Blog Politique / 3 Janvier, 2020 https://www.radiom.info/ Nadjib Belhimer Des étudiants devant le palais du gouvernement: le gap entre un système impotent et une Algérie tendue vers l'avenir (DR) Les postes ministériels sont politiques avant tout. Un ministre ne vient pas pour faire étalage de compétences théoriques mais pour mettre en oeuvre des politiques à l'élaboration desquelles il a participé; ou pour appliquer des politiques qui emportent sa conviction même s'il n'est pas de ceux qui les ont conçues. La notion de technocrate est avancée pour désigner un gouvernement non partisan, le principe étant que les gouvernements sont formés à travers des élections qui dégagent une majorité parlementaire – c'est une voie obligée dans les régimes parlementaires.; ou qui tient compte des résultats des élections législatives dans les régimes présidentiels ou semi-présidentiels selon ce que prévoit la Constitution où les usages politiques existants En Algérie, une exigence de mise en place d'un gouvernement de gestion des affaires courantes parmi les conditions d'une transition démocratique a été formulée. Elle a été rejetée par le pouvoir qui a imposé une feuille de route par la force aboutissant à l'installation de Abdelmadjid Tebboune, comme président. Ce jeudi 2 janvier, la composition du gouvernement a été annoncée, on y trouve certaines personnalités connues pour leurs compétences dans leur domaine de spécialité. Il est attendu de ces compétences qu'elles donnent une belle image de la façade du système de pouvoir. Mais des questions se posent sur la capacité de ces compétences à réaliser le changement: comment concilier par exemple entre un ministre des finances en fonction durant l'ère Bouteflika et qui a défendu l'option de la création monétaire avec celui qui est présenté comme un expert financier et qui a critiqué ce choix? La réponse ici est que le ministre exécute des choix même s'il n'en est pas convaincu et que de ce fait il agit en tant que Haut fonctionnaire et accepte de mettre en oeuvre des décisions qui concernent son secteur. Ce qui doit être clair est que l'acceptation d'un poste de ministre dans le gouvernement actuel signifie tout simplement soutenir le plan du pouvoir qui a mené les élections de la manière que nous savons et qui persiste à imposer le fait accompli. C'est un choix politique avant tout, que le ministre soit un spécialiste de l'atome ou un simple usurpateur de qualité, ce qui les unit en définitive est qu'ils participent au ravalement de la façade du régime et à la normalisation du fait accompli imposé par la force. Le grand gap Il n'y aucun plan politique clair pour réaliser le changement exigée par les Algériens depuis le 22 février et pour lequel ils sont déterminés à poursuivre leur révolution pacifique. Le premier objectif du pouvoir est de mettre fin rapidement aux manifestations. La concomitance de l'annonce de la composition du gouvernement avec l'élargissement de dizaines de détenus d'opinion est un indice d'un désir de créer le sentiment que l'on entre dans une ère nouvelle. Cependant, le maintien de ministres de Bouteflika et le fait que le ministre de la justice reste en poste donnent des signaux dans un sens totalement opposé. La conclusion est qu'il est impossible de réaliser le changement s'il n'y a pas un changement réel de régime permettant de sortir des règles de la cooptation. Entre les portes des prisons où l'on a assisté à l'engagement réitéré de la poursuite de la révolution pacifique et les listes des bénéficiaires des récompenses du pouvoir, apparaît le grand gap entre un système de pouvoir impotent et une Algérie en plein élan orientée totalement vers l'avenir. Traduit par la rédaction – Article original