bord de la faillite, ne peut que faire échouer toute solution, qui pourrait les condamner. Aujourd'hui on est très loin de ces propositions. Avons-nous été égoïstes ? Là aussi nous ne pouvons pas donner de réponses. Episode 2 : 04 juillet 2019. L'annonce de la date du 04 juillet 2019, fut une véritable déclaration de guerre au peuple, non pas à cause de l'élection que personne ne refuse, mais car une grande partie des figures de l'ancien système était toujours au pouvoir, et s'apprêtait à de nouveau organiser l'élection avec la même administration avec les mêmes méthodes que tout le monde connait, lesquels ont conduit le peuple à ne plus faire confiance. L'annonce de la date du 04 juillet 2019, nous a fait oublier les propositions de sortie de crise à cause de certains groupuscules qui se sont former partout pour discuter d'autres solutions autre que la feuille de route proposée. Ce qui a fait le bonheur du pouvoir en place qui arriva même à placer ses hommes dans ces groupuscules. Et plus le temps passé, plus l'ancien système, se régénérer. Depuis l'indépendance, nous avons assisté à des mascarades de tous genres, des promesses sans lendemain et une démocratie qui a été avortée à maintes reprises justement grâce à l'appui des mêmes stratagèmes. Les Algériens qui battent le pavé depuis le 22 février pour un changement radical du système politique en place exigent, avant d'aller vers une élection présidentielle, le départ, sans aucune exception, des personnages-clés de Bouteflika et réclament des institutions légitimes pour construire une Algérie nouvelle et le changement des règles de jeu. La barre est placée haut, et seule une négociation sérieuse, peut nous mener vers une élection présidentielle libre et démocratique avec un taux de participation de plus de 70 %. Apparemment, le pouvoir continue à rester autiste alors que la solution existe et que seule une feuille de route, sortie des négociations avec les vrais représentants du peuple, peut nous faire sortir de la crise et conduire le pays à de meilleurs jours. L'entêtement du pouvoir dans cette logique et de revoir sa copie, a fait échouer l'élection du 04 juillet 2019. La question majeure posée, est : pourquoi le pouvoir est sortie de sa feuille de route qui est aujourd'hui opposée à celle du 11 mars 2019 car l'annonce brutale de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, annule toutes les propositions précédentes en faveur du peuple. Episode 3 : 12 décembre 2019 L'annonce de la date de l'élection présidentielle, le 12 décembre 2019 a entraîné de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Loin de calmer les esprits, elle a été vécue comme une provocation, renforçant les appels à se mobiliser pour le 31e vendredi et mardi consécutif. Mais pour les constitutionnalistes, le report d'une élection présidentielle pour la troisième fois en l'espace de 10 mois sera compliqué et c'est ce qui gêne le pouvoir qui s'est précipité à les tenir quel que soit le taux de participation, sans avoir pu gagner la confiance de la totalité du peuple Algérien. Cette confiance ne peut être atteinte, car tous les symboles de l'ancien système, sont de nouveau de retour sur la scène politique et compte sur cette élection pour garantir leur sécurité ainsi que leurs présents et futurs avoirs grâce au nouvel élu. L'ancien système est enraciné dans la société, toutes les prisons du monde ne peuvent le contenir et il renaîtra chaque fois de ses cendres, car on ne peut pas effacer d'un coup de baguette les 57 ans vécus par le peuple Algérien depuis la première indépendance. Pourrons-nous accéder à notre seconde indépendance ? Tout cela dépendra du peuple et des défenseurs de l'ancien système qui ne veulent pas lâcher prise. Pour certains, il est possible de sortir du cadre légal parce qu'une bonne partie du peuple veut une période de transition qui se chargera de changer les lois sur-mesure, prescrites par l'ancien système, avant d'aller vers l'élection. Cette façon de voir est contenu dans les propositions du 11 mars 2019. Aujourd'hui, pendant que les citoyens manifestent (« vendredisent » et « mardisent ») deux fois par semaine depuis le 22 février 2019 et que le pouvoir autiste tente pour la troisième fois d'organiser l'élection présidentielle en Algérie, un véritable bal de citoyens, aussi médiocre les uns que les autres se sont porté candidat. Notre pays continue à être la risée du monde devant cet engouement. Notre pays, terre d'un million et demi de martyrs, l'Algérie ne mérite pas cela. Il est inquiétant de ne pas voir, pour l'heure, de dialogue ou négociations ou de propositions sérieuses, impliquant toutes les composantes de la société algérienne. Il nous faut