Ces dernières semaines, l'accompagnement du peuple par le haut commandement militaire prend tout son sens. Il s'agit en effet d'accompagner de paisibles citoyens, dont le seul tort est d'aimer l'Algérie, à la prison. Ainsi, le passage à la violence physique a été seulement retardé de quelques mois, le temps que le clan vainqueur s'installe convenablement dans le fauteuil de la honte. Comme d'habitude, c'est le peuple algérien qui paie les pots cassés à chaque crise du régime. Comment peuvent-ils justifier cette stratégie répressive ? Depuis le début du hirak populaire, le peuple algérien se distingue par son pacifisme et son caractère civilisé. D'ailleurs, à l'exception des dirigeants algériens, le monde entier s'incline. Dans certains cas, il est même pris comme modèle. En France, par exemple, il est reproché aux gilets jaunes leur dérive à chaque manifestation. Malgré leur incohérence, ils ont obtenu des concessions colossales de la part du pouvoir exécutif. En Algérie, au lieu de répondre aux revendications fondamentales du peuple algérien, le pouvoir qui règne sans partage, depuis 1962, ne se soucie que de ses propres intérêts et de ceux de sa clientèle. Pour y parvenir, il s'attèle à casser la dynamique citoyenne enclenchée le 22 février 2019. Et pourtant, ce que réclame le peuple algérien est ce qui se pratique dans tous les pays démocratiques. En termes clairs, c'est au peuple de définir son régime politique et de désigner en toute transparence ses représentants. Or, depuis 1962, ce rôle échoit à des fonctionnaires. Regroupés au sein du haut commandement militaire, ils définissent unilatéralement les choix fondamentaux du pays. Bien qu'ils organisent des élections –même sous Boumediene, il y avait également des élections –, ces consultations ne visent pas à donner la parole au peuple, mais elles consistent à donner une apparence démocratique à un régime autoritaire. Sinon comment expliquer que face à la crise politique, le chef des armées ne voit que l'élection du président de la République comme moyen de régler le conflit ? La raison est toute simple. Une élection organisée par le même système à un double avantage : assurer la pérennité du système et continuer à leurrer l'opinion internationale. En comprenant que le peuple algérien est déterminé à reprendre le droit qui lui a été volé en 1962, le régime passe à la vitesse supérieure. À vrai dire, ce choix de la répression n'étonne que les naïfs. La violence est avant tout dans l'ADN même du régime. Inauguré par Boumediene en 1962, le régime y a recouru sans vergogne pour assurer son maintien. Quant à l'opinion internationale, notamment les grandes puissances, il suffit de leur accorder quelques concessions pétrolières pour qu'elles renient tout ce qui a fondé leurs nations. Pour étayer cette thèse, il suffit d'examiner le projet de loi sur les hydrocarbures que propose le pouvoir effectif. Pour toutes ces raisons, le hirak ne doit compter que sur sa détermination. Pourvu que des énergumènes n'influencent pas les cortèges, la silmya du mouvement est plus forte que la répression du régime. Car, jusque-là, si le sang des Algériens n'a pas coulé, c'est parce que le régime n'a pas trouvé de faille. Cela dit, chaque noble cause a un prix. Plusieurs de nos compatriotes payent le prix en croupissant dans les geôles du régime. Pour que leurs sacrifices ne soient pas vains, le hirak ne devrait pas lâcher jusqu'à la libération du pays des mains de ces fonctionnaires sans scrupules.