une visibilité, car il n'est pas dans l'intérêt de l'Algérie que cette situation s'éternise. Nous ne devons pas nous entêter qui sera gagnant, le bras de fer ne sert personne, car seule l'Algérie nous préoccupe. Le peuple algérien qui a ébahi le monde par sa maturité et le caractère pacifique de ses manifestations, ne mérite pas de voir sa révolution échouer. Ma recommandation, pour résoudre la crise politique actuelle, il faut résoudre la crise de confiance. Il faut prendre le temps, sans s'éterniser pour autant, afin de trouver des solutions pérennes, pour aller à des élections crédibles et transparentes. Arrêter de vous mentir, toutes les solutions auxquelles le peuple n'adhère pas sont voués à l'échec. Les Pinocchio auxquels le pouvoir fait appel à chaque élection, ne font que compliquer la situation et portent un coup fatal à toute élection. L'Algérien, lambda, est vacciné depuis longtemps contre toutes ces méthodes qui l'ont poussé à boycotter les anciennes élections mais, aujourd'hui il est décidé à se battre jusqu'à la fin pour défendre ses droits et veut que pour la première fois élire son président, mais suivant ses conditions et dans la transparence. Un conflit de génération politique est en train de voir le jour en Algérie, car même la constitution actuelle refuse à un Algérien de moins de 40 ans d'être candidat (alors que leur nombre représente plus de 60 % de la population). L'élection imposée du 12 décembre est une vraie aventure et risque d'être un grand fiasco, qui divisera encore plus les citoyens et fera basculer le pays dans l'impasse, car après 8 mois de protestations et arriver à un faible taux de participation, sera une grande catastrophe sur tous les plans pour le pays. Le pouvoir est en train d'hypothéquer l'avenir des Algériens en imposant cette élection. Les élections ne se font pas sans le peuple. Si le peuple n'adhère pas à ces élections, l'Algérie perdra sa crédibilité internationale et nationale. Son unité dépendra aussi de la réussite de l'élection présidentielle alors avant d'y aller étudions tous les garants de sa réussite. Des négociations avec le peuple s'imposent, sinon c'est une aventure et personne n'a le droit de jouer avec l'avenir d'un pays. Qu'il soit dans le pouvoir ou dans l'opposition, l'Algérie est un trait rouge à ne pas atteindre. Le rêve de devenir président est permis, mais oser se présenter sans programme, ni personnalité militante ni bagage politique et inconnu sur la scène nationale n'est pas un signe de démocratie pour le pays, mais plutôt d'insulte à celle-ci. On ne peut pas du jour au lendemain devenir président de la République. Il faut réunir quelques conditions indispensables dans le but de devenir le futur président de la République et de disposer d'un solide bagage intellectuel et d'un diplôme afin de se présenter aux élections présidentielles. Plusieurs études permettent d'accéder à la fonction suprême de chef de l'Etat. Mais la réalité est autre dans notre pays. C'est un vrai spectacle de cirque avec une scène de clown auquel ont eu droit les Algériens. Dès l'annonce, le 22 septembre 2019, c'est une ruée de prétendants de tout profil. Chômeur, fonctionnaire, cadre, commerçant, ingénieur, président de partis sans adhérents, entrepreneurs…, soit au total, plus de 50 prétendants à la candidature de président de la République, seulement trois jours après se sont déclarés. Cet engouement de n'importe qui vers la présidence est un autre moyen de pousser les quelques nationalistes qui restent dans le pays, à le quitter, car le changement n'aura pas lieu. Tous les optimistes de l'élection de 2019 pour une Algérie nouvelle, ouverte, riche, démocratique, contre le régionalisme, de rupture avec les méthodes du passé sans l'oublier, forte économiquement et politiquement commence à en douter fortement. L'Etat de droit n'est pas pour demain. Une question reste posée, qui est derrière ce scénario ridicule et pourquoi ? Par respect au peuple, les chaînes de télévision pourraient se passer de présenter ces pitres, futurs au moins jusqu'au jour où ils auront réuni les 50 000 signatures. On n'a pas le droit d'insulter un processus électoral, même lorsqu'on est contre. L'élection présidentielle est le processus suprême qui doit être respecté par la crédibilité et la notoriété des futurs représentants du peuple. 99 % des postulants ne peuvent réunir 1 000 signatures, alors pourquoi accepter ce scénario ridicule et de qui se moque-t-on. Ce n'est pas en distribuant à tout le monde des formulaires qu'on peut convaincre la population de la transparence de l'élection, le peuple n'est pas dupe. « Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps. »Abraham Lincoln HAKEM BACHIR